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Environnement - Les Etats généraux du paysage attendent des engagements concrets

"Proposer des réponses contemporaines adaptées à la spécificité des sites et des lieux (...), afin de dépasser le simple constat de la transformation d'un paysage trop souvent subi" : telle était l'ambition du collectif qui a organisé les premiers Etats généraux du paysage, qui ont rassemblé près de 450 personnes le 8 février au Conseil économique et social à Paris.
Suite à des réflexions conduites par des groupes de travail associant les nombreux acteurs du paysage en France, une quinzaine de recommandations concrètes ont été formulées et débattues au cours de ces Etats généraux. "La réglementation existante n'étant pas suffisante pour produire un paysage contemporain de qualité, il est primordial de développer une véritable démocratie de projet et de mettre en oeuvre une politique de fond cohérente, inscrite dans la durée", a plaidé Pierre-Marie Tricaud, président de la Fédération française du paysage.
"Faire des projets paysagers de territoire est la traduction de notre degré de civilisation locale. Plus qu'un décor, le paysage est une étoffe qui entoure les habitants, c'est la traduction d'un savoir-être ensemble, auquel les gens sont de plus en plus sensibles, estime Thierry Geffray, président de la communauté de communes du Diois. Les intercommunalités pourraient être les chefs de file de ces projets paysagers qui nécessitent un travail de coordination des différents acteurs territoriaux en associant les habitants."

Pour une vraie politique du paysage

Les promoteurs des Etats généraux du paysage appellent l'Union européenne à signer rapidement la Convention européenne du paysage. "Il faut que la Convention trouve sa traduction dans notre droit et dans nos politiques et que la réglementation soit appliquée et étendue à tous les paysages et pas seulement aux sites remarquables", a insisté François Pitron, directeur de Rivages de France. La nécessité d'une véritable politique nationale du paysage apparaît essentielle. Pour Paule Albrecht, présidente de la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France (SPPEF), "les services de l'Etat doivent travailler de manière interministérielle sur ce sujet pour édicter les règles" car "il n'est pas normal, par exemple, qu'au moment où l'on a décidé de développer l'éolien, l'Etat ne se soit pas investi davantage. Il a fallu que des associations se mobilisent pour réclamer des études d'impact, des cônes de vue quand il y avait un bâtiment classé, etc. Et l'on réitère la même chose avec le solaire."
Autre enjeu clef des Etats généraux du paysage : arriver à mettre un terme au gaspillage des ressources foncières en réussissant à assurer une protection pérenne de certains espaces agricoles et naturels. "Le zonage est une solution mais en milieu urbain, il peut être un obstacle à la mixité. Plus que jamais, il faut raisonner en termes d'articulation entre l'urbain et le rural lorsque l'on aborde la question de nos ressources", a rappelé Jacques Rousseau-Dufour, président de la Fédération des conservatoires d'espaces naturels. Pour Kléber Rossillon, président de la Fédération nationale des associations de sauvegarde des sites et ensembles monumentaux (Fnassem), la situation la plus préoccupante est celle du périurbain. "Derrière la multiplication des permis de construire, la promotion des maisons à 100.000 euros, il y a la recherche de terrains pas chers, loin des villes. Cela ne contribue pas à la préservation des espaces naturels." 
"La dégradation des paysages a un coût pour les acteurs locaux et pour toute la société, la France étant une destination touristique majeure, a rappelé André Thévenot, membre du groupe de l'Agriculture du Conseil économique et social et président de la FNSafer, en conclusion des Etats généraux. Nous avons formulé des recommandations et nous devons maintenant mobiliser les décideurs - candidats à l'élection présidentielle, parlementaires, présidents de conseils régionaux et généraux, associations d'élus, ministères...- pour qu'elles se concrétisent."


Anne Lenormand

 

 

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