Insertion - Le RSA améliorerait le retour à l'emploi de 25%

Les services du haut commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté publient les résultats d'un premier bilan sur l'expérimentation du revenu de solidarité active (RSA). Conduites dans une quarantaine de départements, les expérimentations en cours portent sur environ 110.000 bénéficiaires du revenu minimum d'insertion (RMI) et sur 20.000 titulaires de l'allocation de parent isolé (API). Selon les services de Martin Hirsch, le fait de bénéficier du RSA accroîtrait d'environ 25% le taux de retour à l'emploi, par rapport aux taux affichés dans les secteurs témoins par les seuls bénéficiaires du RMI ou de l'API.
Ce premier bilan apporte également d'autres informations plus qualitatives. Ainsi, le RSA semble fonctionner également pour les personnes qui étaient assez éloignées du marché de l'emploi. Près des deux tiers (60%) des bénéficiaires du RSA sont ainsi au RMI depuis plus de deux ans, dont 34% depuis quatre ans et plus. En termes de profil, les allocataires au titre du RMI se répartissent de façon assez égale entre les différentes tranches d'âge : 24% de moins de 30 ans, 34% de 30-39 ans, 27% de 40-49 ans et 15% de 50 ans et plus. Les femmes représentent 60% des bénéficiaires. Les bénéficiaires au titre de l'API sont sensiblement plus jeunes (compte tenu des conditions d'accès à cette prestation), avec 46% de moins de 30 ans.
En matière de débouchés, l'étude montre que, sur les 1.000 premiers contrats signés, le secteur marchand assure près des deux tiers des emplois. En revanche, ces emplois restent relativement fragiles. Seuls 28 % des allocataires du RSA bénéficient d'un emploi durable (CDD ou CDI d'une durée supérieure à six mois). Le reste des allocataires se répartit entre les contrats aidés (30%), les CDD de courte durée ou les emplois intérimaires (26%), la mise à son compte (8%) et la formation (6%). Dernier point, qui justifiait à l'origine la création du RSA : le retour à l'emploi des bénéficiaires de cette prestation leur permet de disposer d'un surcroît net de revenu compris en moyenne entre 100 et 200 euros par mois.
Ces chiffres, à caractère partiel dans l'attente d'un bilan complet de l'expérimentation, plaident nettement en faveur de la généralisation du dispositif. Il convient toutefois de prendre en compte les effets propres à toute expérimentation, qui voit généralement les différents acteurs concernés s'investir davantage qu'en régime de croisière. Dans son avis du 23 mai dernier sur "Les conditions de la réussite du RSA pour l'emploi", le Conseil d'orientation pour l'emploi avait d'ailleurs bien pris soin de préciser que la réussite du dispositif dépendra pour une grande part de la mise en oeuvre d'un "accompagnement professionnel systématique".

 

Jean-Noël Escudié / PCA