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Energie - Le troisième appel d'offres national sur la biomasse fait 32 heureux

Le 22 janvier, le ministère de l’Ecologie a dévoilé la liste des 32 projets retenus dans le cadre de l’appel d’offres "Biomasse 3" lancé en janvier dernier. Celui-ci concerne des unités de cogénération (production d’électricité et de chaleur) alimentées à partir de biomasse. Il vise à combler le retard que la France a pris sur certains de ses voisins et à atteindre les objectifs ambitieux fixés en la matière par le Grenelle de l'environnement. Il fait suite à un premier appel d'offres, qui a échoué, puis à un deuxième, lancé fin 2006, à l’issue duquel une vingtaine de projets d’unités alimentées par ce biais ont pu bénéficier d’un tarif préférentiel de rachat d’électricité, environ trois fois plus élevé que celui de l'électricité d’origine nucléaire mais moins que celle issue du photovoltaïque.

Sur les 106 dossiers présentés, les 32 projets sélectionnés représentent cette fois-ci une puissance totale de 266 mégawatts (MW). Ils bénéficieront d’un tarif d’achat qui a été revu à la hausse en début de mois et atteint en moyenne 145 euros par mégawattheure produit, contre 128 euros par MWh dans le précédent appel d’offres. Pour créer d’ici à 2012 ces installations, le volume d’investissements concernés atteint 750 millions d’euros.
Ces projets sont répartis dans une petite quinzaine de régions essentiellement situées dans le quart Nord-Est de la France, dans les massifs ainsi qu’en Bretagne. Mais les trois plus importants visent à construire une chaudière biomasse sur le site d’un papetier finlandais à Alizay (Eure), ainsi qu’une grosse unité de cogénération dans l’un des fiefs du groupe autrichien Egger implanté à Rambervilliers (Vosges) ou, enfin, une autre chaudière portée à Mimizan (Landes) par une jeune société, BioEre, qui a su s’allier à des papetiers locaux et des partenaires comme Areva, la Caisse des Dépôts et Natixis. A eux trois, ces projets totalisent 100 MW.
Outre la qualité des projets, leur efficacité énergétique et leur mode d’approvisionnement, cet appel d'offres a clairement pris en compte un critère relevant plus spécifiquement de l’aménagement du territoire. Le ministère ne s’en cache pas d’ailleurs et observe que si le Nord-Est est tout particulièrement concerné, c’est parce qu'il a été touché par "les restructurations de la Défense" engagées dans le cadre de la refonte de la carte militaire. De même pour la Bretagne, dont le ministère rappelle les difficultés d’approvisionnement électrique et où les deux projets d’unités retenus à Brest et Rennes seront alimentées à partir de déchets forestiers. Dans deux régions, l’Auvergne et la Lorraine, les projets ne seront définitivement retenus qu’une fois vérifiés par leurs préfets "la réelle disponibilité de la ressource et l’absence de conflits d’usage". Dans le cas des autres projets, l’avis du préfet sur cette dernière question a été requis dans le plan d’approvisionnement glissé dans les dossiers de candidature, lesquelles ont par ailleurs toutes été passées au crible par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). A noter : un nouvel appel d’offres sera prochainement lancé. Il porte sur 800 MW et concernera des unités de cogénération de puissance supérieure à 12 MW.
 

Morgan Boëdec / Victoires éditions