Le pays Loue Lison développe une filière d'approvisionnement local en bois-énergie

Le pays Loue Lison (Doubs) est un des territoires pilotes à s'être engagé dans le programme "1000 chaufferies bois pour le milieu rural" de la Fédération nationale des communes forestières. Les élus ont logiquement décidé de commencer par définir un plan d'approvisionnement territorial en bois-énergie, créateur sur place d'emplois et de richesse.

Jean Mareuge était président du pays Loue Lison quand le syndicat mixte a pris l'initiative de développer la filière bois-énergie sur son territoire. Il en est aujourd'hui le second vice-président. Il est aussi vice-président de la communauté de communes du pays d'Ornans et maire adjoint de la ville du même nom, autant dire un élu qui assume des responsabilités... "Nous vivions un paradoxe, raconte-t-il. 55% de notre territoire est boisé, mais la forêt est sous-exploitée. Si nous voulions développer le bois-énergie, il était donc logique de commencer par mettre en place un plan local d'approvisionnement. Cela n'a pas été facile, car nous avons ici une forte tradition d'affouage et il ne s'agissait pas de la faire disparaître. Quelques élus, bien sûr, avaient peur. D'autre part, l'ONF, qui est en pleine mutation, a commencé par nous dire que la ressource locale n'était pas suffisante, alors que l'étude menée montre un potentiel de 44.000 tonnes par an et de 285 emplois supplémentaires."

 

Ne pas acheter ailleurs le bois qui pousse ici

Annabelle Vida, chargée de mission pays au syndicat mixte, explique qu'en effet, deux chaufferies bois alimentent déjà, dans le pays, un espace ludique et de loisirs, un collège, un immeuble HLM et d'autres équipements publics. De plus, le pays doit avoir les capacités de prendre les bonnes décisions face à une demande éventuelle des industries régionales qui ont développé la cogénération en utilisant la ressource bois : une papeterie, une usine chimique et un panneautier, qui se mettaient en place en 2006, au moment où le pays s'inscrivait dans le programme de la Fédération nationale des communes forestières (FNCoFor). Mais il n'était évidemment pas question d'aller chercher la ressource ailleurs ! Le développement d'une filière d'approvisionnement local en bois-énergie était d'ailleurs présenté comme une priorité dans la charte de pays.
En 2006, l'association des communes forestières a donc donné au pays les moyens de lancer une étude sur la ressource potentielle du territoire.
Première étape, premières difficultés. Car si les élus connaissent globalement les capacités de leur forêt, ils ne maîtrisent ni les données techniques nécessaires à l'amélioration de leur exploitation ni la ressource forestière privée. Les données de l'ONF n'étaient pas toutes à jour et numérisées, et en outre, la moitié de la forêt est propriété privée.

 

Les ressources forestières recensées à travers un SIG

Il a donc fallu croiser les données des différents partenaires : l'ONF, les syndicats de propriétaires forestiers, la chambre d'agriculture, le centre régional de la propriété forestière, les coopératives forestières, l'Union régionale des communes forestières. Le technicien de la FNCoFor a ainsi pu bâtir un système d'information géographique (SIG) le plus exhaustif possible, sachant que cette forêt s'étend sur 350 km2. Les résultats de l'étude, qui aura duré quasiment deux ans, sont disponibles depuis septembre 2008.
Désormais, les maîtres d'ouvrage qui construisent une chaufferie bois disposent des bons éléments pour établir le cahier des charges du type de ressource dont le territoire dispose, où elle se trouve et les capacités de mobilisation. Ils savent s'il existe à proximité de leur chaufferie un gisement en bois-énergie possible à 5 km qu'ils n'avaient pas identifiés, plutôt qu'à 20 ou 30 km, dans des lieux d'exploitation déjà connus. Cela provoque une série de réactions en chaîne. Des entreprises de transformation se créent et les scieries pourront vendre leurs résidus, ainsi valorisés, trois fois plus cher qu'avant dans leur territoire plutôt que de les exporter à bas coût.

 

Vers un développement économique et environnemental

La carte de la ressource sera désormais mise à jour une fois par an. En 2008, 6.000 tonnes de bois-énergie auront été utilisées et le potentiel annuel de ressource équivaut au double de ce tonnage.
Le plan d'approvisionnement territorial en bois-énergie du pays Loue Lison est donc sur la bonne voie. Le plus gros investissement est sans doute le temps passé par Jean Mareuge et Annabelle Vida à convaincre les uns et les autres que la démarche était indispensable et surtout possible.
Financièrement, sur un coût total de 50.000 euros, la Fédération nationale des communes forestières a pris en charge le plus gros de la dépense. Le pays a déboursé 11.000 euros pour acheter les données IGN de base et rémunérer les prestations des ingénieurs forestiers de l'union régionale des communes forestières, de la fédération nationale, et celles de l'ONF. Un investissement raisonné en regard du développement économique et environnemental que cette filière bois est susceptible d'induire.

 

Jean-Luc Varin, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Syndicat mixte du pays Loue Lison

Nombre de communes :

77
17, Grande Rue
25330 Amancey
payslouelison.va@wanadoo.fr

Jean Mareuge

Second vice-président, vice-président de la communauté de communes du pays d'Ornans et adjoint au maire d'Ornans

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