Archives

Infrastructures - Les élus bretons montent au créneau contre la remise en cause de la gratuité du réseau routier

Dans une interview au journal Les Echos du 24 avril, Pierre Coppey, le PDG de la société d'autoroutes Cofiroute, a indiqué vouloir "proposer à l'Etat [...] d'élargir le périmètre des concessions autoroutières pour financer des dossiers d'infrastructures comme l'entretien ou l'élargissement de la Francilienne ou des quasi-autoroutes bretonnes, payées par le contribuable et gratuites pour l'usager". 

Cette proposition a soulevé de nombreuses réactions chez les élus locaux. Claudy Lebreton, président du conseil général des Côtes-d'Armor, s'est déclaré hostile à tout péage. Quant à Gérard Lahellec, vice-président du conseil régional de Bretagne chargé des infrastructures et des transports, il a indiqué dans un communiqué le 29 avril qu'"en Bretagne, même à titre gratuit, les routes ne sont pas à vendre". Selon lui, "la discrimination positive appliquée au territoire en matière de desserte routière, qui est une dimension d'utilité publique pour tout le territoire breton, doit se poursuivre et s'adapter aux conditions de notre temps, c'est-à-dire jusqu'à une discrimination tarifaire positive pour la desserte par camion du territoire où la place du ferroviaire, à la reconquête duquel les collectivités s'impliquent, ne représente que 3% des flux. Le principe de l'égalité dans une république moderne, c'est de traiter de manière égale les situations identiques et de manière inégale les situations différentes".

Le contexte breton relève en effet d'une dimension historique puisque c'est le  général de Gaulle qui a accordé à la région, lors du "plan routier breton", la gratuité du réseau au titre du désenclavement. La proposition du PDG de Cofiroute semble oublier que les collectivités territoriales et notamment les départements peuvent également être décideurs en ce domaine, et ce depuis les transferts de voirie opérés par la loi du 13 août 2004 sur les libertés et responsabilités locales. Tel est notamment le cas de l'axe Rennes-Saint-Malo transféré au conseil général d'Ille-et-Vilaine.

Cette déclaration relance le débat sur la mise en place de péages sur la voirie appartenant aux collectivités territoriales. Le Sénat, se fondant sur le modèle britannique, avait déjà proposé lors des discussions relatives à la loi du 13 août 2004 que les collectivités territoriales puissent avoir la possibilité de faire payer les utilisateurs des infrastructures routières de leur territoire. Cet amendement avait alors suscité de nombreux débats et n'avait pas été adopté.


Virginie Verdier-Bouchut / Proximum

 

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis