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Habitat - Le logement représente 27% du budget des ménages

Le nouveau "Portrait social" dressé par l'Insee donne des indications précieuses sur le logement en France : part des propriétaires et locataires, qualité de l'habitat, poids de ce poste de dépenses pour les ménages...

Comme chaque année, l'Insee vient de livrer son traditionnel et très attendu "Portrait social de la France". En quelques pages, c'est ainsi un tableau synthétique, mais très complet, qui se dessine. En matière de logement, le parc s'est accru de 1,2% entre le 1er janvier 2009 et le 1er janvier 2010, pour atteindre un total d'un peu plus de 33 millions de logements. Ceux-ci se répartissent en 84% de résidences principales (contre 83,1% en 2000), 9,6% de résidences secondaires et de logements occasionnels, et 6,4% de logements vacants (contre 6,9% en 2000). Le logement individuel (57%) l'emporte largement sur le collectif (43%) et voit sa part progresser lentement, mais régulièrement (56% en 2000).
Même si elle est encore loin des moyennes européennes, la France devient un pays de propriétaires, puisque ces derniers représentent 57,2% des résidences principales (chiffre 2006), contre 50,7% en 1984. Pour leur part, les 37,5% de locataires se répartissent entre le secteur privé (20,4%) et le secteur social (17,1%). La part de ce dernier est en légère hausse par rapport à 1984 (16,5% à l'époque), mais recule sur les dix dernières années (17,6% en 1996). Restent 5,3% de "Autres" (contre 10,4% en 1984), qui correspondent à diverses situations : fermiers ou métayers, locataires de meublés, sous-locataires et personnes logées gratuitement.
Parmi les points de satisfaction figure sans conteste l'amélioration de la qualité des logements. Aujourd'hui, 99% des logements disposent de l'eau chaude, de WC intérieurs et d'une installation sanitaire (douche ou baignoire). Une affirmation qui peut sembler évidente, mais qui prend tout son relief lorsque l'on sait qu'en 1984 15% des logements ne bénéficiaient pas de ce confort de base. La situation n'est pas idyllique pour autant, puisque l'Insee dénombre encore 1,6 million de logements sans aucun moyen de chauffage ou avec un chauffage sommaire, plus d'un million avec une installation électrique défaillante, voire dangereuse, et plus de 500.000 qui souffrent d'infiltrations d'eau ou d'inondations imputables à une plomberie défectueuse. L'amélioration du logement se lit aussi dans l'augmentation de la taille moyenne des logements, passée de 82 m2 en 1984 à 91 m2 en 2006, même si cette croissance doit pratiquement tout à la progression des maisons individuelles.

Les inégalités se sont creusées

L'étude de l'Insee met également en valeur l'impact économique du logement. Les dépenses courantes de logement se sont ainsi élevées, en 2008, à un total de 279 milliards d'euros : près de 75% pour les loyers (réels ou imputés), 17% pour les dépenses d'énergie et 10% pour les charges. Ce chiffre représente une dépense moyenne de 9.040 euros par logement (6.200 euros en moyenne pour un ménage locataire du parc social, 11.500 euros pour un ménage accédant à la propriété). A la dépense courante de logement, il faut ajouter les dépenses d'acquisition de logement et de gros travaux, soit 290 milliards d'euros en 2008. Face à ces sommes, les aides des pouvoirs publics peuvent sembler "modestes" : 14,2 milliards d'euros d'aides personnelles au logement pour 5,6 millions de ménages et 7,1 milliards d'aides à la pierre. Elles jouent pourtant un rôle essentiel dans l'accès au logement. Les APL financent ainsi, en moyenne, 18,4% des dépenses courantes de logement des locataires du parc locatif social et 14,2% de celles des locataires du parc privé.
Malgré ces aides, le coût du logement reste un sujet d'inquiétude pour la très grande majorité des foyers. Il absorbe en effet, en moyenne, 27% du budget des ménages. Mais ce pourcentage monte à 39% chez les ménages à faibles ressources, contre 34% en 1996. Plus grave, un long article figurant dans le "Portrait social", montre que les "inégalités face au coût du logement se sont creusées entre 1996 et 2006". Durant cette période, les loyers des ménages les plus modestes ont progressé de 42%, tandis que ceux des autres ménages augmentaient de 28%. Un écart que le rattrapage en termes de qualité des logements ne suffit sans doute pas à expliquer.