Le Conseil d'orientation des politiques de jeunesse veut élargir la gouvernance des cités éducatives
La commission de l'éducation populaire du Conseil d'orientation des politiques de jeunesse publie un avis dans lequel elle demande de revoir le pilotage et la gouvernance des cités éducatives. Elle souhaite notamment un meilleur positionnement des conseils départementaux et régionaux.

© @Ville_Pau
Revoir la gouvernance et le pilotage des cités éducatives en donnant une meilleurs place aux conseils départementaux régionaux, c'est l'une des principales préconisations de la commission de l'éducation populaire du Conseil d'orientation des politiques de jeunesse (COJ) issues d'un avis publié le 10 janvier.
À travers cet avis intitulé "La continuité éducative au sein des cités éducatives", la commission a cherché à mieux cerner la capacité des cités éducatives à participer à la construction d'une continuité éducative durable sur un territoire. Car si l'objet des cités éducatives est d'améliorer la prise en charge sociale et éducative des 0-25 ans en coordonnant les acteurs éducatifs des quartiers prioritaires de la ville (QPV), force est de constater que cette "alliance éducative" qui, "d'une manière générale [...] produit des effets positifs", entraîne encore "des interrogations des acteurs".
Réussite scolaire ou réussite éducative ?
En s'appuyant sur la dernière évaluation de l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep, lire notre article du 4 avril 2024), la commission fait ressortir plusieurs biais dans l'organisation actuelle des cités éducatives.
Elle pointe une continuité éducative "partielle et centrée principalement sur un public scolaire". Le public des jeunes "Neet" (ni en étude, ni en emploi, ni en formation) reste souvent peu pris en compte et les lycées, comme les acteurs de l'insertion, sont encore peu associés aux cités éducatives. Elle constate "une difficulté à penser la réussite éducative sans prendre en considération les référentiels scolaires". Et ce alors qu'il existe un débat entre "les tenants de l'éducation formelle, qui se focalisent sur la réussite scolaire, et les tenants de l'éducation non formelle qui vont promouvoir un référentiel plus large de réussite éducative". Elle note que "les effets des actions engagées dans le cadre des cités éducatives restent plutôt mesurés car elles restent insuffisantes pour changer durablement les postures et pratiques professionnelles".
Associer parents et enfants au pilotage
De ces constats, la commission de l'éducation populaire du COJ tire quinze préconisations. Certaines portent sur les moyens : augmenter les budgets alloués par les cofinanceurs, et notamment l'État, ou embaucher des salariés dédiés spécifiquement à l'animation opérationnelle. Beaucoup ont trait à la gouvernance et au pilotage des actions.
Alors que le pilotage des plans d'actions est en principe "ouvert à l'ensemble des acteurs", la commission pointe en creux un manque d'ouverture quand elle demande, pêle-mêle, de "permettre une meilleure mobilisation des personnels de tous les acteurs et de leur expertise", de "s'appuyer sur les parents et leurs représentants", de "mieux associer les enfants et les jeunes au pilotage des actions de la cité éducative", et plus généralement d'"intégrer de nouveaux acteurs au sein de l'instance de pilotage", en particulier les associations d'éducation populaire.
Conseils départementaux et régionaux absents
Au sommet de chaque cité éducative, la commission souhaite "donner de la souplesse dans la composition et l'organisation de l'instance de gouvernance". Actuellement, la cité éducative s'articule autour d'une gouvernance minimale à trois : le principal du collège, le maire et le préfet. La commission préconise de "réfléchir, à partir des expériences de terrain, à un meilleur positionnement du conseil départemental et du conseil régional au sein de l'instance de gouvernance". Cette demande rejoint celle de l'Injep qui, en 2024, estimait que "des acteurs institutionnels centraux ne sont pas toujours présents dans les instances de pilotage où leur implication a pu rester secondaire". Dans son évaluation on pouvait lire : "Concernant les thématiques 'orientation-insertion-prévention du décrochage scolaire', dans les cinq cités éducatives étudiées, aucun représentant des conseils régionaux, disposant pourtant de compétences sur le champ de l'orientation".
Déployées depuis 2019, les cités éducatives sont actuellement au nombre de 210 ; elles représentent 500 QPV. D'ici à 2027, elles devraient être généralisées aux 1.362 QPV existants.