Le conseil régional d'Alsace mise sur l'énergie bois

Depuis le début des années 2000, le conseil régional d'Alsace développe une politique volontariste en faveur de l'énergie bois qui se traduit par une série d'actions en direction des particuliers et des collectivités. A la fin 2005, 132 collectivités et 520 particuliers étaient équipés de chaudières à bois à alimentation automatique.

L'Alsace étant l'une des premières régions forestières de France (308.000 hectares de forêts soit 40% de la superficie de la région), cette politique en faveur de l'énergie bois permet de valoriser les sous-produits ou les déchets de la filière bois et d'entretenir les sous-bois. Elle a en outre pour objectifs de stimuler le marché de l'emploi, de diversifier les sources d'approvisionnement des combustibles, de réduire la facture énergétique et de lutter contre l'effet de serre.
Pour les particuliers, le conseil régional a d'abord instauré, de 2001 à 2004, une prime de 2.300 euros pour l'installation de chaudières à bois qui s'ajoutait alors à un crédit d'impôt de 15% sur le matériel (dépenses de matériel plafonnées à 8.000 euros pour une personne seule et 16.000 euros pour un couple). Cette aide pouvait être doublée dans les fonds de vallée et les espaces du massif vosgien classés Objectif 2 selon la classification des fonds structurels européens. Au 1er janvier 2005, le crédit d'impôt étant porté à 40%, la prime a été suspendue. Mais compte tenu de l'augmentation des prix du fioul et du gaz en septembre 2005, une nouvelle aide est proposée aux 300 premiers ménages remplaçant leur chaudière au gaz ou au fioul par une chaudière à bois à alimentation automatique. Cette prime, de 750 à 1.500 euros, est calculée selon les revenus et selon l'énergie substituée. En février 2006, près de 200 demandes étaient déjà enregistrées. Le crédit d'impôt proposé par l'Etat a en outre été porté à 50% au 1er janvier 2006.

"L'énergie bois n'entraîne pas une déforestation?"

Parallèlement aux aides directes aux particuliers, un travail d'information et de formation est fait en direction des installateurs. Dans le cadre du club "bois-énergie Alsace", forum qui réunit les acteurs de la filière, s'échafaude une charte qui impliquerait le fabricant et l'installateur vis-à-vis du client et prévoirait les conditions d'un service après-vente pour lequel les installateurs pourraient être financièrement aidés.
Le volet "particuliers" comprend enfin une série d'actions d'information et de sensibilisation : diffusion de plaquettes dans les mairies, mise en place d'un numéro vert (0 800 606 044), présence en stand sur les salons habitat et immobilier et organisation de journées portes ouvertes. "En matière d'information, notre objectif est notamment de répondre aux craintes les plus fréquentes par rapport à l'utilisation du bois, explique Bruno Flochon, chef de projet Communication énergies renouvelables au conseil régional. Nous expliquons que cette énergie n'entraîne pas une déforestation puisqu'elle utilise des sous-produits et concourt au contraire à l'entretien de la forêt. Par rapport aux risques de pollution, nous soulignons que, grâce aux filtres et au bon rendement des chaudières modernes, la combustion du bois n'engendre plus de fumées noires. Par ailleurs, le dégagement en CO2 lors de cette combustion est le même que si le bois était laissé à la décomposition sur le terrain. Enfin, les questions sur l'aspect pratique de ce mode de chauffage sont résolues grâce au matériel actuel à alimentation automatique."

Les collectivités amortissent rapidement les chaudières à bois

Concernant les collectivités, l'effort le plus important porte sur la sensibilisation des élus. Dans le cadre du programme "Energivie"
mis en place à la fin 2003 et consacré à la communication et à l'accompagnement de projets, cinq "accompagnateurs" ont été recrutés pour démarcher les élus mais aussi les bureaux d'études, les architectes, les professionnels de l'agriculture et du tourisme. 5,5 millions d'euros ont été consacrés, sur deux ans,  à ce programme, financé à 50% par des fonds européens et 50% par le conseil régional d'Alsace,  l'Ademe et d'autres fonds publics et privés. Par ailleurs, pour les deux années 2003-2004, le conseil régional et l'Ademe ont subventionné chacun à hauteur de 30% l'installation des chaudières bois par les collectivités. L'Ademe ayant diminué sa participation à 10% en 2005, le conseil régional d'Alsace a porté la sienne à 50% jusqu'à la fin 2006 et assurera avec l'Ademe une prise en charge minimale de 30% du coût de l'installation des chaudières jusqu'à la fin 2009. "Pour les collectivités, le seul obstacle à l'équipement en chaudières à bois est le surcoût de l'installation car ensuite le matériel est amorti rapidement, parfois en seulement quatre ou cinq ans."

Une action conjointe en direction des particuliers, des collectivités et de toute la filière

Enfin, le troisième pilier de cette politique pour le développement de l'énergie-bois concerne la filière avec une aide aux opérateurs forestiers : le Conseil régional a participé au financement de broyeurs, à la construction de hangars de stockage collectifs et a subventionné une première unité de granulation (compressage des sciures de menuiserie) sur la commune de Bennwihr. "C'est une particularité de notre politique d'agir de manière concertée en direction des particuliers, des collectivités et de la filière, précise Bruno Flochon, afin que l'énergie bois se développe palier par palier sur ces trois niveaux. Des facteurs conjoncturels ont pu parfois provoquer une tension ponctuelle dans l'approvisionnement, mais cela ne remet pas en cause cette orientation ." 
Sur les deux années 2004 et 2005, le conseil régional et l'Ademe ont versé 3.704.000 euros de subventions pour l'énergie bois (2.462.000 euros pour le seul conseil régional). Le président du conseil régional, Adrien Zeller, a fait de cette politique son cheval de bataille et n'hésite pas à dire aux collectivités qui ne s'équipent pas ainsi, qu'elles commettent une" faute de gestion".

Région Alsace

1, place du Wacken - BP 91006
67070 Strasbourg cedex

Bruno Flochon

Chef de projet Communication énergies renouvelables

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