Transports - Le "tout autoroute" remis en cause dans la vallée du Rhône
Interrogés sur les moyens de désengorger la vallée du Rhône, axe de communication crucial entre l'Europe du Sud et du Nord, élus et citoyens ont plaidé pour des solutions plus respectueuses de l'environnement lors du débat public sur la question. "Il y a eu un retournement par rapport à d'autres débats sur les transports. Une plus grande majorité s'est exprimée pour ne pas augmenter la capacité autoroutière", a déclaré le 21 septembre Philippe Marzolf, président de la commission particulière du débat public (CPDP) en présentant les résultats de la consultation des élus, associations et acteurs économiques des régions Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte-d'Azur, menée de mars à juillet.
Pour éviter l'engorgement de la vallée du Rhône et de l'arc languedocien en 2020-2025, élus et associations ont prôné le développement du rail, pour les passagers et le fret, du transport fluvial mais aussi un changement de comportement au quotidien dans les déplacements : covoiturage, usage des transports en commun et du vélo, limitation des zones commerciales péri-urbaines qui forcent à prendre sa voiture pour faire ses courses.
Certains ont aussi prôné des taxes sur les poids lourds ou à l'entrée des agglomérations. Un étiquetage des produits mentionnant le nombre de kilomètres parcourus et les grammes de CO2 équivalents - le CO2 étant responsable de l'effet de serre - a aussi été proposé pour que le consommateur puisse choisir des denrées produites près de chez lui afin d'épargner l'environnement.
Si les acteurs économiques et la société Autoroutes du Sud de la France continuent de militer pour la circulation sans entraves, incluant la création de nouvelles voies d'autoroutes, beaucoup d'élus ont changé d'avis. Le député de la Drôme Hervé Mariton (UMP) estime ainsi que "la réalisation de nouvelles infrastructures autoroutières" relève "de la facilité politique" et "reculerait la nécessité de changer de comportement et de trouver des alternatives".
Le gouvernement devra trancher. Après avoir reçu les recommandations de la commission du débat public, il a en principe trois mois pour présenter ses orientations. L'enjeu est crucial : les déplacements dans la vallée du Rhône pourraient augmenter de 40 % d'ici à 2025 en raison des tendances démographiques, du tourisme et de la croissance économique. 75.800 véhicules dont 18,4 % de poids lourds circulent déjà en moyenne chaque jour entre Valence et Montélimar sur l'A7.
En juillet, les présidents PS des neuf départements de la vallée du Rhône et de l'arc languedocien ont appelé l'Etat et l'Europe à consacrer 20 milliards d'euros pour le ferroutage, le transport maritime et fluvial notamment.
Les projets "d'autoroute" ferroviaire pour le fret entre le Luxembourg et Perpignan, le tronçon TGV entre Montpellier et Perpignan puis Barcelone, les contournements ferroviaires de Lyon et Montpellier-Nîmes ont été cités comme des projets prioritaires.
A.L. avec AFP