Le PNR du Pilat veut infléchir le "tout-voiture"

Imaginer un système de transports collectif pour pallier l'utilisation croissante de la voiture individuelle semble illusoire dans le Pilat, territoire de moyenne montagne. Le parc naturel régional n'a d'ailleurs ni la compétence ni le souhait de s'investir dans cette voie. En revanche, il s'est penché sur les problèmes de mobilité des actifs, des retraités, des jeunes, des touristes, pour infléchir les attitudes centrées sur la voiture vers des pratiques multimodales et notamment le covoiturage.  

Depuis février 2009, le parc naturel régional (PNR) du Pilat dispose d'une centrale de mobilité. Une sorte de "boutique" chargée d'organiser, coordonner et animer le développement de modes de déplacement conciliant mobilité et développement durable. Avec un axe majeur, la multimodalité et la combinaison covoiturage avec les autres approches alternatives (pédibus, vélobus, auto-partage, plans de déplacements des entreprises et des administrations / PDE-PDA).... "Il y a quelques années encore, l'entraide et le fait d'aller à l'école à pied ou en vélo étaient naturels. On ne réinvente rien, mais on essaye de redonner à cette alternative une réalité pragmatique", explique Anne de Beaumont, élue référente "mobilité" au PNR. 

 

Un élément stratégique mieux pris en compte

"Il est impossible d'aborder le développement durable sans tenir compte de la question des déplacements et notamment de la voiture individuelle", énonce Jean Lavallez, responsable de la direction économie durable du PNR. L'implication du parc sur cette problématique répond donc à un souci de cohérence avec son projet de territoire. Mais il aura fallu l'insistance de l'Ademe, pour que le parc intègre cette réflexion comme un élément stratégique et s'engage dans une démarche Energie plus volontariste en 2007. Cela a commencé par une étude, pour connaître la réalité de la problématique dans ce territoire de moyenne montagne, aux portes des agglomérations Lyonnaise et stéphanoise.
En automne 2007, le cabinet d'études, l'agence régionale Energie et l'Ademe concluent que les enjeux sociaux sont aussi importants que les enjeux environnementaux. "Dans le Pilat, le transport est le premier poste de dépense, avant le logement ... C'est donc un sujet très sensible", pose Anne de Beaumont. La population active du PNR travaille surtout dans les agglomérations de Lyon, Saint-Etienne, Vienne et cela entraîne des migrations journalières importantes et des coûts conséquents. "Il y avait jusque là une sorte de non-dit et d'acceptation du mode de transport individuel comme le seul possible. L'actualité (hausse du prix du carburant, notamment) et l'étude ont montré le challenge qu'il y avait à sortir de cela", commente Jean Lavallez. Et pour en sortir, de miser notamment sur le développement du covoiturage.

 

Agence de mobilité et covoiturage

"L'étude nous a montré que le covoiturage était une réelle solution, à condition de l'organiser, avec des aires de covoiturage, une communication efficace, une signalétique adaptée, etc.", explique Jean Lavallez. Ce choix été facilité par l'expérience de l'association Pilatitude, qui a commencé à mettre en place un réseau de covoiturage. "C'est une base incontournable", insiste Anne de Beaumont. Avec un positionnement original : le réseau de Pilatitude s'appuie sur des relais locaux (des particuliers) plutôt que le seul support internet souvent de mise, ce qui permet de toucher, à priori, un plus large public (personnes âgées, touristes, etc.). Dans une petite commune, on trouve déjà quarante covoitureurs !  Le PNR a confié à l'association l'animation de "l'agence centrale de mobilité". "L'appui sur une association est intéressant car on travaille ainsi avec la société civile, ce dont nous avons peu l'habitude. Or, c'est un levier important pour que la population s'approprie l'action", estime Jean Lavallez. Après "beaucoup de concertation" pour faire se rencontrer le projet de l'association et celui du parc, une convention a été signée. Celle-ci porte le poste du chargé de mission de l'agence ; son financement est pris en charge pour la première année à 100% par le ministère de l'Environnement (appel à projets sur la thématique du climat) et dans les années à venir, sans doute par la région Rhône-Alpes.

 

Lever les freins...

"Il y a beaucoup de freins à lever pour que le covoiturage se développe", reconnaît Odile Proust, présidente de la commission "performance environnementale-énergie" du PNR. "Il faut avoir une offre suffisante pour que les gens ne se sentent pas dépendants les uns des autres. On a généralement peur des retards, des imprévus, or c'est une prise de conscience à mûrir. Moi-même, je sais qu'en passant par le covoiturage, je vais perdre en souplesse dans mon emploi du temps, c'est finalement une autre organisation à trouver", défend-t-elle. 
Lever ces freins, développer la communication, animer le covoiturage, promouvoir de nouveaux produits (notamment sur le champ touristique), former des réseaux de proximité, repenser le transport des jeunes (pédibus), et encourager d'autres modes de déplacements professionnels dans les entreprises et administrations (PDE et PDA) : voilà donc le travail nouvellement confié à la centrale de mobilité. Comme le souligne Anne de Beaumont, il doit reposer sur une prise en compte globale des problèmes et associer tous les acteurs concernés. "La mobilité ne doit surtout pas s'envisager sous un seul angle en saucissonnant les réponses car les situations vécues par les ménages sont complexes, il faut donc les traiter globalement", soutient-elle. "Il y a des liens très forts entre un pédibus et un plan de déplacement d'une entreprise. Parce que les parents ne peuvent covoiturer s'ils doivent déposer ou récupérer les enfants à l'école. Il faut parvenir à concilier tout cela", évoque-t-elle. Cette complexité rend nécessaire l'approche transversale, l'interdépendance des politiques menées au niveau du parc ou des collectivités, de l'urbanisme aux services à la personne en passant par le tourisme.
C'est pourquoi le comité de pilotage de l'étude (commission Energie du PNR, conseil régional, Ademe, agence régionale Energie, autorités organisatrices des transport des départements de la Loire et du Rhône) vient de décider la création d'un "conseil en mobilité", instance de suivi permanent qui doit rassembler les élus des différentes commissions du parc, mais aussi des communautés de communes et d'acteurs clés (travailleurs sociaux, parents d'élèves, entreprises, etc.). L'enjeu est que chacun s'approprie cette démarche "mobilité" et participe à sa généralisation ! 

 

Emmanuelle Stroesser, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

 

(1) Etude financée par conseil régional et l'Adème. Soutien technique de l'Adème et de l'agence régionale énergie pour le montage et déroulement de l'étude.

Parc naturel régional du Pilat

Nombre d'habitants :

50000

Nombre de communes :

47
Moulin de Virieu 2 rue Benaÿ
42410 Pélussin
info@parc-naturel-pilat.fr

Odile Proust

Présidente de la commission performance environnementale-énergie

Jean Lavallez

responsable direction économie durable

Anne de Beaumont

élue référent transport

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