Plan de relance - Les écoles rurales veulent toutes passer au numérique !

Inaugurant la première des 5.000 écoles bénéficiant de l'opération "Ecoles numériques rurales" lancée fin mars, Xavier Darcos s'est félicité de l'intérêt massif que celle-ci a suscité auprès des petites communes et n'exclut pas une rallonge budgétaire pour pouvoir satisfaire toutes les demandes.

Les communes de moins de 2.000 habitants et les académies se sont bien mobilisées. Quelques semaines seulement après le lancement de l'opération "Ecoles numériques rurales", le 31 mars dernier, une liste d'intention de 5.000 communes éligibles est disponible, réparties selon des critères équitables par académie et par département. Le ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, s'en est réjoui, ce 19 mai, à l'occasion de l'inauguration de la première des 5.000 écoles numériques prévues dans le cadre du plan de relance. "Cette dotation de 9.000 euros d'équipements informatiques et 1.000 euros de ressources numérisées va améliorer l'avenir de nos élèves, réduire la fracture numérique des enfants qui n'ont pas encore internet à la maison et réduire la fracture rurale en apportant à notre école les mêmes services que dans un établissement parisien", a remercié Yves Depouhon, maire de Vermenton. L'école de ce bourg de 1.200 habitants situé à proximité d'Auxerre (Yonne) dispose, depuis jeudi dernier, d'un tableau blanc interactif installé à la BCD et d'une douzaine de PC portables dans deux malles à roulettes. Les ordinateurs sont reliés au serveur académique sécurisé en Wi-Fi et via l'ADSL haut débit (le répartiteur se trouve à 50 mètres). La commune a consacré 5.000 euros à l'opération car elle a souhaité "mettre le paquet en ajoutant 4 ordinateurs et en retenant des modèles à écrans 15 pouces au lieu des 10 ou 12 pouces minimum préconisés dans le cahier des charges très complet du ministère", a précisé le maire. "Cette opération complète bien l'effort que mène le département dans le cadre d'un schéma numérique pour l'aménagement en haut débit du territoire. Elle tombe à pic puisque nous équiperons, avant la fin de l'année, le NRA ZO d'un village proche d'ici dont l'école est également éligible", a souligné Jean-Marie Rolland, le président du conseil général de l'Yonne. "Je sais que déjà bien plus des 72 communes maximum ont répondu dans notre département", a expliqué Jean-Claude Lemaire, président de l'Association des maires ruraux de l'Yonne. Il faut dire que l'AMRF (Association des maires ruraux de France) a fait un bel effort de communication en envoyant des courriels à tous ses adhérents et par l'intermédiaire de son journal papier "36.000 communes". "Cela prouve que les élus ruraux savent se montrer réactifs : les maires ne sont pas hostiles aux TIC. Ils sont prêts à s'engager même s'ils ne peuvent pas toujours tout financer tout seuls...", a-t-il conclu.

Des offres industrielles "clés en main"

Alors simple effet d'aubaine ou cercle vertueux ? "Il faudra faire d'autres plans car nous sommes dépassés par les demandes !", a reconnu le ministre. "Pourtant 50 millions, ce n'est déjà pas rien. Mais s'il faut continuer, nous le ferons, même indépendamment d'un autre plan de relance." Dans l'entourage du ministre, on se réjouissait de cette réussite et de sa rapidité. Cela pourrait donner des arguments pour solliciter à nouveau une enveloppe budgétaire dans le cadre du plan de relance : "Après tout, d'autres ministères ont obtenu des enveloppes bien plus conséquentes et avec des résultats moins rapides et moins visibles !" En outre, lorsque les communes rurales sont soutenues par les politiques des départements, l'effet semble amplifié. Ce serait le cas dans le département de la Vendée, par exemple. Cette opération "d'une conception pédagogique, républicaine et pas seulement numérique", selon les termes du ministre, pourrait bien apporter un coup de pouce aux volets "usages et services" des plans départementaux et régionaux d'aménagement numérique des territoires. Autre effet induit : le cahier des charges très explicite du ministère a conduit les industriels à élaborer des offres multipartenariales pour y répondre. Une dizaine de solutions "clés en main" sont déjà disponibles. Neutralité de l'Etat oblige, ces offres ne sont visibles qu'à partir des sites portail des équipementiers, des opérateurs de télécommunications ou des revendeurs de solutions : Intel, Microsoft, Apple, bien sûr, mais aussi Orange ou Nextiraone. Rappelons que la moitié des écoles sont dans des communes de moins de 3.500 habitants. Le rapport remis par la Cour des comptes ("Les communes et l'école") en décembre 2008, ainsi que celui sur "La contribution des nouvelles technologies à la modernisation du système éducatif" de la Mission d'audit de modernisation publié en mars 2007 et celui sur l'"Ecole numérique" de la mission e-Educ (rendu public en mai 2008) confirmaient bien le retard du premier degré en matière d'équipements informatiques. Depuis deux à trois ans, le ratio de un ordinateur pour 12,5 élèves en moyenne dans les écoles publiques du territoire national est stable. Au Royaume-Uni, la moyenne est de un ordinateur pour 6 élèves dans le primaire. En ce qui concerne le nombre de tableaux blancs interactifs (TBI), la différence est encore plus flagrante : 10.000 TBI sont installés dans les écoles françaises, contre pratiquement 500.000 au Royaume-Uni et 18.000 au Mexique. Avec ou sans aide financière conséquente, la mobilisation des associations d'élus et la maturité des offres packagées devraient faciliter durablement la diffusion des technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement (Tice) en zone rurale.

Luc Derriano / EVS

 

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