Les investissements climat en baisse en 2024

Les investissements liés à la lutte contre le réchauffement climatique en France ont légèrement baissé en 2024, principalement du fait d'une diminution des dépenses dans le bâtiment, et de manière moins marquée dans les énergies renouvelables, selon l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE) qui a publié ce 10 juillet une synthèse de son "Panorama des financements climat".

"Alors qu’ils étaient engagés sur une dynamique positive de 2021 à 2023, les investissements climat marquent le pas et terminent l’année 2024 à 102 milliards d’euros, en baisse de 5% sur un an", constate l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE) dans la synthèse de son "Panorama des financements climat" publiée ce 10 juillet. En 2023 et 2022, ces investissements publics et privés s’élevaient respectivement à 108 et 103 milliards d’euros.

Rénovation énergétique freinée

"Ce recul concerne d’abord la construction performante et la rénovation énergétique, mais aussi certaines énergies renouvelables comme l’éolien en mer et l’injection de biométhane", a expliqué l'association, fondée par la Caisse des Dépôts et l'Agence française de développement. L'explosion des taux d'intérêt dans le sillage de la vague inflationniste de 2021-2023 a freiné le nombre de constructions, mais aussi d'achats de biens immobiliers, qui sont "souvent l'occasion pour des rénovations énergétiques", selon l'I4CE. Autre point sensible : l'éolien en mer, qui a "marqué un creux en 2024, à la jonction des calendriers des projets, après de nombreux raccordements en 2023". Même chose pour l'injection de biométhane, - qui permet de verdir l'usage de gaz naturel -, en "recul marqué, principalement après la baisse des tarifs d'achat publics" ces dernières années, "qui se répercute aujourd'hui". L'achat de voitures électriques a également reculé en 2024, avec presque 3% d'immatriculations de véhicules neufs en moins par rapport à 2023.

Parmi les points positifs, "les dépenses dans le parc nucléaire progressent avec la conclusion du chantier de Flamanville" a noté l'I4CE - l'EPR a été raccordé au réseau fin 2024, avec 12 ans de retard -, tout comme les "investissements dans les réseaux électriques", les gestionnaires RTE et Enedis ayant engagé des plans pour adapter les réseaux électriques aux aléas climatiques et accompagner la décarbonation. Le photovoltaïque est "soutenu par des conditions favorables à l'autoconsommation" et "facilité par les effets d’échelle des grands projets au sol", a également pointé l'I4CE tandis que les "investissements dans les infrastructures de transport ont été tirées à la hausse par l'échéance des Jeux de Paris et par le dynamisme des projets" locaux "en fin de mandat municipal."

Spécificités des dépenses climat des collectivités

Plus de la moitié des dépenses climat des collectivités (dont le total est évalué à plus de 7,5 milliards d’euros) concernent des projets en propre : construction performante et rénovation des bâtiments publics, modernisation énergétique de l’éclairage public, acquisition de véhicules électriques dans les flottes des services. "Les projets renouvelables ou de réseaux de chaleur occupent une place limitée, car la plupart des collectivités optent pour faire porter l’investissement par un opérateur privé, dans le cadre d’une concession", précisent les auteurs de l’étude. "En outre, les collectivités investissent dans le déploiement des réseaux cyclables, en particulier en 2020 lorsque les pistes créées durant la crise sanitaire ont été pérennisés, poursuivent-ils. Enfin, les collectivités versent des subventions d’investissement pour le développement et la régénération du réseau, pour le renouvellement des trains TER ou encore pour les transports collectifs urbains."

Pour 2025, l'I4CE prévoit une légère remontée des investissements climatiques, à 103 milliards d'euros, du fait d'une reprise des investissements dans l'éolien en mer, des programmes d'investissements dans les réseaux électriques, et d'une légère remontée des ventes de voitures électriques, notamment grâce au leasing social. Mais plusieurs secteurs pourraient connaître des baisses, selon des projections encore teintées d’incertitudes : les investissements dans la performance énergétique de la construction continueraient ainsi de chuter sous l’effet des variables macroéconomiques, tandis que ceux dans les infrastructures de report modal entameraient un léger ralentissement, après la hausse de 2024.

 

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