Les assistantes maternelles de l'Yonne montent en ligne

Désormais, les familles résidant dans le département peuvent choisir leurs assistantes maternelles sur internet. Le site créé par le conseil général - une première en France - permet en effet de connaître leurs disponibilités en temps réel. Il constitue aussi un moyen de valoriser cette profession.

Pour les parents en quête d'une assistante maternelle pour la garde de leur enfant, le parcours était jusqu'à présent jalonné de nombreuses étapes. Tout débute généralement par la consultation des listes d'assistantes maternelles agréées, à la mairie du domicile ou directement au service de protection maternelle et infantile (PMI), présent dans chacune des six unités territoriales d'action sociale. Liste et stylo dans une main, téléphone dans l'autre, les parents entament ensuite la seconde phase : trouver celle qui deviendra leur assistante maternelle. Un objectif rendu parfois difficile en raison de la nature même des informations figurant sur ces listes. Celles-ci comportent uniquement des renseignements administratifs relatifs à la localisation, au type d'agrément (à titre non permanent ou périscolaire), à sa validité et au nombre d'enfants susceptibles d'être accueillis. Des informations certes indispensables, mais pas toujours suffisantes pour permettre un choix ou effectuer une sélection. Une donnée essentielle manque à l'appel : la disponibilité.
Avec le site yonne-assmat.org, mis en ligne par le conseil général en juin 2003, l'horizon devrait rapidement s'éclaircir pour de nombreux parents. Ce nouvel outil permet, en effet, une recherche rapide sur la base de critères préalablement définis par l'internaute et - atout essentiel - propose des informations actualisées sur la disponibilité et la situation des assistantes maternelles.

Un projet original

L'origine de cette initiative menée par la direction des systèmes d'information (DSI) du département, en collaboration avec le service de PMI, remonte à deux ans. "A l'occasion d'un audit dans les différentes directions du conseil général, nous avons arrêté deux projets relatifs au fonctionnement et à l'organisation de la direction de la solidarité départementale", se souvient Christian Levesque, directeur des systèmes d'information. "Le premier concernait la territorialisation de l'action sociale et le second, la création d'un site internet permettant de faciliter les démarches des parents à la recherche d'une assistante maternelle." Pour Stéphane Morisot, du service de PMI, l'intérêt du projet est rapidement devenu évident : "Cinq années séparent la date de l'agrément et son renouvellement éventuel. Durant cette période, nous ne disposons pas toujours de renseignements sur la situation et la disponibilité des assistantes maternelles. Malgré les visites assurées au domicile par nos puéricultrices et notre engagement à réviser chaque situation au moins une fois à mi-parcours, ce délai est encore trop long pour permettre une vision complète de la situation des 2.300 assistantes maternelles du département agréées à titre non permanent." Un manque désormais comblé grâce au site internet, alimenté par les informations fournies par la PMI et, surtout, par les assistantes maternelles elles-mêmes, grâce à une procédure particulière.

Une assistante maternelle à la carte

En début d'année, chacune d'elles a reçu un dossier présentant les objectifs du futur site internet et les invitant à compléter une série de renseignements relatifs à leur situation personnelle. Les informations ainsi transmises sur la base du volontariat et avec accord de la Cnil, constituent une véritable fiche d'identité de l'assistante maternelle et des prestations qu'elle est susceptible d'assurer auprès des enfants. Des conditions d'accueil (type de logement, matériel de puériculture, voiture personnelle, télévision, trousse de soins...), à la situation familiale et professionnelle (formation initiale, nombre d'enfants...), en passant par les tarifs, les disponibilités actuelles et futures ou encore une photo personnelle, toutes les informations pratiques et utiles demandées sont destinées à faciliter les démarches des parents. "Sur les 2.300 assistantes maternelles du département, près d'un tiers ont répondu spontanément en complétant une grande partie des informations personnelles demandées", précise Christian Levesque. Pour les autres, seules les données administratives en possession du service de PMI sont mise en ligne :"Il s'agit de l'identité de l'assistante maternelle, de son adresse, de son numéro de téléphone, à condition que celui-ci ne figure pas sur liste rouge, du type et de la date d'agrément, ainsi que du nombre maximal d'enfants susceptibles d'être accueillis" indique Stéphane Morisot. Une fois toutes ces données en ligne, encore fallait-il trouver le moyen de les actualiser.

L'information en temps réel

Pour cela le conseil général a mis en place un dispositif particulier. Lors de chaque changement de situation, les assistantes maternelles ont la possibilité de faire modifier les informations les concernant sur le site internet. Pour cela, un numéro vert est mis à leur disposition par le conseil général. Muni d'un code d'accès, elles peuvent faire part de leurs nouvelles disponibilités ou, plus simplement, compléter les informations facultatives non transmises lors du lancement du site. Parallèlement, le service de PMI effectue une mise à jour mensuelle des informations dont il dispose, grâce notamment aux visites effectuées par les puéricultrices à domicile.
Pour les familles, le site internet devient ainsi une source d'information supplémentaire, plus riche que le simple listing consultable en mairie. Le site propose en effet une recherche géographique particulièrement performante. Les parents peuvent ainsi connaître l'ensemble des assistantes maternelles par commune ou, plus original, celles domiciliées sur un trajet préalablement défini. "Cela permet, par exemple, d'effectuer une recherche entre le domicile et le lieu de travail", souligne Stéphane Morisot. Les résultats sont présentés sur une carte, sur laquelle chaque assistante maternelle est symbolisée par une pastille correspondant à son lieu de résidence. Par un simple clic, l'internaute dispose alors de la fiche associée à l'assistante maternelle sélectionnée. Le site propose également des informations pratiques sur les différents types d'agréments délivrés par le conseil général, les relais assistantes maternelles du département, ainsi qu'une présentation de l'Union des familles d'accueil et des assistantes maternelles de l'Yonne (Ufaamy), un partenaire du conseil général associé pour l'occasion à l'élaboration du site internet.

