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Sécurité - "Les gardes champêtres sont de véritables policiers de la ruralité"

Quelque 300 gardes champêtres se sont réunis ce samedi 19 mai à Arques-la-Bataille en Seine-Maritime, pour l'assemblée générale annuelle de leur fédération nationale. Ce fut l'occasion de rappeler leurs revendications, notamment en faveur d'un meilleur déroulement de carrière. Le point de vue de Jacques Armesto, garde champêtre et président de la fédération.

 

Localtis - Depuis la loi du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité, les groupements de communes peuvent recruter des gardes champêtres. Les EPCI ont-ils utilisé cette possibilité ?

Jacques Armesto : Une dizaine de brigades intercommunales de gardes champêtres ont été créées en cinq ans. C'est insuffisant. Le Haut-Rhin, où l'on compte 61 gardes champêtres intercommunaux, a été un département précurseur. Leur travail donnant entière satisfaction, nous nous demandons pourquoi ils n'ont pas fait plus d'émules. Mais certains territoires - Bolbec en Seine-Maritime ou la communauté de communes du Clermontais dans l'Hérault, par exemple - ont compris l'intérêt de disposer de gardes champêtres pour des zones périurbaines et rurales, en complémentarité de la police municipale en milieu urbain. Les compétences des policiers municipaux ne sont pas, en effet, toujours adaptées au monde rural, alors que les gardes champêtres sont de véritables policiers de la ruralité.

Quels sont les atouts des gardes champêtres ?

Nous avons des compétences reconnues en matière de sécurité publique. Aussi, sommes-nous en capacité de répondre aux inquiétudes des maires, lesquels n'ont pas toujours les moyens suffisants de faire face à la montée de la délinquance en milieu périurbain et rural : la ruralité a fait les frais de la redéfinition du maillage des forces de police et de gendarmerie. De plus, nous avons de larges compétences en matière d'environnement pour faire respecter la réglementation relative aux activités de pêche et de chasse, ainsi que la circulation dans les espaces naturels, au moment où les loisirs motorisés se développent. On a figé l'image du garde champêtre, représentant d'une France rurale des années 1950. On se trompe complètement : le garde champêtre s'est adapté aux évolutions de la société française.

Etes-vous inquiets pour l'avenir de votre métier ?

Aujourd'hui, environ 2.500 gardes champêtres sont en activité, pour près de 32.000 communes rurales. Ils étaient dix fois plus en 1958 quand l'exode rural commençait. Les réponses ministérielles indiquent qu'il n'est pas question de supprimer les gardes champêtres. La loi du 19 mars 2003 pour la sécurité intérieure nous prend en compte, alors que depuis quarante ans, aucun texte relatif à la sécurité n'avait plus cité notre rôle. Mais dans la réalité, on a l'impression que tout est fait pour que notre cadre d'emplois s'amenuise. Il faudrait au contraire le revaloriser. Un garde champêtre débute au Smic et termine sa carrière à un salaire de 1.800 euros ! Nous constituons un cadre d'emplois de police municipale de catégorie C à trois grades. Les évolutions de carrière sont trop lentes, beaucoup plus lentes que celles des policiers municipaux, qui appartiennent pourtant à la même filière que nous - la filière sécurité. L'application des accords Jacob ne nous satisfait pas, justement pour cette raison : ils opèrent une distinction entre les policiers municipaux et les gardes champêtres.

 

Propos recueillis par Thomas Beurey

 

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