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Macro-région - Le massif alpin veut affirmer sa vocation de "macro-région" européenne

Près de cinquante régions transalpines cherchent à travailler plus étroitement ensemble dans l'énergie, les transports et le développement économique. La France est à la barre. La Commission reste à convaincre.

De part et d'autre des Alpes, la coopération territoriale n'est pas une nouveauté. Entre la Convention de 1991, les différentes générations du programme Interreg, ou encore l'eurorégion Alpes-Méditérannée, de nombreuses initiatives participent au rapprochement transalpin.
Mais pour les élus qui y travaillent depuis deux ans, l'agenda doit encore être étoffé, avec la naissance d'une "macro-région". Concept récent et peu connu, il renvoie à une coordination accrue entre des territoires qui rencontrent les mêmes défis géographiques, économiques ou environnementaux.

Impulsion des régions

A ce jour, seules deux expériences de ce type sont opérationnelles dans l'UE : depuis 2009, les pays riverains de la Baltique se sont coalisés pour s'attaquer à la pollution marine. Démarche comparable en 2011, dans le bassin du Danube, autour d'une chaîne de 14 pays, dont les Balkans. Une troisième initiative est en cours d'échafaudage, dans le golfe de l'Adriatique et de la mer Ionienne.
La macro-région alpine pourrait donc devenir le quatrième exemple du genre, à en croire la mobilisation politique déployée à Bruxelles mardi 17 décembre, à l'initiative de la France. Parmi les élus locaux impliqués, le vice-président de Rhône-Alpes, Bernard Soulages, qui réclame d'avancer "le plus vite possible".
Principale différence par rapport à la Convention alpine, l'impulsion vient cette fois-ci des régions, au nombre de 46, et non des Etats. Ces derniers restent cependant les interlocuteurs de la Commission, à qui ils demanderont, lors du Conseil des 19 et 20 décembre, d'"élaborer une stratégie de l'UE pour la région alpine".

Le Lyon-Turin probablement intégré à la stratégie

Ministre des Affaires européennes, mais surtout Savoyard, Thierry Repentin ne cache pas son intérêt pour ce "développement, pensé collectivement, de la chaîne alpine".
L'énergie, l'eau, les transports et les mutations industrielles font figure de priorités, mais d'autres actions sont également évoquées, comme la réhabilitation thermique des bâtiments en zone de montagne, le numérique ou encore la sécurité dans les tunnels. Projet test, le Lyon-Turin sera "probablement" intégré à la stratégie de cette future macro-région, ajoute le ministre, mais pas pour appâter "des subventions supplémentaires".

Pas de nouvelles institutions, pas de nouveaux fonds, pas de nouvelle législation

A Bruxelles, les macro-régions sont assorties d'un triptyque auquel la Commission tient beaucoup : pas de nouvelle institution, pas de nouveaux fonds, pas de nouvelle législation. Les collectivités se coordonnent entre elles, peuvent concentrer leurs fonds européens sur des actions communes, mais hors de question de créer des instances bureaucratiques.
La présidence italienne du deuxième semestre 2014 devrait donner un coup de fouet au projet, avec l'ambition de parachever le plan opérationnel d'ici mi-2015.
A condition, entre-temps, de convaincre la Commission européenne. Or, celle-ci a pour le moment du mal à cerner les raisons de l'engouement macro-régional de ces territoires, réputés "riches" et capables de travailler ensemble sans que de nouveaux cadres soient formalisés.
Animer une macro-région n'est pas qu'une "activité politique", résume le commissaire à la politique régionale Johannes Hahn, qui attend des "propositions d'envergure".

 

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