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Mobilité - Les systèmes d'information sur le stationnement ont de l'avenir

Investir dans le stationnement intelligent pourrait devenir rentable dans les centres-villes, notamment lorsque les services mis en place permettent d'éviter ou de différer des investissements d'infrastructure. Le Centre d'études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions publiques (Certu) vient de réaliser un panorama des services d'information à l'usager en matière de stationnement et de mobilité qui donne un aperçu des dispositifs existants ou en cours de développement.

Jusqu'à 30% du trafic de centre-ville

La téléphonie mobile et l'usage croissant des services "data" permettent aujourd'hui d'informer l'usager sur la disponibilité d'une place de stationnement en temps réel, de le guider et de lui apporter des services complémentaires tels que le paiement à la durée sur mobile. Ces services ont un impact économique, bien qu'il reste encore difficile à évaluer. On sait que l'optimisation du stationnement abaisse les temps de recherche, réduit le stress du conducteur, économise du carburant, efface une partie du trafic parasite et réduit les émissions de CO2. Une étude récente sur la recherche d'une place de stationnement* indique qu'en France, 70 millions d'heures (valorisées à 600 millions d'euros) sont perdues chaque année à la recherche d'une place. Cela augmente la congestion puisque la part de la circulation urbaine engendrée par les véhicules en recherche de stationnement se situerait entre 5 et 10% et atteindrait même 30% dans certaines villes.

Rendre visible l'offre de services existante

Le premier niveau d'information sur le stationnement consiste à donner une meilleure visibilité de l'offre de services disponible. Sur le web, les villes ont renforcé l'information en proposant de véritables rubriques dédiées au stationnement. Metz fournit par exemple un panorama  sur les zones de stationnement payantes, sur les parcs existants et sur les places réservées aux personnes à mobilité réduite. D'autres villes, comme  Besançon, Libourne, Nantes ou Dijon, proposent aussi le téléchargement de guides complets sur le sujet. Pour élargir la vision, des applications pour smartphones ont fait leur apparition.  "Parking dispo" (société Navx) recense par exemple 1.400 parkings tout en indiquant les places disponibles en temps réel dans un rayon proche de la position de l'usager. Passim, réalisé par le ministère du Développement durable, propose de son côté un annuaire des sites et services sur la mobilité (www.passim.info), tandis que Parking handicap signale 50.000 emplacements de stationnement réservés aux personnes handicapées dans 481 villes.

De l'information en "temps réel" au stationnement "intelligent"

Les systèmes d'information en temps réel sont aujourd'hui les plus prometteurs. L'apparition depuis quelques années de panneaux de jalonnement dynamiques dans la plupart des villes a fourni aux automobilistes une première aide à la décision efficace. Depuis, les systèmes se sont diversifiés. La gestion du temps réel semble désormais imposer la mise en place de réseaux de capteurs sans fil reliés à des outils de gestion web et à des systèmes d'information sur mobiles destinés aux automobilistes, comme le proposent quelques sociétés françaises telles que  Lyberta (Neurolyb), Smartgrains (Parksense) ou Parkeon (Citypal). Les capteurs permettent de déterminer si un emplacement est occupé ou non par un véhicule. Après centralisation, on obtient une vue d'ensemble de la disponibilité sur un quartier ou un îlot. L'information est déclinée sur des applications pour smartphones permettant à l'usager d'identifier la place de stationnement la plus proche. Le projet le plus abouti en France est en cours de déploiement à Nice. Il concerne près de 8.500 places de stationnement en ville qui pourront être suivies dynamiquement. Il intègre des systèmes de paiement étendus permettant notamment à l'automobiliste de se mettre en règle à distance à partir de son smartphone (voir ci-contre notre article du 13 janvier 2012).

Renforcer la normalisation pour fédérer les sources d'information

A l'exception de Nice, le déploiement de ces systèmes relève encore largement de la recherche et développement. Les auteurs du rapport estiment que les villes, en tant qu'autorités organisatrices de transports, "semblent les mieux placées pour étudier et mettre en oeuvre des systèmes donnant une vision d'ensemble de l'offre de stationnement sur le territoire, cohérente avec l'information déplacements". Mais ils constatent aussi que ces mêmes villes se heurtent  à des obstacles comme celui de l'absence de normalisation : le stationnement concerne généralement plusieurs gestionnaires de services. Aussi, une description unifiée et standardisée de l'offre de stationnement permettrait de fédérer les sources d'information. Autre réticence, cette fois justifiée : certaines équipes municipales craignent qu'une gestion du stationnement plus efficace ne favorise l'usage des véhicules personnels alors même qu'elles s'attachent, justement, à réduire cette présence. Alors, tout en avançant, elles ont fait le choix de la prudence et s'efforcent d'intégrer leurs projets dans des politiques plus générales associant notamment tous les modes de déplacement.

Philippe Parmantier / EVS

* La Recherche d'une place de stationnement : stratégies, nuisances associées, enjeux pour la gestion du stationnement en France, d'Amélie Lefauconnier et Eric Gantelet, Sareco, 2005.