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Les régions sonnent la mobilisation générale en faveur de la jeunesse

François Bonneau et Marie-Guite Dufay, respectivement président de la région Centre-Val de Loire et présidente de la région Bourgogne Franche-Comté, ont fait le point, vendredi 19 février, sur les actions d’urgence déployées par les régions pour accompagner et soutenir les jeunes touchés de plein fouet par la crise sanitaire.

Précarité économique aggravée, difficultés psychologiques, isolement, risque de décrochage ou de rupture des parcours d’apprentissage et/ou universitaires… les effets de la crise sanitaire sur les jeunes sont à la fois "importants, divers et massifs", a souligné François Bonneau, président de la région Centre-Val de Loire, lors d’une conférence de presse de Régions de France organisée le 19 février afin de faire le point sur les actions d’urgence déployées par les régions pour accompagner et soutenir ce public.

Il y a une "mobilisation importante de la part de toutes les régions, un engagement fort qui vient notamment s’articuler avec ceux de l’État et des Crous (centres régionaux des œuvres universitaires, ndlr), notamment à travers des abondements", a poursuivi François Bonneau. À titre d’exemple, la région Bourgogne-Franche Comté a mis en place un fonds d’urgence de soutien aux étudiants, géré par le Crous, pour lequel elle contribue à hauteur de 270.000 euros et qui a permis d’attribuer près de 600 aides individuelles à des étudiants pour financer leur logement, l’aide alimentaire, l’achat d’équipements ou leurs frais d’étude. La région Bretagne a pour sa part voté en décembre 2020 une enveloppe exceptionnelle de 1 million d'euros en faveur du Crous et a proposé d’abonder les fonds sociaux des 245 lycées bretons publics et privés, là aussi pour un montant de 1 million d'euros.

Coordonner les actions au niveau régional

"S’il ne s’agit pas de tout faire, les régions ont une responsabilité de par la loi concernant les politiques jeunesse, un chef-de-filat à assurer, a souligné François Bonneau. Cela veut dire que nous sommes là pour faire vivre le dialogue avec ces jeunes, pour coordonner les interventions au niveau régional ou infra régional afin que tous les acteurs (département, communes, associations, structures de l’État) mènent une action la plus structurée possible, que l’accès aux droits – à l’aide alimentaire, au logement, à la mobilité… – se mette en place".

Le président de la région Centre-Val de Loire a par ailleurs insisté sur les "enjeux immédiats", l’un deux concernant la relation au monde économique : "Nous avons encore trop de jeunes dans les BTS, bacs pro, licences pro, les diplômes d’ingénieurs, pour qui, en raison des restrictions sanitaires, il est très difficile de trouver un stage et qui risquent de ne pas pouvoir terminer un cursus parce qu’ils n’auraient pas pu accomplir l’application pratique. Nous devons travailler avec l’ensemble des structures employeuses, que ce soit dans les filières, avec le Medef, la CGPME, pour voir comment faire place à ces stages indispensables".

Concernant l’apprentissage, François Bonneau a indiqué que les régions avaient demandé à l’État de prolonger sur toute l’année 2021 le dispositif d’aide exceptionnelle à l’embauche d’apprentis. Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne Franche-Comté, a ajouté qu’en tant qu’employeurs, les collectivités régionales favorisaient l’apprentissage autant que possible, à l’image de la région Grand Est qui, parmi les mesures d’urgence en faveur de la jeunesse, a ouvert 300 contrats d’apprentissage et 300 places de stage dans ses services.

Écoute psychologique

Autre volet important d’intervention des régions : la prise en charge de la santé mentale et des situations de détresse psychologique des étudiants. "Beaucoup de régions apportent des moyens financiers pour que les universités, les Crous, augmentent leur capacité d’accueil et d’écoute psychologique, en présentiel et en distanciel", a fait valoir François Bonneau. Par exemple, en Centre-Val de Loire, qu’il préside, 16 coordonnateurs, répartis dans les six villes universitaires de la région, ont été recrutés pour l'écoute et l'accompagnement des étudiants, en s'appuyant sur le réseau des partenaires de chaque territoire. "Nous avons aussi mis en place, à Orléans et à Tours, des tiers-lieux dans lesquels il va y avoir une épicerie sociale d’urgence, un prêt ou une mise à disposition d’ordinateurs, des jeunes référents pour une première écoute afin de rompre l’isolement et d’orienter ensuite vers une autre structure en fonction des besoins".

Autre exemple, en Île-de-France, où le conseil régional soutient et finance le projet de la fondation Fondamental, une plateforme gratuite dédiée au soutien et à l’écoute des étudiants franciliens.

Organiser le jeu d’acteurs

François Bonneau a également profité de cet échange pour battre en brèche le cliché d’une génération repliée sur elle-même et ses écrans : "C’est tout le contraire, nous avons à faire à des jeunes très responsables, avec qui les collectivités régionales co-construisent politiques publiques."

Et de lancer, en guise de conclusion : "Aujourd’hui nous sommes en situation de déclarer une mobilisation générale pour la jeunesse. Il faut qu’en face du risque d’une génération sacrifiée, nous apportions collectivement une réponse. Et honnêtement, beaucoup de collectivités, d’associations, d’initiatives de l’État vont aujourd’hui clairement dans ce sens : si on arrive à les coordonner, à les faire connaître, à faire en sorte que le jeu d’acteurs soit parfaitement organisé, on enverra un signe très fort à cette jeunesse, mobilisée et solidaire comme jamais."