Le pays Pyrénées Méditerranée développe un tourisme de terroir pour rééquilibrer son économie

La partie intérieure du pays Pyrénées Méditerranée souffrait du succès touristique de la côte catalane. Les élus ont su trouver les outils de développement leur permettant de valoriser la culture du terroir pour rééquilibrer les flux économiques sur l'ensemble du territoire.

De Port-Vendres, à l'extrême sud des Albères, jusqu'au coeur des Pyrénées catalanes, le pays Pyrénées Méditerranée couvre six cantons le long de la frontière espagnole. Sur le plan économique et culturel, il a toujours été divisé en deux parties distinctes : la côte, bien sûr, Argelès, Collioure, Port-Vendres, Banyuls, Cerbères, les peintres, la plage, le tourisme et la population pouvant tripler en période estivale ; et l'intérieur, montagnard, rural, agricole et traditionnellement thermal. Les trois stations thermales (la plus importante est Amélie-les-Bains) accueillent tout de même 45.000 curistes par an. Mais l'image du thermalisme se dégrade, cette activité reste soumise à la volonté du gouvernement de maintenir ou non la prise en charge par la Sécurité sociale, et les tours opérateurs proposent désormais des séjours vers des destinations plus exotiques pour le même prix ! Les professionnels du tourisme de l'intérieur du pays étaient donc demandeurs d'une réflexion sur leur avenir.
En 2001, les viticulteurs de la région alertent à leur tour les élus sur la crise qu'ils traversent et demandent de l'aide. Les élus et les membres du conseil de développement décident d'englober dans une même réflexion économique l'avenir de la viticulture et celle des professionnels de l'accueil touristique.
La directrice du pays, Sylvia Pena, se souvient fort bien de ce début de réflexion. "L'idée s'est vite imposée qu'il fallait soutenir la vente directe en décloisonnant les activités purement touristiques et les activités traditionnelles du territoire, pour inventer un nouveau tourisme global de terroir, patrimonial, agricole, culturel, etc. Notre vocation n'était pas de faire de la publicité commerciale à grande échelle, mais de cibler une clientèle de proximité, plutôt en direction de Toulouse et de Barcelone."

 

Vers un tourisme culturel et patrimonial structuré

Pour faire avancer concrètement cette démarche, le pays dépose un dossier de candidature du "Rivage méditerranéen des Pyrénées" au patrimoine mondial de l'Unesco qui, s'il n'a pas abouti, a eu des effets mobilisateurs. De même, le Vallespir, la haute vallée du Tech, s'est porté candidat pour devenir pays d'Art et d'Histoire. C'est le premier dossier transfrontalier de ce label et cela intéresse beaucoup la Drac du Languedoc-Roussillon.
Dans la foulée, le pays a travaillé sur un schéma de développement culturel qui permet de cibler les fonds publics sur des opérations structurantes, plutôt que sur des événements isolés, certes festifs, mais éphémères.

 

Une voie verte qui reliera Argelès à Amélie-les-Bains

A partir de 2004, les élus ont également pris l'initiative de développer un tourisme sportif et de pleine nature, qui ferait le lien entre la côte et l'intérieur, par l'aménagement d'une voie verte qui court d'Argelès à Amélie-les-Bains. Ce projet en cours de finalisation serait également soutenu par la création d'un site VTT labellisé par la FFC qui s'étend sur plus de 100 km. Enfin, un schéma de la randonnée pédestre élaboré à l'échelle du pays et s'appuyant sur les groupements de communes permet d'envisager la mise en place de sentiers, avec une gestion pérenne assurée par les quatre intercommunalités qu'ils traversent.

 

Pôle d'excellence rurale

Pour soutenir cette stratégie, le pays a réussi à devenir pôle d'excellence rurale, non seulement pour provoquer encore une fois le déclenchement d'une dynamique locale, mais aussi fournir des crédits de diversification de l'offre touristique. Une vitrine prestigieuse du tourisme du terroir a ainsi été créée, le Mas Reig à Banyuls-sur-Mer, ainsi que deux centres d'interprétation du patrimoine.
Sur le plan budgétaire, l'action a été aussi diversifiée que dans son contenu : l'ingénierie pour la candidature à l'Unesco a coûté 150.000 euros, celle pour devenir pays d'aAt et d'Histoire, 60.000 euros, le tout subventionné à 80% par le contrat de pays et des fonds européens. Les aménagements de tourisme sportif, la voie verte en particulier, auront un coût supérieur : dix millions d'euros, inscrits sur le volet territorial du contrat de projet Etat-région.

 

Se sont rencontrés des acteurs qui n'avaient jamais travaillé ensemble

Reste la question de la participation effective des acteurs et de la population à l'ensemble du projet. Car qui dit pays, dit conseil de développement et donc démocratie participative. "Nous avons organisé plusieurs réunions publiques pour informer et motiver les habitants sur notre plan de développement touristique, en particulier au moment de déposer le dossier à l'Unesco, raconte Sylvia Pena. Ce sont eux, d'ailleurs qui nous ont mis en garde sur les dangers de pression foncière accrue que présenterait la démarche. Pour la voie verte, nous avons travaillé avec les cyclo-clubs des communes traversées. Et sur le projet global, nous avons fait se rencontrer des acteurs qui n'avaient jamais eu l'occasion de travailler ensemble : les offices de tourisme, les réserves naturelles, les chambres consulaires, le réseau Bienvenue à la ferme, le réseau culturel Terre catalane, les fédérations de pêche, les fédérations de chasseurs, la DDJS, etc." De plus, des partenariats se sont créés entre des hébergeurs, des sites patrimoniaux et des producteurs fermiers, créant ainsi des produits touristiques nouveaux, véritables vitrines culturelles du territoire.

 

Jean-Luc Varin, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Pays Pyrénées Méditerranée

Nombre d'habitants :

84720

Nombre de communes :

57
2, rue Jean-Amade, BP 121
66401 Céret cedex
Pays.pyrenees.mediterranée@wanadoo.fr

Sylvie Pena

Directrice

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