Les artisans s’inquiètent du futur décret abaissant l'aide à l’embauche d’apprentis
Le ministère du Travail a annoncé le 30 décembre dernier par un communiqué la publication courant janvier d’un décret reconduisant l’aide aux employeurs embauchant des apprentis, mais dont le montant serait abaissé à 5.000 euros pour les PME de moins de 250 salariés et 2.000 euros pour les entreprises plus grandes. Un dispositif dont l’avenir était apparu fragilisé à l’occasion des débats parlementaires sur le projet de loi de finance (PLF) 2025.

© Adobe stock
Reconduite dans ses fonctions de ministre du Travail et de l’Emploi dans le gouvernement de François Bayrou, Astrid Panosyan-Bouvet a souhaité, dit-elle, poursuivre "la valorisation de cette voie d’excellence qui favorise l'insertion professionnelle des jeunes". Désormais, confirme le ministère, le montant de l’aide à l’embauche d’un apprenti sera ainsi de 5.000 euros au titre de la seule première année du contrat pour les entreprises de moins de 250 salariés et de 2.000 euros pour toutes les autres. L'ancien dispositif qui a expiré fin 2024 prévoyait une aide de 6.000 euros pour toutes les entreprises. Sans cette décision, précise le ministère, "l’aide n’aurait concerné que les contrats préparant à des diplômes de niveau bac et infra bac et pour les seules entreprises de moins de 250 salariés, soit moins d’un tiers des contrats".
Le gouvernement revendique le choix de "préserver une aide pour chaque contrat, quel que soit le niveau de diplôme préparé", sans autre condition pour les entreprises de moins de 250 salariés tout en conservant pour celles de plus de 250 salariés les conditions actuellement en vigueur, notamment s’agissant de la proportion de contrats d’alternance dans leur effectif total. Le communiqué précise par ailleurs que l’aide pour l’embauche d’apprentis en situation de handicap est maintenue à 6.000 euros et reste cumulable avec les aides spécifiques existantes.
La Capeb et l’U2P militent pour un ciblage vers les plus petites entreprises
Le décret, qui doit être publié courant janvier après la saisine de la Commission nationale de la négociation collective, de l’emploi et de la formation professionnelle, a fait réagir en premier lieu les organisations professionnelles représentatives des entreprises artisanales. Le président de la Capeb, Jean-Christophe Repon a tenu à saluer "l’écoute et l’action" de la ministre Astrid Panosyan-Bouvet dans un dossier qualifié de "très sensible". La Capeb se félicite ainsi de cette "confirmation du soutien aux entreprises" tout en rappelant que la priorité doit être donnée "aux seules entreprises de moins de 50 salariés" qui vont être, au final, affectées par la baisse de 6.000 à 5.000 euros de l’aide, a fortiori dans un secteur du bâtiment en très net repli. La Capeb s’était fortement mobilisée contre le projet initial "de réduction brutale" du soutien aux entreprises qui embauchent des apprentis, craignant le risque d’un coup de rabot touchant celles-ci "indistinctement de leurs effectifs et en fonction du niveau de diplôme des apprentis".
L’organisation représentant les entreprises artisanales du bâtiment souhaite désormais que ce décret à venir "soit une étape temporaire vers une concentration maximale des soutiens sur les entreprises de moins de 50 salariés qui en ont le plus besoin". Un discours auquel adhère CMA France qui évoque la nécessité d’un "ciblage stratégique" vers les TPE ainsi que vers les formations (niveau 3 et 4) "qui produisent une plus grande valeur ajoutée en matière d’insertion professionnelle". L’U2P (Union des entreprises de proximité) ajoute que les grandes entreprises sont "en capacité de former des apprentis sans recevoir d’aide spécifique" et s’étonne d’une mesure "prise dans la précipitation, sans attendre le discours de politique générale du Premier ministre" qui n’interviendra que le 14 janvier prochain. Elle regrette que cette décision n’ait pas été précédée d’une consultation des partenaires sociaux et va jusqu’à demander au gouvernement d’abandonner ce projet de décret.
CMA France alerte enfin sur l’impact sur l’emploi qu’une telle décision ne manquerait pas d’avoir. Son président, Joël Fourny, souligne le fait que "cette prime, jusqu’ici de 6.000 euros, s’avère nécessaire pour compenser le temps et la maîtrise d’œuvre investis par l’artisan dans le cadre du recrutement et de la formation de l’apprentis". À défaut, la tête de réseau des chambres de métiers anticipe "un risque bien réel de voir reculer le nombre de jeunes accueillis et formés par l’artisanat".