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Les Français ont un sentiment de désunion nationale

A six mois de l’élection présidentielle, le deuxième Baromètre des territoires Elabe fournit un instantané précis de l’état d’esprit des Français. Des Français las de la crise sanitaire qui s’éternise et qui se recentrent sur la sphère familiale. 8% d’entre eux ont déménagé depuis le début de l’épidémie.

De la crise des gilets jaunes à la crise sanitaire, les inégalités sociales et territoriales ne se sont pas creusées. En revanche, le sentiment de désunion nationale s’est aggravé. C’est ce que montre la deuxième édition du Baromètre des territoires, réalisé par Elabe et l’Institut Montaigne avec la SNCF, publié le 16 novembre, trois ans après un premier état des lieux. Les deux tiers des 10.000 personnes interrogées considèrent ainsi que ce qui divise les Français est plus fort que ce qui les rassemble. Ainsi, 7 Français sur 10 ont le sentiment qu’il n’est plus possible de débattre sereinement, que ce soit chez les politiques, sur les plateaux télé ou entre proches. "La crise sanitaire et son cortège d’incertitudes et d’hésitations, la question vaccinale et le pass sanitaire sont les nouveaux objets de désunion", analysent les auteurs du baromètre. Si 64% des Français sont favorables au pass sanitaire, 36% y sont opposés, un taux qui monte à 44% en Occitanie et en Paca. A ces sujets de querelles s’ajoutent des irritants ou incivilités, comme le harcèlement de rue, la conduite sous emprise d’alcool, les déchets jetés par terre, les crachats, la musique dans les transports en commun… Autant de motifs de "grandes colères".

La santé, première des préoccupations

Dans cette France désunie et marquée par la crise sanitaire, la santé est devenue le sujet de préoccupation personnelle numéro 1 des Français (avec 37% de citations), suivi du pouvoir d’achat (31%), de l’insécurité (28%), de l’environnement à égalité avec l’immigration (23%)… Mais à la peur du virus a succédé un sentiment de lassitude, une envie de "tourner la page", un "ras-le-covid"… Les Français se recentrent sur leur "premier cercle", la proximité. La famille devient un asile et occupe une place plus importante qu’avant la crise. Avoir des relations régulières avec la famille devient un "essentiel" pour mener une vie épanouie, de même que prendre soin de ses proches. Une "déclaration d’amour" qui traverse toutes les générations, toutes les catégories sociales et tous les territoires. Les Français deviennent plus casaniers : "le rêve de tour du monde a vécu."

Départ vers les villes moyennes

Cette recherche d’un "cocon" alimentée par les confinements successifs a donné lieu à "un réel mouvement de départ des grandes agglomérations des grandes agglomérations vers les villes moyennes notamment". 8% des Français ont déménagé suite à la crise Covid, pour rechercher un meilleur cadre de vie. Et 19% ont l’intention de franchir le pas. Les jeunes couples habitant dans les grandes agglomérations sont ici surreprésentés. Cette envie de déménager atteint 29% dans l’agglomération parisienne et 21% dans les autres agglomérations de plus de 100.000 habitants.  Elle représente toutefois 14% dans les zones rurales et les petites villes. Marqueur de ce recentrement sur soi, l’aspiration à la souveraineté de la France pour produire "fait aujourd’hui tomber tous les clivages" et rassemble 8 Français sur 10. Seulement 18% considèrent que la France doit continuer à échanger avec le monde entier…
C’est en Ile-de-France que l’attachement à la région est le plus faible (44% contre une moyenne de 57%). Les Bretons sont de loin les plus enracinés avec 78% de satisfaction (+1 point), devant les habitants de Paca (64%, -3 points).

36% des Français ont du mal à boucler leurs fins de mois

Malgré le marasme actuel, près de 8 Français sur 10 se disent heureux (38% se disent même "très heureux"). Mais ce sentiment cache de fortes disparités sociales, plus que territoriales. 36% des Français ont du mal à boucler leurs fins de mois et 39%, sans se restreindre, ne parviennent pas à mettre de l’argent de côté, sachant que le baromètre a été réalisé en octobre, avant la hausse du prix de l’énergie. Un Français sur deux estime que la promesse républicaine d’ascenseur social n’est pas tenue, mais cette proportion chute de 9 points depuis la crise des gilets jaunes. Le télétravail apparaît comme la source de nouvelles inégalités catégorielles : il concerne 76% des cadres contre 37% des employés.
La sécurité s’impose comme un sujet majeur : 47% des Français jugent qu’on en parle pas assez (premier thème) mais ils aspirent avant tout à du "respect". L’inquiétude écologique va grandissante. Le dérèglement climatique et les pollutions s’imposent comme les premières menaces pesant sur "le premier cercle". Les Français attendent à cet égard des changements importants.

 

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