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Aménagement des territoires - Les communes rurales face à la pénurie de dentistes

Déjà confrontés à une pénurie de médecins, les territoires ruraux vont également manquer de dentistes. La France comptait 40.300 chirurgiens-dentistes au 31 décembre 2006, révèle une étude de la Direction de la recherche et des études (Drees), mais leur nombre par habitant a entamé sa décrue avec 67 praticiens pour 1000.00 habitants en 1990 contre 65 aujourd'hui. A horizon 2030, si rien n'est fait d'ici là, ils ne seraient que 40 pour 1000.000, pour un total de 27.000. "La diminution soutenue des entrées, consécutive au numerus clausus instauré depuis 1971, a en effet entraîné une réduction de la présence des jeunes générations" et par conséquent "un vieillissement marqué de la profession", note la Drees. L'âge moyen dans la profession est ainsi passé de 42 ans en 1990 à 47 ans en 2006. La profession pourrait continuer de vieillir jusqu'en 2015, avant de rajeunir et de retrouver en 2030 le même niveau qu'en 2006 (48 ans). Mais parallèlement, le nombre de dentistes partant à la retraite est appelé à fortement augmenter dans les quinze années à venir, passant de 1.300 en 2007 à 1.650 par an au début des années 2020.
La pénurie en vue est en réalité déjà bien présente dans certains territoires. Les densités régionales varient du simple au double entre les régions les mieux loties (Paca, Corse, Midi-Pyrénées), avec entre 80 et 90 praticiens pour 100.000 habitants, et les moins pourvues (Haute et Basse-Normandie, Picardie et DOM) qui n'en comptent que 40 pour 100.000. Au niveau des départements, les disparités sont encore plus fortes : la Creuse, l'Orne, la Somme, la Haute-Saône, la Manche et les départements d'outre-mer détiennent la lanterne rouge avec une densité de 35 pour 100.000 contre 136 dans la capitale. Et la densité tombe à 20 dans les communes rurales. "Les chirurgiens-dentistes, à l'instar de nombreuses professions libérales, privilégient très nettement les pôles urbains au détriment des communes périphériques ou multipolarisées", constate la Drees.
Il devient donc impératif selon elle de réévaluer le numerus clausus fixé aujourd'hui à 977 places par an. Le fait de le porter à 1.500 étudiants permettrait à peine de freiner le phénomène : la densité serait alors de 51, soit un quart de moins qu'aujourd'hui. La Drees s'interroge en outre sur la capacité des unités de formation à absorber des effectifs supplémentaires alors qu'elles ont déjà encaissé la sixième année d'internat à moyens constants. Mais la solution réside également dans la capacité des territoires ruraux à attirer de nouveaux praticiens.

Michel Tendil

 

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