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Les centres-villes : quel enjeu pour les municipales ?

La montée en puissance de la revitalisation des centres-villes devrait constituer un enjeu important des futures élections municipales, selon un sondage CSA réalisé à l’occasion des Assises du centre-ville qui se tiennent à Pau, les 3 et 4 juillet.

Pour le député LREM de l’Hérault Patrick Vignal, qui brigue la mairie de Montpellier, le sondage arrive à point nommé. Pour 71% des Français, les maires sont "les acteurs les plus légitimes pour agir sur la modernisation des centres-villes", d’après le 4e "baromètre du centre-ville et des commerces" de l’institut CSA* pour le groupe Clear Channel et l’association Centre-ville en mouvement, que préside le député héraultais. C’est plus que les commerces de proximité (26%) et les citoyens eux-mêmes (20%).
Ce sondage a été réalisé en prévision des 14e Assises nationales du centre-ville qui se tiendront à Pau les 3 et 4 juillet, chez le patron du Modem, François Bayrou, maire de Pau. Et ce à quelques mois des élections municipales de mars 2020.
Autres enseignements pour les futurs candidats : 92% des sondés pensent que "la modernisation des centres-villes doit être un objectif important pour les maires". Et que le gouvernement doit s’y associer (83%). Et pour 31% des Français, c’est en glissant un bulletin de vote qu’ils comptent agir sur leur centre. Ainsi, la redynamisation des commerces arrive en troisième position des priorités des Français pour les prochaines municipales, derrière la sécurité et le cadre de vie, et devant les actions envers les personnes fragiles, la collecte des déchets et les transports en commun.

Un attachement croissant des Français pour leur centre

Selon ce même sondage, les maires en place ne partent pas gagnants : 44% des Français considèrent en effet que leur centre-ville est en déclin (+2 points). Une proportion qui monte à 54% parmi les villes de moins de 50.000 habitants. Mais ils manifestent aussi un attachement de plus en plus marqué pour leur centre : 72%, soit une progression de 14 points sur un an. "Je vois bien l'attachement qui réapparaît pour les centres-villes", s’est réjouie la ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault, lors de la présentation de cette enquête aux côtés de Patrick Vignal et de François Bayrou, le 26 juin. Elle peut en outre se féliciter de la relative notoriété du plan Action cœur de ville dont 42% des Français déclarent avoir entendu parler, alors qu’il ne profite qu’à 222 communes. Et 6 Français sur dix considèrent que la modernisation du centre est un objectif important pour le gouvernement. Sur le modèle de ce plan, Jacqueline Gourault travaille à un programme de revitalisation des centres-bourgs dont le démarrage se fait attendre depuis quelques mois. La ministre a ainsi annoncé son intention de vouloir s’occuper de Sancerre "connue pour des raisons viticoles" qui, du haut de ses 1.500 habitants, exerce des "fonctions de centralité" au carrefour entre le Cher, la Nièvre, le Loiret et l’Yonne.

Début du déclin des grands surfaces ?

La ministre a aussi dit avoir pu constater avec François Baroin, le président de l’Association des maires de France (AMF) et maire de Troyes, "le début du déclin de l’attrait des grandes surfaces". A cet égard, une réflexion est actuellement en cours autour de six villes retenues en 2018 dans un appel à projets baptisé "Repenser la périphérie commerciale" : Thiers, Saint-Quentin-en-Yvelines, Montigny-lès-Cormeilles, Limoges Métropole, Saint-Pierre (La Réunion), et la zone commerciale de la RD 113, dans les Bouches-du-Rhône, entre Rognac, Vitrolles et la Métropole Aix-Marseille Provence. Les conclusions de ce travail seront présentées à l’automne 2019. "Les centres commerciaux, c’est fini", n’hésite pas à dire Patrick Vignal, qui invite aussi les commerçants de centre-ville à "changer leurs pratiques". Le député a une nouvelle fois défendu son idée de "territoires financiers solidaires" (reposant sur des exonérations de taxes pour les commerçants dans des zones délimitées avec un lissage à l’échelle intercommunale). 

Une douzaine de villes ont signé une ORT

Face à ces enjeux de revitalisation, les maires disposent des nouveaux outils de la loi Elan du 23 novembre 2018, à commencer par l’Opération de revitalisation de territoire (ORT). La loi donne la possibilité aux maires engagés dans une ORT de demander au préfet la suspension de projets de grandes surfaces en périphérie. Cette idée de "moratoire" est toujours en attente d’un décret qui est actuellement examiné par le Conseil d’Etat, a précisé Rollon Mouchel-Blaisot, le directeur du programme Action cœur de ville.  Il devrait sortir "cet été". Ce sera le dernier décret en attente du volet urbanisme commercial de la loi. "C’est aussi pour donner un signal aux opérateurs et leur dire : on est en train de changer de modèle", a déclaré le préfet. Une douzaine de villes viennent de signer une ORT. Et si,  dans nombre des 222 communes d'Action coeur de ville, de nouveaux projets de centres commerciaux vont continuer de sortir de terre, "ce sont des projets commerciaux qui remontent souvent à de nombreuses années",  a assuré Rollon Mouchel-Blaisot.

La revitalisation des centres-villes est "le sujet essentiel pour beaucoup de maires, notamment de villes moyennes", a commenté François Bayrou, qui s’enorgueillit d’avoir inversé le déclin démographique de Pau, dont il veut faire une "capitale à taille humaine".

*Enquête CSA pour Centre-Ville en mouvement et Clear Channel réalisée en ligne du 2 au 10 mai auprès de 1.006 personnes, selon la méthode des quotas.