Pascal Clouet / PCA pour Localtis

"Changer l'image de la profession"

L'Union des familles d'accueil et des assistantes maternelles de l'Yonne (Ufaamy) a participé à l'élaboration et à la définition du contenu du site internet yonne-assmat.org. Charlyne Badon, sa présidente, revient sur l'implication de l'association et la réaction des assistantes maternelles.

Quelle a été la contribution de l'Ufaamy à la création du site internet ?

Le conseil général nous a proposé de participer au comité de projet. Compte tenu de l'intérêt de la démarche et du service apporté aux familles dans la recherche d'une assistante maternelle, l'association s'est impliquée dans la définition et le contenu du site. J'ai participé à plusieurs réunions en présence de représentants du conseil général et de la CAF. A cette occasion, j'ai proposé que la recherche d'une assistante maternelle soit également possible entre le domicile et le lieu de travail des parents. Cette fonction multiplie les opportunités de contacts et correspond à une situation de plus en plus souvent vécue par les parents. Compte tenu d'un déficit d'assistantes maternelles dans certaines zones urbaines - comme Auxerre, Sens ou Migennes - et dans plusieurs secteurs ruraux, il semblait important que l'offre proposée aux parents soit élargie.

Comment les assistantes maternelles ont-elles réagi ?

Une fois le projet lancé, j'ai organisé plusieurs réunions d'information avec les adhérentes de l'association, afin de leur expliquer la finalité du site internet et de préciser la nature des informations qui leur seraient demandées. Sur ce point, les réactions ont différé. Certaines y ont vu un risque d'intrusion dans leur vie privée, même si les informations demandées sont facultatives. D'autres ont rapidement décelé l'intérêt d'un tel outil, non seulement pour les parents, mais également pour elles-mêmes, en tant que professionnelles de la petite enfance. Grâce aux informations données, elles ont la possibilité de valoriser leurs compétences, de faire part de leur expérience, ou de présenter avec précision leur cadre de vie et donc celui dans lequel les enfants accueillis vont évoluer. Elles sont actuellement une centaine a avoir communiqué des informations personnelles sur le site. Mais, depuis la rentrée, le bouche à oreille fonctionne bien et ce nombre devrait sans doute augmenter.

Quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontées les assistantes maternelles du département ?

Comme toutes les autres, elles souhaitent changer l'image de leur profession. Elles me disent régulièrement qu'elles ne sont pas considérées comme des personnes exerçant un métier. Cela tient notamment au fait qu'elles travaillent chez elle, d'une part, et avec des enfants, d'autre part. Elles attendent beaucoup de la réforme annoncée de leur statut, qui doit aller vers une plus grande professionnalisation de leur activité, grâce à différentes mesures en matière de rémunération et de formation. A ce manque de considération s'ajoute l'image traditionnelle de la nourrice bourguignonne du siècle dernier. La région du Morvan a longtemps accueilli un grand nombre d'enfants placés en nourrice. Mais cette image appartient au passé. Les assistantes maternelles à titre permanent se considèrent aujourd'hui comme des professionnelles, travaillant en collaboration avec les services sociaux du département.

Vers un nouveau statut pour les assistantes maternelles

En cours d'élaboration depuis le début de l'année, la réforme du statut des assistantes maternelles vient de franchir une nouvelle étape avec la présentation du projet de loi "Accueil et protection de l'enfance", lors du Conseil des ministres du 10 septembre 2003.

Au-delà de la mesure phare prévoyant la création d'un observatoire national de l'enfance maltraitée, le texte prévoit une mesure relative à l'amélioration des conditions d'activité des assistantes maternelles exerçant à titre non permanent. La modification du Code de l'action sociale et des familles leur permettra de pouvoir garder l'équivalent de trois enfants à temps plein au lieu de trois enfants - quel que soit le temps de garde des enfants - comme c'est le cas actuellement. Cette opportunité permettra d'accroître la rémunération, avec une augmentation potentielle de 15% environ. Avec l'entrée en vigueur - le 1er janvier prochain - de la prestation d'accueil du jeune enfant (Paje), cette mesure devrait augmenter l'offre de places et favoriser l'accès des personnes à revenus modestes à un mode de garde individuel.
Cette première étape sera complétée par une nouvelle série de mesures qui devrait être soumise au Parlement au premier trimestre 2004, Parmi elles figurent notamment la mensualisation des salaires, l'obligation d'un contrat écrit entre l'assistante maternelle et les parents, le droit effectif à congés, l'accès à une couverture maladie complémentaire et la possibilité de cotiser sur la base d'un temps plein pour le calcul de leur retraite. Dans le domaine de la formation initiale, les assistantes maternelles auront la possibilité de faire valider leurs acquis professionnels, afin d'obtenir un CAP petite enfance ou un diplôme équivalent.

Aller plus loin sur le web :
 
Le site des assistantes maternelles de l'Yonne.
http://www.yonne-assmat.org
 
Le site du conseil général.
http://www.cg89.fr

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