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Handicap - L'Essonne travaille à une prestation d'assistance sexuelle pour les personnes handicapées

Si le débat est dans l'air du temps, l'annonce de Jérôme Guedj n'en a pas moins surpris. Dans une interview au quotidien Le Parisien du 21 octobre et un communiqué du même jour - cosigné avec l'APF (Association des paralysés de France) -, le président du conseil général de l'Essonne annonce que "malgré l'avis du CCNE [Comité consultatif national d'éthique, NDLR], le conseil général de l'Essonne et l'APF souhaitent que les réflexions se poursuivent. Ils continueront ensemble à rechercher des solutions à expérimenter pour proposer une réponse réellement adaptée aux souhaits des personnes en situation de handicap, au-delà du seul cadre médicosocial ou sanitaire préconisé par le CCNE".
Dans un avis récent, le Comité s'est en effet prononcé contre l'assistance sexuelle aux personnes handicapées, en faisant notamment valoir qu'"il n'est pas possible de faire de l'aide sexuelle une situation professionnelle comme les autres en raison du principe de non-utilisation marchande du corps humain". L'avis conclut qu'"en matière de sexualité des personnes handicapées, le CCNE ne peut discerner quelque devoir et obligation de la part de la collectivité ou des individus en dehors de la facilitation des rencontres et de la vie sociale, facilitation bien détaillée dans la loi qui s'applique à tous. Il semble difficile d'admettre que l'aide sexuelle relève d'un droit-créance assuré comme une obligation de la part de la société et qu'elle dépende d'autres initiatives qu'individuelles".

"C'est au service public d'apporter une réponse"

Une position dont le président du conseil général de l'Essonne prend l'exact contre-pied en affirmant, dans son interview au Parisien, qu'"au même titre que le transport, le logement, l'accès à la culture, c'est au service public d'apporter une réponse à la sexualité des personnes handicapées". Le département réfléchit, avec l'APF, "à une forme d'assistance qui pourrait aller du contact aux massages, aux caresses, voire plus". Il s'agirait en l'occurrence d'un service expérimental, "uniquement pour les personnes qui n'ont pas la maîtrise de leur corps".
Jérôme Guedj prend bien soin de préciser que "cela n'a rien à voir avec de la prostitution ou de la domination. Les personnes qui pourraient être amenées à pratiquer cette aide ne recevront aucune rémunération de la personne handicapée. La relation tarifée est bannie. Elles seront salariées d'un service d'accompagnement à la vie sociale et, dans le cadre de leurs différentes activités, pourront, si elles le désirent et après avoir été formées, rajouter cet éveil. Un groupe de travail avec les associations sera constitué début avril, et des voyages en Belgique ou en Suisse [qui acceptent l'assistance sexuelle, NDLR] sont prévus".
Si elle s'oppose à la position du CCNE, l'initiative du département de l'Essonne s'inscrit, en revanche, dans le prolongement de celle défendue par Jean-François Chossy - alors député (UMP) de la Loire - dans son rapport remis en novembre 2011 au Premier ministre sur "Evolution des mentalités et changement du regard de la société sur les personnes handicapées". Si ce document aborde un champ plus vaste que la seule question de la sexualité, il indique cependant qu'"il faut promouvoir l'idée que toute personne doit pouvoir recevoir l'assistance humaine nécessaire à l'expression de sa sexualité".
En attendant que le débat prenne de l'ampleur - les associations féministes ont déjà exprimé leur forte opposition à une telle initiative -, Marie-Arlette Carlotti, la ministre déléguée chargée des personnes âgées, a réagi très prudemment, en indiquant que "c'est une question légitime qui doit être étudiée de façon sereine" mais que "le débat ne doit pas se résumer à la seule question des assistants sexuels".

 

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