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Le terrorisme aurait coûté 185 milliards d'euros à l'Union européenne

"Depuis 2004 [année de l’attentat de Madrid, ndlr], le terrorisme a coûté à l’Union européenne environ 185 milliards d’euros de pertes de PIB dont environ 5,6 milliards d’euros en pertes humaines, blessures et dommages aux infrastructures", a calculé le service de recherche du Parlement européen, dans un rapport intitulé "La lutte contre le terrorisme, le coût de la non-Europe" (en anglais) présenté aux eurodéputés le 30 août. "Ce qui ressort principalement de ce rapport [qui couvre la période 2004-2016, ndlr], c’est le coût de l’inaction de l’UE en matière de lutte contre le terrorisme", a ainsi déploré Wouter van Ballegooij, co-auteur de ce rapport, jeudi, devant les parlementaires.
Au-delà de son impact sur les victimes et leurs familles, le terrorisme "a un effet négatif sur le bien-être de la population dans son ensemble", affectant le moral, la santé, la confiance entre les communautés, le commerce, les investissements étrangers, le tourisme, les transports… "Dans le même temps, certaines mesures prises pour combattre le terrorisme ont un effet disproportionné sur les suspects et sur des groupes plus larges au sein de la société, en violation des droits fondamentaux, tout en étant contreproductive", souligne le rapport publié le 25 mai dernier.

Des programmes flous en matière de déradicalisation

La France apparaît comme le pays le plus affecté économiquement par les attentats, avec une perte de presque 45 milliards d’euros entre 2004 et 2016, dont 37,9 à partir de 2013, période qui a vu la vague d’attentats comprenant le Bataclan et Nice. Vient ensuite le Royaume-Uni (44,3 milliards d’euros), l’Espagne (42,7) et, loin derrière, l’Allemagne (19 milliards d’euros). Le pays qui dépense le plus dans la lutte antiterroriste est le Royaume-uni avec 2 milliards d’euros par an, suivi de l’Allemagne (1,5) et de la France (1,4).
Le rapport plaide pour une plus grande coopération européenne et dénonce le manque d’échanges d’information et de coopération judiciaire entre les Etats.
Les auteurs estiment que les politiques antiterroristes se sont principalement focalisées sur le djihadisme : 718 des 1.002 interpellations pour des faits de terrorisme en 2016 à travers l’UE étaient liées au djihadisme. Mais ils relèvent qu’en 2016, la majorité des actes commis ou déjoués étaient le fait de mouvements séparatistes.
Le budget européen consacré à la lutte antiterroriste a fortement augmenté et s’établissait à 4 milliards d’euros en engagement en 2016. Dans un contexte qui a fortement évolué depuis le traité de Lisbonne, l’UE "pourrait s’attaquer à ce manque d’efficacité et aux lacunes en matière de protection des droits fondamentaux en élaborant un cycle de politique pénale européenne", en impliquant le Parlement européen et les parlements nationaux, préconise le rapport. Il suggère aussi de se pencher sur le respect des droits fondamentaux dans les programmes de déradicalisation, dont les contours sont flous… "De la même manière, le cadre de la lutte contre le financement du terrorisme devrait être davantage affiné." Dans ce domaine, une "culture européenne de l’application des lois devrait être favorisée".

 

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