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Culture - Les métiers du patrimoine veulent se faire entendre dans le Grenelle 2

Six associations centrées sur la sauvegarde du patrimoine viennent de se rapprocher pour créer une structure commune baptisée "Les Métiers du patrimoine". Cette nouvelle entité rassemble l'Association des architectes du patrimoine, la Demeure historique (DH), la Fondation du patrimoine, le Groupement français des entreprises de restauration de monuments historiques (GMH), les Maisons paysannes de France et les Vieilles maisons françaises (VMF).

Les Métiers du patrimoine se fixent plusieurs objectifs. Le premier vise la préparation des textes qui doivent mettre en oeuvre les orientations du Grenelle 2. L'association entend notamment "intégrer et faire valoir dans toute sa dimension et sa particularité le patrimoine bâti". Elle devrait donc être active sur certains dossiers sensibles comme celui des éoliennes, contre lesquelles plusieurs des associations fondatrices se sont déjà mobilisées à plusieurs reprises. Mais Les Métiers du patrimoine voient plus loin, puisqu'ils se fixent également comme objectif de "faire entendre la voix française du patrimoine bâti lors de l'établissement des normes européennes qui vont à terme régir l'acte de restaurer". Il s'agit là d'une allusion aux deux normes concernant les interventions sur le patrimoine bâti, qui sont en cours de validation sous l'égide du Comité européen de normalisation (CEN) et de l'Afnor pour la France. La première de ces normes concerne l'"évaluation de l'état d'un bien culturel immobilier". La seconde s'intitule "Termes généraux concernant la conservation-restauration de biens culturels" et doit permettre de dégager un référentiel et un vocabulaire communs à l'ensemble des Etats européens. Ces deux projets de normes devraient être soumis à une consultation publique par internet dès le mois de mai 2010. Le troisième objectif de la nouvelle association concerne très directement les collectivités, puisqu'il s'agit, "après avoir obtenu et consolidé l'investissement budgétaire de l'Etat pour la restauration du patrimoine, [de] convaincre les collectivités territoriales de rester parmi les acteurs majeurs de la restauration du patrimoine bâti au bénéfice de l'attractivité des territoires". L'association devrait prochainement faire entendre sa voix, à travers l'organisation du premier "symposium national du patrimoine bâti".

La création de l'association Les Métiers du patrimoine intervient dans un contexte contrasté. Côté positif, le patrimoine a bénéficié d'un incontestable coup de pouce budgétaire de l'Etat, sous la forme d'une enveloppe supplémentaire de 100 millions d'euros, mise en place au titre du plan de relance de l'économie, mais dont Nicolas Sarkozy a décidé l'intégration en base budgétaire, ce qui a eu pour effet d'augmenter de 10,5% les crédits consacrés au patrimoine dans la loi de finances pour 2010 (voir nos articles ci-contre du 2 avril 2010 et du 1er octobre 2009). Mais les associations s'inquiètent de la multiplication des assouplissements apportés au cadre juridique protégeant le patrimoine, qu'il s'agisse de la réduction des délais pour les fouilles archéologiques préventives ou de la remise en cause de l'avis de l'architecte des bâtiments de France dans les zones de protection du patrimoine architectural urbain et paysager (voir notre article ci-contre du 1er avril 2010). Elles craignent notamment - en prenant exemple sur le dossier des éoliennes - que la primauté donnée à l'écologie se fasse au détriment du respect du patrimoine.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

 

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