Archives

Rythmes scolaires - Les syndicats d'enseignants ne veulent pas que les collectivités entrent davantage à l'école

Si le projet de décret sur les rythmes scolaires a été massivement rejeté par les syndicats d'enseignants, c'est en grande partie parce que ces derniers contestent l'accroissement des pouvoirs locaux des élus. Morceaux choisis des arguments avancés pour justifier leur vote "contre" le texte, le 8 janvier, au Conseil supérieur de l'éducation.

Pour le SE-Unsa, le projet de décret sur les rythmes scolaires présenté le 8 janvier au Conseil supérieur de l'éducation "ne peut considérer que ce temps [scolaire] est seulement affaire municipale et échappe à la communauté éducative".
La Fnec (la fédération FO de l'éducation) rejette un projet s'inscrivant dans l'acte III de la décentralisation, lequel "instituerait une République des territoires" et, à ce titre, "remettrait en cause les statuts des personnels". "Les professeurs des écoles ne veulent pas travailler un jour de plus. Les personnels ne veulent pas d'une école territorialisée avec des missions entières abandonnées aux régions", explique-t-elle.
Il est insupportable, juge le SNALC-FGAF, que "cette réforme laisse entrer davantage que par le passé les collectivités locales dans l'école". "Ces dernières peuvent désormais faire des propositions d'organisation du temps scolaire sans même consulter les conseils d'école", s'indigne-t-il. "Le nom de notre ministère est le ministère de l'Éducation nationale, et non de l'éducation communale ou de l'éducation territoriale", rappelle-t-il. Il remarque également que "la compensation financière qui avait été promise à un moment aux professeurs des écoles, afin de pallier entre autres les dépenses qu'une telle réforme va entraîner pour ces derniers (frais de carburant, garde d'enfants, par exemple) n'est plus à l'ordre du jour", en ironisant sur le fait qu'"un fonds de 250 millions d'euros minimum a miraculeusement pu être débloqué pour les mairies volontaires pour se lancer dès 2013".
Pour le SNUipp (le syndicat FSU du 1er degré), "il n'est pas possible de faire l'impasse sur les difficultés qu'auront les communes à recruter des animateurs qualifiés, les difficultés d'organisation en milieu rural où ils auront à effectuer de longs déplacements sur de grands territoires ou même sur les nouvelles normes d'encadrement des enfants qui restent à préciser". Il demande notamment que les conseils d'école soient "une instance incontournable de proposition et de discussion de toute organisation du temps scolaire et d'élaboration d'un projet éducatif territorial".
Pour SUD-Education, avec ce projet éducatif territorial, "les communes voient leur pouvoir accru avec la possibilité de proposer une organisation horaire de la semaine et de la journée notamment en jouant sur la pause méridienne. Leur influence augmente aussi avec plus de représentants dans les conseils d'école", s'alarme-t-il. "Pour nous, les mairies n'ont pas à intervenir dans les choix pédagogiques", insiste-t-il. Il soupçonne que "si le Dasen voit son pouvoir renforcé alors que le conseil d'école pourrait ne pas être consulté, c'est avec la mission d'appliquer cette politique de territorialisation qui donne plus de pouvoirs aux collectivités en échange de leur financement du temps périscolaire". "Cela va accentuer les inégalités de traitement entre les élèves et la dépendance vis-à-vis des choix éducatifs des mairies au gré de leurs orientations politiques ! Ce n'est pas acceptable", conclut-il.
Vincent Peillon doit s'exprimer jeudi 10 janvier sur la réforme des rythmes scolaires lors d'un déplacement à Brest.

 

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis