Départements - Les conseils généraux ont élu leurs présidents
L'élection, ce jeudi 20 mars, des présidents des conseils généraux s'est traduite comme prévu par le basculement de plusieurs départements, augmentant la majorité que la gauche détenait déjà depuis 2004 en termes d'exécutifs départementaux. Huit départements sont ainsi passés de droite à gauche : l'Ain, l'Allier, l'Indre-et-Loire, le Lot-et-Garonne, les Deux-Sèvres, la Somme, le Val-d'Oise et la Corrèze. Contre un seul passé de gauche à droite, les Hautes-Alpes. Sans compter Mayotte, dont l'UMP prend la présidence avec l'élection d'Ahmed Attoumani Douchina, qui succède à Saïd Omar Oili, sans étiquette.
Ainsi, en Indre-et-Loire, Claude Roiron, élue de Tours, qui a été choisie, devient la deuxième femme socialiste à présider un conseil général. Le département des Deux-Sèvres sera désormais dirigé par le socialiste Eric Gautier, tandis que l'Ain a porté à sa tête Rachel Mazuir (PS). Christian Manable (PS) a été élu dans la Somme, Pierre Camani (PS) dans le Lot-et-Garonne et Didier Arnal (PS) dans le Val-d'Oise. Dans l'Allier, c'est le communiste Jean-Paul Dufregne qui présidera désormais aux destinées du département. Avec la réélection jeudi de Christian Favier dans le Val-de-Marne, le PCF garde la présidence de deux départements, malgré la perte de la Seine-Saint-Denis, où le socialiste Claude Bartolone a été élu. Dans l'après-midi, on a aussi voté en Corrèze, pour élire le premier secrétaire du PS, François Hollande, par 19 voix contre 18 au président sortant UMP Jean-Pierre Dupont, qui gérait le département depuis 22 ans. Dans les Hautes-Alpes, c'est en revanche l'UMP Jean-Yves Dusserre qui l'a emporté avec 16 voix contre 13 au candidat soutenu par le PS. Dans la précédente assemblée, la gauche ne détenait la présidence qu'au bénéfice de l'âge.
Beaucoup de nouveaux venus
C'est également au bénéfice de l'âge que la droite a conservé le Jura, où elle n'est plus majoritaire que d'une voix. C'est le divers-droite Jean Raquin, 72 ans, qui a été élu. Jean Castaings a été élu président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, lui aussi au bénéfice de l'âge, le département restant dirigé par la majorité MoDem/UMP sortante. L'ancien président Jean-Jacques Lasserre (MoDem), candidat de la majorité sortante, était opposé lors des deux premiers tours de scrutin à Georges Labazée (PS). Quant au conseil général des Hautes-Pyrénées, présidé depuis 1992 par François Fortassin (PRG), il est resté à gauche mais a élu au troisième tour et au bénéfice de l'âge la candidate PS Josette Durrieu, qui fêtait ce jour son 71e anniversaire.
La Côte-d'Or, dont la présidence du conseil général dépendait du vote d'un nouvel élu MoDem, est finalement restée à droite, élisant à sa tête le député et président du groupe Nouveau Centre à l'Assemblée nationale, François Sauvadet. Celui-ci a été élu au second tour avec 22 voix contre 21 pour son adversaire socialiste Jean-Claude Robert. Le sénateur UMP Louis de Broissia, vice-président de l'Assemblée des départements de France (ADF), a donc cédé la présidence, qu'il détenait depuis 1994, à son vice-président centriste.
Sans changer de couleur politique, quatorze départements ont élu de nouveaux présidents. En Charente-Maritime, c'est le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau (UMP), qui a été élu avec 28 voix sur 51. En Savoie, Hervé Gaymard (UMP), ancien ministre de l'Economie, reprend la tête d'un département qu'il avait déjà dirigé de 1999 à 2002. Dans le Bas-Rhin, Guy-Dominique Kennel (UMP) succède au vice-président du Sénat, Philippe Richert (UMP). Arnaud Montebourg (PS) s'installe à la tête de la Saône-et-Loire en lieu et place de Christophe Sirugue, qui abandonnait son fauteuil du fait de son élection au premier tour des municipales de Châlon-sur-Saône. Jean-Claude Luche (UMP) succède quant à lui dans l'Aveyron à Jean Puech, qui ne se représentait pas. Vice-président du conseil général sortant, Jean-Claude Luche a été élu au troisième tour de scrutin avec 25 voix contre 21 pour l'ancienne préfète Anne-Marie Escoffier (SE).
Se "faire entendre"
Dans une grande majorité de départements, ce "troisième tour" des cantonales a en fait donné lieu à la reélection du président en place. Le secrétaire général de l'UMP, Patrick Devedjian, a été réélu président des Hauts-de-Seine, où il était le seul candidat de la droite, en présence du nouveau conseiller général de Neuilly-sud, Jean Sarkozy, entouré d'une nuée d'objectifs. Réélection aussi pour le président du Sénat, Christian Poncelet (UMP), qui entame son dixième mandat dans les Vosges à près de 80 ans.
Parmi les réélus figurent également Jean-Noël Guérini (PS) dans les Bouches-du-Rhône, Jean-Michel Baylet, président du PRG, dans le Tarn-et-Garonne, Jean-Louis Bianco (PS) dans les Alpes-de-Haute-Provence, Claudy Lebreton (PS), président de l'ADF, dans les Côtes-d'Armor. Réélue également, Anne d'Ornano (UMP) dans le Calvados. Elle sera désormais, à droite, la seule présidente, sa collègue de la Réunion, Nassimah Dindar (UMP), s'étant vu préférer un autre candidat pour l'élection. Celle-ci n'a pu avoir lieu jeudi faute de quorum et a été repoussée à dimanche. Dans les DOM toujours, en Guyane, c'est Alain Tien-Long (DVG) qui a été élu jeudi, succédant à un autre DVG, Pierre Désert.
L'ancrage à gauche de la majorité des conseils généraux va amener l'ADF à se "faire entendre" du gouvernement sur les réformes à venir, a déclaré jeudi le président de l'ADF, Claudy Lebreton (PS). "Jusqu'à présent, on nous écoutait seulement mais on n'en tenait pas compte. Désormais, nous entendons assurément être acteurs de la négociation", a-t-il insisté, tout en assurant que l'association "assumera ses responsabilités dans le respect du pluralisme, avec le souci de prendre en compte la diversité des départements".
C.M., avec AFP