Les atouts parfois contrariés de l’alternance chez les jeunes issus des QPV

Le Céreq produit une analyse de l’enquête Génération sur les jeunes ayant quitté le système éducatif en 2017 pour évaluer le rôle de l’alternance dans l’accès à l’emploi des jeunes issus des quelque 1.500 quartiers prioritaires de la politique de la ville.

Si la voie de la formation professionnelle "améliore les chances d’accès à l’emploi et plus encore à l’emploi stable", le Centre d’études et de recherche sur les qualifications (Céreq), constate qu’elle n’efface pas l’ensemble des barrières qui se dressent devant les jeunes issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Premier constat : ces jeunes quittent le système éducatif moins diplômés que les autres et en ayant moins souvent suivi une formation en alternance, notamment au niveau du secondaire. En 2020, le taux de chômage des jeunes entre 15 et 29 ans issus des QPV restait deux fois plus important que dans les quartiers environnant, selon l’Observatoire national de la politique de la ville. Un faible niveau de diplôme en sortie d’études lui-même envisagé comme "un marqueur de caractéristiques socio-démographiques plus défavorisées".

Un constat d’éloignement des opportunités d’emplois

En 2020, 26% des jeunes résidant en QPV sont non-diplômés (contre 10% dans les quartiers voisins) et seulement 27% sont diplômés du supérieur (contre 54% dans les quartiers voisins). L’étude pointe un autre phénomène à l’œuvre : "l’éloignement des opportunités d’emplois" auquel s’ajoute l’inadaptation locale entre compétences et qualifications des demandeurs d’emplois par rapport à celles attendues par les entreprises. Sans compter, évoque le Céreq, "des pratiques discriminatoires" sur le marché du travail qui affectent les jeunes issus de ces quartiers.

Quel rôle peut alors jouer l’alternance dans ce paysage ? Si elle tend à favoriser une insertion professionnelle plus rapide en permettant le développement des compétences, elle reste cependant "plus difficile d’accès pour les jeunes des QPV". L’orientation des jeunes vers la voie professionnelle est souvent subie (pour 35% d’entre eux) avec pour conséquence qu’au final, seuls 9% d’entre eux signent un contrat d’apprentissage. En résumé, si l’alternance facilite l’insertion des jeunes issus des QPV, elle introduit dans le même temps "un nouveau sas de sélection déplacé en amont de la période d’insertion".