Le président de l’Anru, Patrice Vergriete, appelle l’État à tenir ses engagements financiers
À l’occasion d’une visite organisée le 6 mai à Créteil (Val-de-Marne) par l’Ajibat, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville, Patrice Vergriete, président de l’Agence nationale pour le renouvellement urbain, est revenu sur les difficultés de trésorerie auxquelles l’Anru est confrontée et a une nouvelle fois plaidé pour la mise en œuvre d’un Anru 3.

© JGP et Patrice Vergriete/ Patrice Vergriete à Creteil
Lancé en 2014, le nouveau programme de renouvellement urbain (NPNRU) est aujourd'hui en phase pleinement opérationnelle avec 100% des opérations conventionnées et 85% des actions lancées, selon l’Agence nationale pour le renouvellement urbain (Anru). À Créteil (Val-de-Marne), trois quartiers ont bénéficié des programmes de l’Anru, notamment celui des Bleuets qui a connu une transformation majeure entre 2011 et 2018. Tout en préservant l’architecture de cet ensemble conçu par Paul Bossard et labellisé "Architecture contemporaine remarquable", cette opération a permis la réhabilitation de 533 logements, la démolition d’un bâtiment pour désenclaver le quartier, ainsi que la rénovation ou reconstruction d’équipements publics, dont un groupe scolaire et une maison pour tous.
Une opération emblématique du premier programme de renouvellement urbain, a souligné Anne-Claire Mialot, directrice générale de l’Anru, à l’occasion d’une visite organisée le 6 mai par l’Ajibat, l’association des journalistes de l'habitat et de la ville, en présence également de Patrice Vergriete, le président de l’Anru. Autre programme cristollien d’envergure faisant l’objet du NPNRU et présenté lors de cette visite, celui du Haut du Mont-Mesly : labellisé "100 quartiers innovants et écologiques", il vise à créer un écoquartier exemplaire. Il prévoit la construction, à l’horizon 2029, de 915 logements diversifiés, favorisant la mixité sociale, ainsi que la création d'équipements publics : écoles regroupées au sein d’un "carrefour éducatif", maison des seniors, espace socioculturel, marché…
Une attention particulière est portée à l'environnement avec l'aménagement d'une forêt urbaine et de nombreux espaces verts. Enfin, le quartier Petit Pré–Sablières a lui aussi fait l'objet d'une transformation majeure, qui vient de s’achever : lancé en 2011, ce projet a permis de métamorphoser un grand ensemble de logements sociaux en un quartier ouvert et diversifié. La ZAC, d'une superficie de 3,2 hectares, a permis la construction de 370 logements, dont 30% de locatifs sociaux, ainsi que d'une résidence étudiante de 150 chambres et de 6.500 m² de bureaux.
Préfigurer dès maintenant un Anru 3
Trois exemples pour illustrer l’action de l’Anru et qui montrent, selon son président, à quel point celle-ci "est absolument indispensable pour les habitants des quartiers". L’ancien ministre et actuel maire de Dunkerque est revenu sur l’actualité de l’agence, la première étant "de finir le NPNRU".
Pour cela, alors que les programmes battent leur plein comme à Créteil, il est nécessaire que l’État soit à la hauteur de ses engagements, ce qui n’est pour l’heure pas le cas. Si pour 2026, la contribution d’Action logement et celle des bailleurs sociaux sont actées, le président de l’Anru a appelé à ce que la loi de finances pour 2026 prévoit au moins entre 250 et 300 millions d’euros. "Sinon, l'Anru sera en difficulté financière pour honorer ses engagements", a-t-il pointé. "Les projets sont aujourd'hui contractualisés, ils sont largement engagés, donc ce n'est plus une problématique de projets. Il suffit d'aller dans les différentes villes, comme ici à Créteil, pour s'en rendre compte. La problématique de l'Anru en 2025-2026, c'est d'être à la hauteur des engagements financiers qui ont été pris."
Par ailleurs, dans la lignée du rapport "Ensemble, refaire ville" rendu mi-février par Anne-Claire Mialot, Jean-Martin Delorme, président de la section Habitat, aménagement et cohésion sociale à l'inspection générale de l'environnement et du développement durable (IGEDD), et Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne (voir notre article), Patrice Vergriete a plaidé pour le lancement d’une mission de préfiguration pour un Anru 3. "C'est très important que la décision soit prise aujourd'hui car en 2030-2031, les projets du NPNRU seront terminés, mais du coup, on aura un trou d'air. Et donc, dans les quartiers, il ne se passera rien, par exemple, entre 2030 et 2033." Pour le maire de Dunkerque, il est "évident" qu’il faut un Anru 3. "Il y a une centaine de quartiers de la politique de la ville aujourd'hui qui nécessitent encore un travail de restructuration urbaine lourde et donc nécessitent l'accompagnement de l'Anru." Un plaidoyer qu'il avait porté dès sa nomination en début d'année (voir notre article) ou encore il y a un mois devant la commission des affaires économiques du Sénat (voir notre article).
Dans l’hypothèse d’un Anru 3, l’une des questions à mettre sur la table, selon Patrice Vergriete, serait celle du périmètre : "Il reste des quartiers en politique de la ville qui nécessitent une restructuration urbaine lourde. Mais peut-être que d'autres, peut-être même des quartiers qui ne sont pas en QPV aujourd'hui, pourraient nécessiter l'expertise de savoir-faire de l'Anru sous une forme ou une autre."
Sur tous ces sujets, il a rappelé avoir le soutien de ses trois ministres de tutelle - Valérie Létard au Logement, François Rebsamen à l’Aménagement du territoire et Juliette Méadel à la Ville.