L'émergence d'éco-entreprises à l'échelle d'une vallée tout entière

Sur la vallée de la Drôme, rivière encore sauvage, les porteurs de projets, expérimentateurs, artisans, employés, chercheurs, formateurs et autres acteurs du développement durable du projet Biovallée sont interconnectés en un même pôle : pépinière d'entreprises et salle de conférences.

L'Ecosite, un site expérimental

Au confluent des vallées de la Drôme et du Rhône, l'Ecosite est un parc mixte de 40 hectares implanté sur un ancien terrain de la SNCF. Le sol a été loti et la viabilisation est en cours. Les différents programmes d'implantation de logements, d'équipements publics et d'activités économiques doivent être réalisés par tranches successives. Certaines réalisations pourront répondre aux normes du label haute qualité environnementale. Toutes devront, à coup sûr, répondre à des normes thermiques exigeantes et recourir à des matériaux issus de l'écoconstruction. Chacune selon sa propre logique et selon les technologies disponibles au moment de la réalisation. "D'ores et déjà, explique Bérengère Léger, chargée de mission du projet, au niveau du plan masse, les décisions fondatrices portent sur la circulation, avec notamment les emplacements des parkings et plus généralement des véhicules lourds relégués en périphérie, tandis que les espaces centraux sont dédiés aux circulations douces (piétons et vélos). Les écoulements des eaux de pluie et des eaux usées seront dirigés vers des bassins de décantation et de rétention, afin que le lotissement soit neutre en matière de rejets. Dans le même esprit, sur chaque lot, le cahier des charges, sorte de règlement intérieur en copropriété, fixe les choix majeurs. Mais la façon dont ces objectifs sont mis en oeuvre est laissée à la libre disposition de chaque usager (propriétaire bailleur ou propriétaire occupant) d'un lot."
Car les occupants de lots sont très divers. Ainsi la première tranche de 15 hectares comprend tout aussi bien des équipements de loisirs (un équipement culturel dédié aux arts de la rue et un lac) qu'une quarantaine d'habitations, logements conventionnés et ateliers d'artistes. Des lots sont prévus pour que s'installent des entreprises.

Les bâtiments du Pôle de diffusion, de création et d'échanges, où s'invente la notion d'éco-entreprises, sortent de terre les premiers

Sur cet Ecosite, les bâtiments du Pôle de diffusion, de création et d'échanges qui sortent de terre sont la première réalisation du projet Biovallée, dont l'échelle est une vallée tout entière. Pour prendre la mesure de ce projet, il faut noter que ce lieu n'a pas été pensé pour les entreprises actuelles mais qu'il est la matrice où seront conçues, puis accompagnées les éco-entreprises de demain.
Implantés sur deux parcelles mitoyennes, les deux équipements du Pôle, une salle de conférences et une pépinière d'entreprises, sont complémentaires.
Le bâtiment de la salle de conférences compte trois salles de réunion d'une capacité de 30 personnes chacune et une salle de conférences de 156 places. La pépinière a une surface totale de 450 mètres carrés pour 250 mètres carrés de surfaces à louer. Soit 17 bureaux de 11 à 38 mètres carrés sur deux niveaux. La construction de la salle de conférences s'élève à 881.000 euros et celle de la pépinière d'entreprises à 802.465 euros. Pour ce pôle, l'apport des financeurs est le suivant : communauté de communes du Val-de-Drôme (emprunt) 25%, tandis que l'Europe apporte 15%, la région 20% (dont 13% au titre du Grand Projet Biovallée) et le département 20%. Car au-delà de son rôle d'architecture expérimentale et de vitrine, ce pôle met en œuvre un pari ambitieux : faire que se rassemblent, se forment et s'organisent les acteurs qui contribuent au changement social qu'implique le développement durable à cette échelle. Ce pari a été couché par écrit sous la forme d'un protocole auquel les quatre communautés de communes de la vallée et des communes indépendantes ont adhéré. Il fait l'objet d'un contrat avec la région Rhône-Alpes.

