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Energie - Le Conseil d'Etat renvoie sa décision sur les tarifs d'achat de l'électricité éolienne

Le Conseil d'Etat, saisi par le collectif Vent de colère d'une demande d'annulation du texte fixant les conditions d'achat de l'électricité d'origine éolienne, notamment par EDF, a décidé ce 15 mai  de renvoyer sa décision dans l'attente d'éclaircissements de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE). La haute juridiction administrative demande à la CJUE si le système d'achat actuel doit être considéré comme une aide d'Etat qui, dans ce cas, aurait dû être notifiée à la Commission européenne. La réponse n'est pas attendue avant plusieurs mois.

Lors de l'audience, le 12 mars, le rapporteur public, dont les avis sont généralement suivis, avait demandé, pour une question de forme, l'annulation du texte encadrant le système d'achat de l'électricité éolienne qui permet aujourd'hui aux producteurs d'électricité éolienne de vendre à EDF ou à d'autres opérateurs, à un tarif fixé par arrêté et supérieur au prix du marché, le courant produit par leurs installations.
"On est soulagés que l'arrêté ne soit pas annulé", a réagi Damien Mathon, délégué général du Syndicat des énergies renouvelables (SER). "On est assez confiants dans la décision de la Cour de justice européenne, et sur le fait que ce mécanisme est légitime et légal au regard du droit européen", a-t-il ajouté. Fin mars, ce syndicat s'était dit très inquiet des conséquences pour la filière d'une annulation de ce cadre tarifaire, mis en place en 2008 après qu'un précédent arrêté, datant de 2006, avait déjà été annulé par le Conseil d'Etat à la demande du même collectif anti-éolien.
Une telle annulation constituerait un "coup de frein fatal" pour la filière éolienne en France et menacerait 9.000 de ses 10.000 emplois directs et indirects, s'était alarmé le président du SER, Jean-Louis Bal. Avec un peu plus de 6.500 mégawatts (MW) de capacité éolienne installée, uniquement sur terre pour le moment, la France est en retard sur ses objectifs du Grenelle de l'environnement : 19.000 MW sur terre et 6.000 MW off-shore d'ici à 2020.
"Cela fait déjà trois ans qu'on a déposé un recours, et cela va prendre encore un an avant que la Cour de justice européenne se prononce", a regretté pour sa part Alain Bruguier, président de Vent de Colère, qui revendique l'affiliation de quelque 900 associations. "On reste déterminés à obtenir l'abrogation de l'obligation d'achat, et de façon plus générale à stopper le programme éolien en France", a-t-il ajouté.
Le but du recours déposé par les anti-éoliens "n'est pas que juridique", a pour sa part estimé l'avocat Arnaud Gossement, spécialisé dans l'environnement. "Ce type d'affaires porte atteinte à l'image de l'éolien, car on n'est plus en train de parler du rôle de l'éolien contre le changement climatique mais de l'associer à des concepts financiers, techniques", a-t-il regretté.

 

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