Les pompiers militaires confrontés à la "captation" de leurs effectifs

Dans un référé publié le 28 avril, la Cour des comptes observe une trop grande déperdition des effectifs de pompiers militaires (BSPP, BMPM, BMSC) attirés par de meilleures conditions dans le civil.

Le prestige associé aux Pompiers de Paris ou aux Marins-Pompiers de Marseille ne suffit pas à maintenir les effectifs. Et il en va de même pour les formations militaires de la sécurité civile (Formisc) rebaptisées en 2024 brigade des militaires de la sécurité civile (BMSC). Dans un référé publié le 28 avril, la Cour des comptes relève que "le recrutement des pompiers militaires, peu de temps après leur entrée en fonctions, par les services départementaux d’incendie et de secours (Sdis) met à mal la gestion des ressources humaines des trois unités et leur font supporter les coûts de la formation des jeunes militaires dont ils ne profiteront que pour une durée limitée".

En effet, ces militaires sont de plus en plus attirés par une vie plus clémente, des conditions de travail moins astreignante et mieux rémunérées. Les Pompiers de Paris peuvent "à tout moment" solliciter une affectation dans la fonction publique ou la fonction publique territoriale. Ainsi, entre le second semestre 2022 et 2024, 450 militaires de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), soit 5% de ses effectifs, ont rejoint le civil au sein de services départementaux d’incendie et de secours (Sdis). Et chaque année, entre 100 et 150 sous-officiers et officiers du rang de cette brigade rejoignent d’autres services publics. 

À Marseille, c'est la "réussite aux concours de la fonction publique territoriale" qui constitue "un facteur de départ précoce déterminant". En 2022, elle a constitué jusqu’à 30,7% des départs du bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM), hors démission et fins de contrat. "Ce sujet constitue un irritant majeur pour le bataillon qui subit une forme de captation de ses forces vives par les Sdis, une fois celles-ci formées par ses soins", dénonce la Cour. Celle-ci constate par ailleurs une "forte décrue" des recrutements dans les anciennes Formisc du fait de la concurrence des Sdis où les conditions de travail et la rémunération "ont été rehaussées au cours de la dernière décennie" avec des contraintes "bien plus souples que celles de militaires soumis à l’astreinte et à la discipline des armées".

Mécanismes de fidélisation

La Cour recommande ainsi de "mettre en œuvre des mécanismes de fidélisation des pompiers militaires afin de réduire les départs vers les services départementaux d’incendie et de secours, en ajoutant une condition d’ancienneté pour accéder à la fonction publique territoriale". Rappelant que la BSPP avait tenté en vain d’introduire une telle disposition dans la dernière loi de programmation militaire, le référé suggère une durée minimale de quatre ans de service suivant le recrutement.

La Cour estime par ailleurs que l’État assume une part trop importante du financement des missions de ces militaires réalisées "pour le compte de tiers" : cotisations de retraites, frais de gestion, missions à l'étranger... Elle demande à l’État d’"assurer la refacturation au coût complet des moyens humains mis à disposition des organismes publics ou privés comme de l’Union européenne [en cas de missions des Formisc à l’étranger par exemple, ndlr] dans le cadre des missions supplémentaires".

 

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis