L'Étape, le service public pour découvrir, tester et choisir les aides techniques (34)

À l'Étape du centre communal d’action sociale (CCAS) de Lattes, on peut s'informer, tester et obtenir des conseils d'ergothérapeutes pour compenser une perte d'autonomie à domicile. Cet espace de démonstration est prisé par les particuliers autant que par les professionnels. Il devient même une référence nationale.

Éric Pastor est adjoint en charge du pôle autonomie santé de la commune. Il est aussi kinésithérapeute. Son expérience professionnelle au domicile des patients lui a donné l'idée de créer cet espace, il y a plus de dix ans (lire encadré). Il explique : « Nous avons un traitement institutionnalisé des personnes qui ont pourtant intérêt à rester à domicile. Cette institutionnalisation provoque une dégradation de la personne, de son état psychique. Si l'environnement peut créer le handicap, nous avions, à l'inverse, des raisons de travailler sur cet écosystème pour le rendre accueillant. »

Repenser le maintien à domicile

Des aménagements ou des aides techniques permettent en effet de continuer à vieillir chez soi ou vivre avec un handicap : ce sont les solutions techniques. L'idée de l'élu a été d'ouvrir un espace où les personnes âgées et/ou handicapées peuvent consulter les produits proposés, trouver celui qui correspond le mieux à leur besoin et même le tester. Baptisé l'Étape, c'est un lieu d'information et de conseil, gratuit destiné à l’ensemble de la population de l’Hérault.

Des bénéfices directs et indirects

L'intérêt pour le particulier est d'abord pratique : il découvre les aides susceptibles de le soulager ou le sécuriser. Et s'évite un véritable parcours du combattant pour se repérer dans les différentes offres... La personne se procure ensuite a priori le bon produit, puisqu'elle l'a aussi testé. Ce n'est pas le moindre gain, selon Eric Pastor : « La valeur de l'essai est capitale, c'est la démarche d'appropriation du produit. » Or il arrive fréquemment qu'une personne soit n'achète pas l'aide recommandée par un soignant, soit la laisse dans son emballage. L'Étape permet d'anticiper, plutôt que d'avoir à agir en urgence, ce qui vire souvent « au désastre ». 

Prévention des risques professionnels

L'Étape s'adresse aussi aux professionnels. Leur premier intérêt est de s’assurer que l’aide technique préconisée est la plus adaptée pour répondre aux besoins de la personne. La seconde est de prévenir les risques professionnels. Les structures et associations d'aide à domicile y louent une salle de formation équipée en matériel et ont accès au « showroom », accompagnés des ergothérapeutes du CCAS. Comme le rappelle Florence Gressard, chargée de développement au CCAS, « les métiers de l'aide et du soin à domicile sont parmi ceux où l'accidentologie est la plus forte. Ils ont même dépassé celle du BTP ». Aides à domicile, aides-soignantes, infirmières mais aussi contrôleurs de la Caisse d'assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) viennent ici pour découvrir les aides techniques, pour se professionnaliser et devenir force de proposition, à leur tour, auprès des usagers.

Des conseils adaptés à une personne, sa maison et son budget

Quatre ergothérapeutes accueillent les visiteurs. Il y a trois niveaux d'accompagnement. Le premier, c'est le renseignement téléphonique pour « débrouiller » une problématique. Deuxième niveau, l'ergothérapeute reçoit la personne et remet des préconisations (écrites) avec des fiches conseils. Dernier cas, l'ergothérapeute se rend au domicile pour épauler jusque dans la recherche de financement. En 2020, l’Étape a traité 2.000 visites, physiques ou à distance. Un peu plus de la moitié sont des particuliers et 40% des professionnels.

Résister à la pression commerciale

Le portage par le CCAS est l'une des garanties pour éviter les éventuelles pressions commerciales, estime l'élu. L'Étape a en effet aménagé un « showroom ». On imagine aisément l'intérêt pour des marques d'y être référencées. Au quotidien, les ergothérapeutes font de la veille technique, sur toutes les aides et dispositifs d'aides à l'autonomie. L'Étape compte 10.000 références dans ses banques de données. Ils mettent aussi au point des vidéos pour montrer le bon usage des produits. Pour son showroom, l'Étape se fait le plus souvent prêter du matériel par les fabricants, « car cela permet de le renouveler ». Les produits de base sont quant à eux achetés.

Lieu d'échanges et d'expertises

« On n'avait sans doute pas anticipé à quel point ce type de projet avait de l’avenir », soupèse Éric Pastor. Aujourd'hui, il fait visiter l'Étape à des entreprises qui ont envie que leurs produits soient référencés et testés (parfois même avant leur mise sur le marché), il accueille des représentants de l’État (comme début mars la ministre déléguée à l'Autonomie), des professionnels de la filière, des aides techniques, mais aussi des élus en quête d'idées pour développer une ville inclusive. Et bien sûr des fabricants, intéressés à intégrer « le parcours de l'usager » dans la confection de leur matériel. C'est la dimension « living lab » du projet. Pour demain, l’enjeu est qu’il devienne également un centre expert pour labelliser les produits.

Statut et budget

L'Étape est depuis son origine un service du CCAS. L'évolution de la structure amène les élus à réfléchir à une évolution aussi de son statut. Le choix s'est porté sur le groupement d'intérêt public (GIP). Cela va permettre d'élargir ses compétences, notamment les formations, son territoire d'intervention et son autonomie.

Son budget évoluera aussi. Aujourd'hui, 55% de son budget de fonctionnement (400.000 euros au total) provient de recettes extra-communales, via la réponse à des appels à projets, la mise à disposition de la salle de formation, mais surtout des subventions (du conseil départemental, de la maison départementale des personnes handicapées/MDPH, et de la Carsat), dont 45% reposent sur la commune et le CCAS.

L'Étape va emménager (en 2024) dans un nouveau bâtiment (de 2.400 m2), financé dans le cadre du plan de relance de l’État, du contrat de plan État-région et de Montpellier Capital Santé.

Une évolution en quatre dates clés

  • 2009, création de l'Étape
  • 2011, l'Étape se dote d'un espace de formation
  • 2017, l’Étape développe une approche « living lab »
  • 2021, transformation en groupement d’intérêt public (GIP)

Les facteurs de réussite

Le portage par le CCAS. « Le guichet du CCAS est très pertinent car c'est vers lui qu'une personne se tourne en cas de difficulté », témoigne Eric Pastor, adjoint en charge du pôle autonomie santé de la commune.

L'appui politique de la municipalité, et le partenariat avec le conseil départemental

Centre communal d’action sociale (CCAS) de Lattes

615 av de Montpellier
34 970 Lattes

Florence Gressard

Chargée de développement

Commune de Lattes

Nombre d'habitants :

17544
av. de Montpellier
34 970 Lattes

Eric Pastor

Maire adjoint, en charge du centre communal d'action sociale et du pôle autonomie santé

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