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Le gouvernement lance le plan national en faveur des insectes pollinisateurs

Les ministères de l'Agriculture et de la Transition écologique ont lancé ce 21 novembre le plan national "en faveur des insectes pollinisateurs et la pollinisation" couvrant la période 2021-2026. Mais l'arrêté publié le même jour, qui encadre l'utilisation de produits phytopharmaceutiques pour renforcer la protection des abeilles, est déjà critiqué par les apiculteurs.

Après avoir fait l'objet d'une consultation publique l'été dernier, le plan national "en faveur des insectes pollinisateurs et la pollinisation" couvrant la période 2021-2026 a été lancé ce 21 novembre par les ministères de la Transition écologique et de l'Agriculture. Ce plan destiné à enrayer le déclin de ces insectes essentiels à l'agriculture avait été promis par le gouvernement après qu'il a annoncé, en août 2020, la réintroduction temporaire, pour la culture de la betterave, des insecticides néonicotinoïdes, particulièrement nocifs pour les abeilles. Malgré une forte hausse du nombre de ruches, au nombre de 1,7 million déclarées sur le territoire en 2020 (contre un million en 2010), ces populations d'insectes ont en effet connu un véritable effondrement préjudiciable à un grand nombre de cultures.

Six axes

Le plan, qui vise une déclinaison régionale pour favoriser l'implication des collectivités territoriales et des autres acteurs concernés sur le terrain, comprend six "axes" : l'amélioration des connaissances scientifiques ; des "leviers économiques et d'accompagnement" des agriculteurs, des apiculteurs et des forestiers ; un accompagnement des autres secteurs d'activités (aménagements urbains, infrastructures linéaires, sites industriels, sites à grande emprise foncière, aires protégées) ; la préservation du bon état de santé des abeilles ; la réglementation pour la protection des pollinisateurs lors de l'application des produits phytopharmaceutiques et enfin le partage des pratiques agricoles favorables aux pollinisateurs.

"8 actions phares"

Le plan prévoit notamment "8 actions phares". Il compte d'abord établir des listes rouges d'insectes pollinisateurs sauvages pour protéger les espèces particulièrement menacées. Il entend aussi mieux connaître les comportements et ressources alimentaires des pollinisateurs pour déterminer l'influence des pratiques agricoles et apicoles ainsi que l'impact du changement climatique sur ces ressources, et analyser et caractériser les facteurs de stress des pollinisateurs pour proposer des stratégies d'adaptation.
Le plan compte aussi mobiliser une large diversité d'acteurs publics et privés pour favoriser les pratiques favorables aux pollinisateurs dans de nombreux secteurs d'activité (agriculture, forêt, aménagement urbain, industries, infrastructures de transport, etc.), ainsi que dans les espaces naturels protégés. Un partenariat avec le conseil national des villes et villages fleuris est également prévu "afin de renforcer la prise en compte des insectes pollinisateurs et de la pollinisation par les collectivités".
La préservation du bon état de santé des abeilles, le soutien à la filière apicole, ainsi que le renforcement de la protection des pollinisateurs lors de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques sont également au cœur du plan qui s'accompagne de la publication ce 21 novembre au Journal officiel d'un arrêté du ministère de l'Agriculture sur les conditions d'utilisation de ces produits en période de floraison.
Si le produit est autorisé par l'Anses (l'Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire) pour un usage en période de floraison, "le traitement doit, sauf cas particulier, être réalisé dans les deux heures qui précèdent le coucher de soleil et dans les trois heures qui suivent le coucher de soleil", selon le texte, dont l'entrée en vigueur est fixée au 1er janvier 2022. Celui-ci précise que la période de floraison désigne la période allant de l'ouverture des premières fleurs à la chute des pétales des dernières fleurs.

Utilisation encadrée de produits phytosanitaires : divergences entre apiculteurs et agriculteurs

Mais l'arrêté ne satisfait pas les apiculteurs, qui dénoncent la possibilité de traiter les cultures à des moments où les abeilles butinent. "Deux heures avant le coucher du soleil, sans autre critère, pour nous ce n'est pas acceptable", a déclaré à l'AFP Eric Lelong, président de l'Interprofession des apiculteurs (Interapi). L'organisation voulait que soit également pris en compte le critère de la température. Ainsi, en juillet, deux heures avant le coucher de soleil, "il fait 25 degrés" et "les abeilles sont encore en train de butiner".
A l'inverse, la plus grande organisation d'exploitants agricoles française, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, saluent, au nom de la lutte contre le travail de nuit des agriculteurs, "l'ouverture permettant de déroger à l'obligation de traiter les cultures attractives seulement après le coucher du soleil, avec l'ajout d'une plage de deux heures avant le coucher du soleil". Selon l'arrêté, cette plage horaire d'application des produits phytosanitaires (qui appartiennent à la famille des pesticides) peut être modifiée en cas d'activité "exclusivement diurne" des "bio-agresseurs" (organismes vivants qui s'en prennent aux cultures), pour assurer "une protection efficace de la culture traitée". Autre exception : si une maladie impose une utilisation urgente d'un "traitement fongicide", dans un délai "incompatible avec la période prévue" dans l'arrêté.
La FNSEA et les Jeunes agriculteurs dénoncent néanmoins une "surtransposition des règles communautaires" qui "met les agriculteurs français en situation de distorsion de concurrence pour la protection de leurs cultures", ainsi que "l'insuffisance des moyens financiers pour mettre en oeuvre les objectifs ambitieux du plan Pollinisateurs".
 

 

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