Le gouvernement veut "passer à l’action" sur la question de l’emploi des 50+

Le gouvernement a choisi de faire de l’emploi des 50 ans et plus une priorité. C’est ce que la ministre du Travail et de l’Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, est venue rappeler à l’occasion d’un colloque organisé par le ministère mardi 29 avril et intitulé : "Emploi des 50+, le passage à l’action".

L’emploi des 50 ans et plus répond aujourd’hui plus qu’hier à une nécessité. Afin de soutenir notre modèle social, "nous avons besoin de travailler plus, mieux et un peu plus longtemps". Voilà en résumé le message qu’Astrid Panosyan-Bouvet, la ministre du Travail et de l’Emploi a voulu faire passer en introduction du colloque "Emploi des 50+, le passage à l’action", organisé dans les murs du ministère mardi 29 avril. "Depuis les années 70, nous avons trop longtemps roulé à contre-sens", a justifié la ministre. En privilégiant les sorties précoces du travail, les responsables politiques ont mis sur la table "une promesse intenable". Un choix "Malthusien" qui aura consisté à sortir du marché de l’emploi les plus âgés pour faire de la place aux jeunes et qui s’est avéré perdant, estime Astrid Panosyan-Bouvet.

"Cette partie va se jouer et se gagner dans les territoires"

"Le sous-emploi des 50+ est un gâchis à tous points de vue et c’est contre cela que nous devons nous mobiliser." Et il y a urgence car, souligne la ministre, "le taux d’activité se redresse trop lentement". Elle a donc appelé à une mobilisation nationale pour "changer les pratiques, la loi et les regards". Concrètement, le gouvernement va lancer d’ici la fin du mois une campagne de communication destinée à "abattre les préjugés" et les discriminations fondées sur l’âge. En parallèle, des campagnes de "testing à l’embauche" vont être mises en place avec des premiers résultats espérés en 2026. S’agissant de l’action publique, la ministre a évoqué le projet de loi destiné à transposer l’accord sur l’emploi des seniors dont le Parlement sera saisi en juin. De son côté, France Travail est appelé à simplifier ses dispositifs de retour à l’emploi ou encore d’aide à la reconversion. Le service public de l’emploi va proposer des parcours collectifs pour les 50+ et surtout généraliser progressivement à l’échelle nationale le dispositif Atout seniors actuellement expérimenté en région Ile-de-France. Au final, la ministre s’est dit convaincue que "cette partie va se jouer et se gagner dans les territoires".

L’emploi des 50+ révélateur de la démographie

Depuis une quinzaine d’années, le taux d’emploi des séniors progresse dans l’ensemble des pays européens. En France, celui des 55-64 ans a bondi de près de 20% depuis 2008 avec, souligne Vincent Touzé (Sciences Po Paris), des performances plus notables sur la tranche 55-59 ans. "On rattrape le retard", a expliqué l’économiste qui constate malgré tout que la France demeure en queue de peloton, loin derrière l’Allemagne ou les Pays-Bas, par exemple. En pariant sur les départs précoces ces dernières décennies, "on a un peu facilité l’obsolescence programmée des travailleurs" et nourrit la croyance collective que l’âge était synonyme de baisse de la productivité. Selon Maxime Sbaihi, directeur stratégique du Club Landoy et membre de l’Institut Montaigne, le véritable enjeu est démographique : en France, les plus de 60 ans sont désormais plus nombreux que les moins de 20 ans et les 50-64 représentent même un tiers de la population active. "Dans certains métiers, constate-t-il, les départs à la retraite sont massifs", comme chez les agents d’entretien, les enseignants ou encore les aides à domicile. Il évoque à ce titre 7,4 millions de départs dans la décennie qui vont mécaniquement accentuer les tensions sur le marché du travail. "Jusque-là la main-d’œuvre était abondante ; là, nous entrons dans un monde où la population active va décliner." Et même si elle continue à croître en France, la bascule a déjà démarré dans certains territoires tels que les régions Grand Est, Normandie ou encore Bourgogne-Franche-Comté. Sans compter les fortes disparités entre d’une part les métropoles qui attirent les jeunes et les zones rurales et périurbaines qui souffrent davantage. Un phénomène qu’il décrit comme "une marée descendante qui commence à se ressentir un peu partout".

 

En partenariat avec le ministère du Travail et de l’Emploi, l’Association nationale des DRH (ANDRH) et le réseau "Les entreprises s’engagent" ont fait réaliser par l’institut Ipsos une enquête auprès des entreprises dans les territoires sur l’emploi des 50 ans et plus. Celle-ci révèle que seulement un quart des DRH interrogés ont mis en place des mesures spécifiques et qu’il s’agit en règle générale de grandes entreprises. 38% proposent des formations dédiées et moins de 10% mènent des politiques de recrutement spécifiquement adaptées aux séniors. Les freins au recrutement des 50+ sont pour l’essentiel de nature salariale (31%) ou liés aux "réticences" supposées du management et des équipes (14%). Dans le même temps, près d’un tiers des DRH disent avoir mis en place des mesures spécifiques d’accompagnement dès 45 ans. Enfin, si 40% des entreprises assurent prévoir des dispositifs spécifiques liés au temps de travail, ceux-ci concernent essentiellement la retraite progressive ou encore la réduction du temps de travail.

 

 

 

 

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