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Culture - Les emplois du secteur culturel : dynamiques, masculins, surdiplômés et franciliens

Le département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS) du ministère de la Culture et de la Communication publie, dans sa série "Cultures Chiffres", une étude sur "Vingt ans d'évolution de l'emploi dans les professions culturelles, 1991-2011". Cette publication élargit le champ d'une précédente étude - "Tendances de l'emploi dans le spectacle" - publiée en février dernier, mais qui se cantonnait à une partie seulement de l'emploi culturel (voir notre article ci-contre du 21 février 2014). En outre, cette nouvelle étude, d'une trentaine de pages, ne se contente pas d'une approche quantitative en termes d'effectifs, mais s'attarde aussi longuement sur la sociologie des professions culturelles

Une "expansion exceptionnelle"

Côté quantitatif, l'étude constate qu'"au cours des vingt dernières années, les effectifs en emploi des professions culturelles ont connu une expansion exceptionnelle, bien plus importante que celle de l’ensemble des actifs". Les chiffres parlent d'eux-mêmes : Entre 1991 et 2011, le nombre de personnes déclarant exercer, à titre principal, une profession culturelle est passé de 381.000 à 573.000, soit une progression de 50%. Du coup, les professions culturelles représentent désormais 2,2% des actifs en emploi. Cette hausse de l'emploi est à comparer à celle de l'ensemble de la population active sur la période, soit 16%.
Si presque toutes les professions culturelles ont vu leurs effectifs progresser - à l'exception des archivistes (-38%) et des artisans d'art (-28%) -, les écarts sont néanmoins importants entre catégories. La hausse la plus forte concerne le secteur du spectacle, "porté par la montée en puissance du régime de l’intermittence". Cette dernière a d'ailleurs concerné davantage les professionnels techniques que les artistes.

Un secteur à la fois plus jeune et plus vieux

En termes sociologiques, les professions culturelles restent "un univers masculin qui s'ouvre lentement aux femmes". Ce secteur s'est certes féminisé - comme l'ensemble de l'emploi -, passant sur la période de 39% à 43% des effectifs, mais cela reste en deçà de la moyenne nationale de 48%. Le secteur le plus féminisé est celui des professions de l'archivage, de la conservation et de la documentation (76% de femmes en 2011), tandis que les moins féminisés sont l'architecture (33%) et le spectacle (33%, essentiellement du fait des techniciens).
En termes d'âge, les professions culturelles se caractérisent par une proportion de jeunes et de seniors plus élevée que pour l'ensemble des actifs. Ainsi, 47% des intéressés ont moins de quarante ans, contre une moyenne de 40%. A l'inverse, les caractéristiques de certaines professions culturelles font que la proportion de plus de 65 ans y est très nettement plus élevée que la moyenne : c'est le cas de 13% des plasticiens, de 8% des auteurs littéraires et des traducteurs et de 5% des architectes (contre 1% pour l'ensemble des actifs).
En termes socioprofessionnels, 49% des personnes travaillant dans la culture ont un père cadre, contre 25% pour l'ensemble des actifs. Elles sont aussi sensiblement plus diplômées : 41% des professionnels du secteur sont en effet titulaires d’un diplôme de niveau égal ou supérieur à bac+3, contre seulement 19% de l'ensemble des actifs.

Le parisianisme résiste toujours, l'emploi précaire aussi

En termes géographiques, 42% des personnes exerçant une profession culturelle habitent aujourd’hui en région parisienne, soit plus du double de l’ensemble de la population active en emploi. Mais cette tendance à la concentration s'atténue légèrement sous l'effet des politiques culturelles en régions. Le "parisianisme" le plus poussé concerne les entreprises de production et de diffusion audiovisuelle (63%), mais aussi les journalistes et le monde de l'édition.
Enfin, une autre caractéristique forte du secteur culturel réside dans l'importance du statut d'indépendant : un tiers des actifs exercent leur métier sous statut non-salarié, soit près de trois fois plus que la population active dans son ensemble. Cette proportion monte à 79% chez les artistes plasticiens et à 56% chez les architectes (contre 65% il y a vingt ans). Chez les salariés, la part des emplois courts et du travail à temps partiel a doublé en vingt ans (comme chez le reste des salariés), mais - partant d'un niveau déjà plus élevé en 1991 - elle est nettement plus élevée (30% de contrats courts et 26% de temps partiel) que dans l'ensemble de la population active.

 

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