Le Parlement européen adopte une version édulcorée d’Euro 7

Les députés européens ont adopté ce 9 novembre, en session plénière, leur position de négociation sur la refonte du règlement relatif à l'homologation et la surveillance du marché des véhicules à moteur (norme Euro 7), après avoir fortement revu à la baisse ses exigences en commission (voir notre article du 17 octobre) – à tel point que les partisans du texte initial parlent désormais d’un règlement "Euro6 bis". 

Depuis octobre, le texte n’a guère varié. Ont notamment été rejetés les amendements visant à autoriser au-delà de 2035 les véhicules à combustion fonctionnant avec des carburants de synthèse, promus par l’Allemagne (voir notre article du 29 mars). "La délégation française de Renew s’y est opposée dès le départ", a relaté le rapporteur du texte, Alexandr Vondra (Tchéquie, CRE), en conférence de presse d’après vote. 

L’élu s’est une nouvelle fois félicité des modifications opérées par les députés, jugeant que la "proposition de la Commission était très mauvaise au départ. Elle aurait pu avoir un impact catastrophique pour les consommateurs et les constructeurs d’automobiles – disproportionné au regard de ses effets environnementaux positifs". "Cela ne sert à rien d’investir dans une filière qui devrait disparaître d’ici 2035", a-t-il résumé, alors que la Commission entendait fortement durcir les exigences de performances environnementales des moteurs thermiques (le Parlement a toutefois renforcé les exigences relatives aux émissions des freins et des pneus ainsi qu’à la durabilité des batteries). "Ne demandez pas aux pays les plus pauvres d’abandonner leur voiture", a-t-il exhorté, évoquant "ceux qui ne peuvent pas se permettre des voitures électriques ou des Mercedes". Et en réponse à ses collègues alertant sur les conséquences sanitaires de la pollution automobile dans les grands centres urbains, il leur propose "un médicament simple : investir bien davantage dans les transports publics, comme nous l’avons fait à Prague".

Alexandr Vondra estime que les négociations à venir avec le Conseil "ne devraient pas se heurter à des difficultés majeures, sa position étant assez proche de celle du Parlement", relevant que "le Conseil était lui aussi très critique à l’encontre de la position de départ de la Commission" – singulièrement la France. Il souligne encore qu’au cours des débats en plénière, le commissaire a reconnu que sa proposition "n’était pas franchement réaliste" et salue "la bonne coopération entre le centre-droit, les verts et les socialistes qui nous a permis de parvenir à une solution réaliste".

Une lecture que ne partage pas, loin de là, Karima Delli (France, Verts) : "Le vote de la norme Euro 7 est un immense gâchis. La 'pause environnementale' voulue par Emmanuel Macron et le lobby automobile est à l’œuvre", a-t-elle dénoncé sur X (ex-Twitter). La première négociation en trilogue aura lieu à la fin du mois, suivie d’une autre en décembre, à Strasbourg. "Il y a deux options : soit on aboutit à une position plus stricte [que celle du Parlement] pour certaines émissions avec un calendrier plus long, soit on est moins strict pour les émissions mais avec un calendrier plus court", explique la députée. Durant les débats, Karima Delli relevait que reporter l’entrée en vigueur des exigences d’Euro 7 (de trois ans en l’état) "donnera sûrement davantage de temps aux constructeurs pour s’adapter à ces changements" mais "cela leur donnera également moins de temps pour récupérer leur investissement avant de passer à des véhicules à 100% zéro émission". 

 

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