Le programme d'accompagnement régional de l'installation pour l'agriculture bretonne

La région Bretagne investit dans un dispositif de soutien à l'installation des jeunes agriculteurs. Le programme d'accompagnement régional de l'installation (Pari) a été lancé après une concertation exemplaire et suscite déjà de grands espoirs.

Il y a maintenant près de deux ans, la région Bretagne a pris l'initiative de réunir tous les partenaires de monde agricole (les syndicats, la Safer, la chambre d'agriculture...) afin de mener une réflexion approfondie sur la manière de maintenir les exploitations et de favoriser le renouvellement des générations. De nombreux dispositifs existent déjà et en particulier l'aide de l'Etat à l'installation mais la région Bretagne a voulu aller plus loin. Quatre groupes de travail ont été créés sur le foncier, la formation, les aides et l'avenir de l'agriculture. Deux plénières ont permis de bien cadrer les propositions qui ont ensuite été "mises en musique" par les services de la région. C'est ainsi qu'est né le programme d'accompagnement régional de l'installation (Pari).

Au plus près du terrain

Odette Herviaux, vice-présidente régionale chargée de l'agriculture, a utilisé son expérience de maire d'une commune rurale pour aller à l'essentiel : "Quand j'ai été élue maire pour la première fois, on avait 25 exploitations sur la commune. Aujourd'hui il n'y en a plus que 20 ! Je me suis toujours battue pour que la dimension agricole soit prise en compte comme une dimension économique à part entière. Ce que l'on peut faire pour l'artisanat et le commerce, on doit le faire pour l'agriculture. Cela a été fait dans ma communauté de communes et j'ai bien vu que c'était possible."
Concrètement, le Pari s'est construit autour de trois axes : l'accompagnement des acteurs, l'accès au foncier et le soutien aux projets de diversification.

L'accompagnement des acteurs

Les acteurs du monde agricole ont constaté que les aides à l'installation sont souvent trop peu coordonnées, il manquait, avant le Pari, un point d'information commun. Un chiffre illustre bien le défi à relever : 20% des exploitations bretonnes ne trouvent pas de repreneurs. Pour qu'offreurs et demandeurs puissent se retrouver, il importe d'aider les uns à réaliser l'audit de leur exploitation et les autres à établir des diagnostics, à mieux se former... Il ne s'agit pas, bien sûr, de remplacer les structures existantes mais de leur permettre d'établir des passerelles entre elles. Par exemple, la région encourage l'inscription des agriculteurs au répertoire départemental de l'installation (RDI) qui met en relation ceux qui recherchent un repreneur et les candidats à l'installation, avec une prime forfaitaire de 2.500 euros qui est versée aux vendeurs favorisant l'installation de jeunes hors cadre familial. 
La région accorde, par ailleurs, jusqu'à 400 euros (80% du coût) pour la réalisation d'un diagnostic préalable d'exploitation, 1.000 euros pour un diagnostic technico-économique et financier approfondi, ou encore, jusqu'à 3.600 euros pour les jeunes agriculteurs qui souhaitent suivre une formation complémentaire...
Elle accompagne également la transmission en participant aux frais d'audit (jusqu'à 1.000 euros) des agriculteurs qui souhaitent céder et valoriser leur exploitation.

Accès au foncier

En attendant de créer un établissement public foncier, la région Bretagne est entrée au capital de la Safer. Elle peut ainsi peser pour que les terres susceptibles d'accueillir des installations soit mises en réserve.
Parfois il faut deux ou trois ans pour que des exploitations de petite taille trouvent à s'agrandir et deviennent potentiellement rentables. Conserver de petites exploitations disponibles pendant un certain temps peut aussi permettre de trouver des projets adaptés à leurs spécificités, de mettre en adéquation l'offre et la demande. Ce portage a pu être pris en charge par la Safer grâce à la région qui s'est engagée à en assumer les frais financiers. Il concerne 12 à 15 exploitations par an.

Soutien à la diversification

Vente directe, accueil à la ferme, filières biologiques... les projets originaux sont valorisés afin de permettre aux agriculteurs d'atteindre la viabilité économique. Souvent c'est la diversification qui permet de maintenir des exploitations sur de petites surfaces.
Les jeunes avec un projet de diversification hors cadre familial ou sur les îles bretonnes bénéficiant d'une dotation d'installation (DJA) supérieure à la moyenne (12.650 euros) peuvent prétendre à une aide régionale de 6.000, 10.000 (transformation et vente directe à la ferme) ou 15.000 euros (horticulture).
Le dispositif Pari présenté en septembre au Salon des productions animales (Space 2007) a bénéficié d'un franc succès en particulier auprès des jeunes. Alors, tout va pour le mieux ? "Nous restons préoccupés, confie Odette Herviaux, car l'enveloppe nationale d'aide à l'installation des jeunes agriculteurs est épuisée. Si l'action de l'Etat n'est pas là, notre contribution ne suffira jamais. Nous ne voudrions pas susciter de faux espoirs."

 

Luc Blanchard, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Conseil régional de Bretagne

283, avenue du Général Patton CS - 21101
35711 Rennes Cedex 7

Jean-Marie Jacq

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