La Biovallée, "Fribourg rural" et territoire école

"Nous voulons faire de la Biovallée, expliquait au Quotidien de l'Environnement en 2008, Didier Jouve, vice-président de la région Rhône-Alpes sur le Grand Projet Biovallée, "un Fribourg rural". Fribourg est une ville du Bade-Wurtemberg qui a mis en oeuvre des modes de construction, de déplacement, des systèmes de production d'énergie positifs pour l'environnement. C'est un modèle visité comme d'autres quartiers, comme Bedzed en Angleterre, par ceux qui veulent construire des villes d'une manière nouvelle. Nous voulons que la Biovallée soit un territoire rural où l'on construira une nouvelle manière de fonctionner, de se déplacer, avec des activités comme l'agriculture biologique qui représente 15% de l'agriculture sur l'ensemble de la vallée, 25% sur le Diois, avec la viticulture, les plantes à parfum, les plantes aromatiques. Nous voulons aussi développer l'écoconstruction, les activités dans le domaine de la santé, des loisirs en milieu naturel, les activités de formation."
"Car, ajoute Jean Serret, maire d'Eurre et président de la communauté de communes du Val-de-Drôme, la question de la formation et de la transformation, par la formation initiale ou continue, de l'ensemble des activités et comportements des acteurs du territoire est au cœur du projet Biovallée. Le Pôle de connaissances doit être vu comme un "hub", c'est-à-dire le moyeu d'une circulation des connaissances sur un territoire qui se pense comme laboratoire et comme école. Tout à la fois lieu d'expérimentation et sujet de son propre projet. Territoire école et territoire apprenant. Il n'y a pas la volonté d'organiser la formation de façon centralisée. Mais plutôt d'aider chacun des sites actuels de formation (lycées, collèges, Greta) à se développer et à trouver sa vocation pour répondre aux besoins de toute la vallée sur ses propres thématiques. Lors de nos travaux antérieurs - par exemple, ceux reconnus internationalement par le Prix Riverprize 2005- sur la Drôme, rivière entièrement naturelle, nous avons commencé à collaborer avec des laboratoires de recherche. Aussi, notre projet d'Institut pour la gouvernance territoriale et l'aménagement durable du territoire dépendant du ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, associe des partenaires nationaux et régionaux de l'écodéveloppement et vise à faire de notre territoire un territoire école dans ces domaines. De la même façon, au niveau de la production, des groupes privés comme L'Oréal et Yves Rocher installent leurs équipes de recherche dans la vallée."

Les objectifs et la démarche des quatre communautés de communes

"Ce projet est la concrétisation de 30 ans d'expériences intercommunales, de démarches de développement local et d'initiatives citoyennes, d'entreprises, et de communes, explique Jean-Rochas, directeur des services de la communauté de communes du Val-de-Drôme. Il vise pour les cinq ans trois objectifs :
- faire de ce territoire un écoterritoire unique par la taille, par la qualité et par l'ampleur des problématiques traitées ;
- faire de ce territoire déjà très avancé (20% d'agriculture bio, plus d'un millier d'emplois hors agriculture...), le territoire des éco-activités ;
- faire de ce territoire le territoire école.
La Biovallée est une façon de structurer la société locale sur un espace territorial de 105.000 hectares où vivent 50.000 habitants répartis sur quatre communautés de communes : celle du Val-de-Drôme "CCVD" (36 communes), du Crestois "CCC" (3 communes), du Pays de Saillans "CCPS" (11 communes), du Diois "CCD" (52 communes) auxquelles devrait se joindre la ville de Crest (8.000 habitants). Concrètement, entre les intercommunalités, la démarche a été la suivante : deux d'entre elles, Diois et Val-de-Drôme, ont rédigé un pré-protocole exposant le "Grand Projet Rhône-Alpes-Biovallée" incluant  les 4 intercommunalités. Ce texte a été la matière du contrat avec la région. Puis une convention de partenariat entre les quatre communautés de communes a été signée. Dans la convention de partenariat entre les quatre communautés de communes, le financement de la mission d'animation de la Biovallée est prévu de la façon suivante (chaque collectivité mettra en place ses moyens d'animation, moyens mutualisés) :
- un chef de projets embauché à 80% par la CCD,
- un directeur à 20% et un secrétariat à 20% embauchés par la communauté de communes du CCVD, ainsi que les frais de déplacements de l'équipe de coordination et les voyages d'étude pour un coût annuel global maximum de 75.000 euros.
Moyens d'animation propres à la CCVD : un animateur à 0,25 (équivalent temps plein), pour un montant annuel de 15.000 euros dont  le financement sera pris en charge exclusivement par la CCVD. Chacun des territoires peut engager les études nécessaires à sa politique de développement, après approbation par le comité de pilotage, et sur ses propres financements. Si le comité de pilotage souhaite engager une étude politiquement partagée par les territoires, et sauf signature d'un avenant spécifique, la répartition du financement et de la maîtrise d'ouvrage se fera selon la clé de répartition proposée ci-dessous pour l'animation. Et cette façon de corriger les poids en habitants se poursuit au niveau de la répartition des voix dans le comité de pilotage du projet. Il y a donc une volonté d'équilibre des pouvoirs malgré le déséquilibre en habitants."


François Poulle, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Communauté de communes du Val de Drôme

Nombre d'habitants :

30000

Nombre de communes :

30
rue Henri-Barbusse
26400 Crest
ccvd@val-de-drome.com

Bérengère Léger

Chargée de mission Service Economie

Jean-Pierre Rochas

Directeur des services

Jean Serret

Maire de Eurre et président

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