Le Grand Reims s'appuie sur l'initiative privée pour tester des mobilités innovantes (51)

En pleine réflexion sur sa stratégie de mobilité, le Grand Reims voit dans l’accueil d’opérateurs privés de covoiturage local et de vélos en libre-service la possibilité de tester des solutions innovantes. La collectivité facilite ces expérimentations au bilan parfois mitigé, mais riches d’enseignements.

De 16 communes, le Grand Reims (296.951 habitants) est passé à 143 début 2017, devenant ainsi "la communauté urbaine la plus rurale de France". Un changement de profil qui amène les élus à remettre à plat nombre de politiques publiques, à commencer par la mobilité.

Communes rurales en réflexion sur des solutions de mobilité

Début 2017, le réseau de transports publics desservait les 16 communes initiales avec une ligne de tramway, 20 lignes de bus et un réseau de transport à la demande. "Nous avons aussi la chance de bénéficier de 16 arrêts TER et de deux gares TGV, mais il nous faut améliorer les liaisons de proximité. Avec pour contraintes, la faible densité des communes périphérique et un budget limité", explique la responsable de la cellule Mobilités, Carine Alavant. Avant de lancer un lourd programme d’investissement, la collectivité a voulu tester des solutions alternatives, en s’appuyant sur des initiatives privées.

Court-voiturage pour les liaisons domicile-travail

Le Grand Reims a accueilli au printemps 2017 une expérimentation de "court-voiturage" sur la liaison Reims-Châlons-en-Champagne. Ce système cible les trajets domicile-travail et permet à un conducteur de récupérer des passagers sur sa route. Le tout grâce à une application mobile par le biais de laquelle le conducteur, après avoir publié son trajet, est mis en relation avec des passagers intéressés.
Menée dans le cadre d’un projet baptisé BlaBlaLines, il a été totalement piloté par la société BlaBlaCar, sans convention ni contrat avec la collectivité. "Toute la difficulté est de favoriser l’initiative privée dans le respect du droit de la concurrence. Quand un opérateur nous fait part d’une demande ou suggestion, nous y répondons sous réserve qu’elle bénéficie à l’ensemble du secteur d’activité concerné", précise la responsable de la cellule Mobilités. C’est ainsi que le Grand Reims a créé un réseau de points de co-voiturage ouverts à l’ensemble des sociétés de covoiturage.

Extension du service à d’autres pôles urbains

Entre mai et juillet 2017, la plateforme BlabLaLines répertoriait 200 propositions de trajets récurrents et avait réalisé plusieurs milliers de mise en relation. "Un résultat jugé satisfaisant qui a conduit la société à ouvrir des liaisons avec Épernay, Château-Thierry, Soissons et Rethel, précise la responsable de la cellule Mobilités du Grand Reims. Reste que comme pour toutes les solutions de court-voiturage la massification reste difficile. Notamment parce que les horaires de retour restent davantage incertains. L’implication des entreprises est à cet égard essentielle mais, malheureusement, elles étaient peu nombreuses aux réunions de sensibilisation que nous avons proposées", poursuit-elle.

Vélos sans attache déployés en moins de trois mois

Dans un autre registre, pour les dessertes urbaines, le Grand Reims a accueilli en novembre une offre de vélos en libre-service (VLS) sans point d’attache fixe (free floatting en anglais). "Les élus étaient très intéressés par ces offres qui comblent un manque sur notre territoire. Courant août, trois sociétés se sont manifestées. L’une d’entre elles a déployé ses vélos début novembre", raconte la responsable de la cellule Mobilités. Pour accompagner cette offre, la collectivité a créé un comité de pilotage associant prestataire, services internes (police municipale, voirie, déchets-propreté,…) et associations d’usagers cyclistes. Elle a aussi mobilisé les médias locaux (magazine municipal, réseaux sociaux, site internet…) pour expliquer son rôle et rappeler le "code de la rue" élaboré par la ville de Reims..

Réfléchir aux conditions du succès des nouvelles offres

Début novembre 400 vélos ont été déployés par Gobee.bike, avec un accueil très favorable de la population. Début janvier 2018, face aux 340 vélos vandalisés, vendus ou perdus (85%), le prestataire a décidé de jeter l’éponge. Un échec que la collectivité déplore mais qui ne l’étonne pas : c’est en partie face à ce risque que la collectivité n’avait pas lancé d’offre VLS.
Ces expérimentations permettent à la collectivité d’affiner sa stratégie de mobilité et de réfléchir aux conditions du succès des nouvelles offres qui ne manqueront pas d’arriver, tant la mobilité génère d’innovation. Reste que la rapidité du déploiement de l’économie du partage ne doit pas conduire à sous-estimer la lenteur du changement des comportements qui méritent d’être accompagnée.

Communauté urbaine du Grand Reims

Nombre d'habitants :

300000

Nombre de communes :

143
3 rue Eugène Desteuque
51 000 Reims

Patrick Bedek

Vice-président en charge des transports et du PDU

Carine Alavant

Responsable de la cellule Mobilités

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