Archives

Sécurité civile - Les sapeurs-pompiers interviennent dans la campagne

La Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) avait interpellé une partie des candidats à l'élection présidentielle. Globalement satisfaite de leur intérêt pour le sujet, elle regrette toutefois leurs positions trop évasives concernant le financement des Sdis et revient sur la question de l'articulation entre l'Etat et les collectivités.

"Il faut que l'Etat s'implique davantage pour garantir une bonne organisation et cohérence des dispositifs de secours." C'est en substance le message lancé par le colonel Eric Faure, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), le 5 avril 2012 à l'occasion de la présentation des réponses de quatre candidats à l'élection présidentielle aux grandes questions concernant la sécurité civile. La fédération avait interpellé cinq candidats, ceux dont les partis disposent d'élus à l'Assemblée nationale ou au Sénat. Seule Eva Joly n'a pas remis ses réponses dans les délais. Les quatre autres, Nicolas Sarkozy, François Hollande, François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon, ont tous fourni des réponses aux questions de la fédération.
Au premier rang des difficultés vécues par la profession figure, évidemment, le financement. Un rapport de la Cour des comptes avait critiqué la gestion "peu rigoureuse" des services départementaux d'incendie et de secours (voir notre article du 2 décembre 2011). Entre 2002 et 2010, les dépenses de personnels dans ces services ont augmenté de 54%, tandis que les interventions durant cette période ont progressé de 17% seulement. L'augmentation des dépenses s'est ensuite tassée, passant à 1,5% par an à partir de 2010 mais pourrait reprendre encore en 2012. Selon l'Assemblée des départements de France (ADF), elles devraient augmenter de 4,5% à 7% en 2012.
"Nous devons participer à l'effort national de réduction des dépenses publiques, mais en même temps, comme nous sommes en bout de chaîne, c'est un peu compliqué", a insisté le colonel Eric Faure, qui sollicite une plus forte implication de la part de l'Etat. "L'engagement de l'Etat est très faible. Des actions volontaristes, comme le maintien de la subvention de l'Etat en mars 2011 à l'Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers [Ensosp, ndlr], permettraient de mettre de l'huile dans les rouages." La fédération insiste : elle ne demande pas plus d'argent. Il s'agit plutôt "de veiller à faire en sorte que le pompier ne soit pas toujours le seul à intervenir en bout de course."
L'application des textes existants, comme la récente circulaire relative à l'organisation des secours en montagne (circulaire du 6 juin 2011) ou le référentiel commun concernant le secours à personne, datant du 25 juin 2008, permettrait déjà de régler une partie des problèmes. "Aujourd'hui, certains essaient de contourner ces textes", assure le président de la FNSPF. Or, sur cette question du financement, les candidats seraient restés très évasifs, au grand regret de la fédération.

"Que le préfet s'implique dans la vie du Sdis"

La fermeture des urgences médicales fait aussi partie des problèmes signalés par la FNSPF. Des fermetures qui se font sans évaluation préalable des conséquences sur l'activité des sapeurs-pompiers. "On est obligé de s'organiser en fonction de décisions prises par les autres", a détaillé le colonel Patrick Heyraud, secrétaire général de la FNSPF. Conséquences : quand le service d'urgence d'un hôpital disparaît, les temps de déplacement et donc d'intervention des pompiers s'allongent…
"Nous ne devons pas laisser les choses se dérouler comme elles le font actuellement", a insisté le colonel Faure, prônant une gouvernance partagée du domaine entre l'Etat, qui doit prendre la main en cas de crise et assurer la cohérence, et les collectivités locales. "Au niveau local, il est nécessaire que le préfet s'implique dans la vie du Sdis. Il y a trop de réunions du conseil d'administration du Sdis où le préfet n'est pas présent. De même, il y a trop de réunions nationales où les élus sont absents", a détaillé le président de la FNSPF.
Enfin, dernier point abordé par la fédération : le volontariat. Si la loi du 20 juillet 2011 a permis de sécuriser ce statut, une menace plane à nouveau avec la révision de la directive européenne sur le temps de travail. Heureusement, "l'ensemble des candidats a pris en compte les risques générés par cette directive et la nécessité d'y intégrer un volet permettant d'exclure le volontariat relatif à la sécurité civile".

Emilie Zapalski

Références : circulaire du 6 juin 2011 relative aux orientations générales pour la mise en oeuvre des moyens publics concourant au secours en montagne ; loi n°2011-851 du 20 juillet 2011 relative à l'engagement des sapeurs-pompiers volontaires et à son cadre juridique. 

 

Téléchargements

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis