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L'Europe régionale des revenus : la "diagonale du plein"

D'après Eurostat, le PIB par habitant, en standard de pouvoir d'achat, dans les régions de l'Union européenne variait en 2019 dans un rapport d'un à huit environ – Mayotte atteignant à peine un tiers de la moyenne européenne quand le taux du Luxembourg se fixait à 260% de cette dernière. Si la France dans son ensemble la dépasse (106%), seules trois régions (ancien découpage) sortent leur épingle du jeu : l'Île-de-France, loin devant les autres (177%), Rhône-Alpes (109%) et Midi-Pyrénées (100%).

Eurostat vient de publier les données 2019 – exprimées en "standard de pouvoir d'achat" – du produit intérieur brut par habitant des régions de l'Union (échelon "NUTS 2", donc l'ancien découpage régional pour la France). Sans surprise, les résultats font toujours apparaître une "diagonale du plein", les régions situées sur un axe partant du sud de la Finlande jusqu'au nord de l'Italie appartenant à gros traits à la catégorie des régions se portant le mieux (pour les géographes, hors Suède/Finlande, le cœur prend place autour de la vallée rhénane jusqu'à l'Elbe, d'une partie du Danube - de sa source à l'Autriche - et de la plaine du Po – bref, la partie continentale de la "banane bleue", hors Lorraine et Wallonie ; pour les historiens, il épouse grosso modo le Saint Empire romain germanique, avec le sud de l'Irlande et quelques capitales, comme Paris, Madrid ou Vilnius. Les moins fortunées se retrouvent à l'est d'un axe allant de la Lituanie à l'Italie du Sud, sans oublier les régions ultra-marines, le sud de l'Espagne, le Portugal et le nord de l'Irlande.

Des écarts de 1 à 8 entre Mayotte et le Luxembourg

Les écarts entre régions restent abyssaux. À une extrémité, le Grand-Duché de Luxembourg, où le PIB/habitant atteint 260% de la moyenne européenne (base 100). Suivent le sud de l'Irlande (Munster, Leinster), les régions de Prague, de Bruxelles et de Hambourg. Des résultats que l'office statistique explique pour l'Irlande par la forte implantation de multinationales et pour les autres par "un flux élevé de travailleurs transfrontaliers", taisant étonnement d'autres facteurs (la mégalopole européenne).
À l'autre, la région nord-ouest de la Bulgarie et Mayotte, où le PIB/habitant n'atteint que de 32% de la moyenne européenne, suivies par les régions bulgares (à l'exception de celle de Sofia). Pour Mayotte, la démographie est invoquée : 44% de la population a moins de 15 ans.

En France, l'Île-de-France… et les autres

Si, dans son ensemble, la France dépasse la moyenne européenne (106%), seules trois régions passent la barre : l'Île-de-France (177%), Rhône-Alpes (109%) et Midi-Pyrénées (100%) ; l'Alsace et Paca la tutoyant toutefois (99%). En prenant en compte le nouveau découpage régional, seule Auvergne–Rhône-Alpes, avec la région parisienne, continuent de dépasser le seuil (avec 105%).
Les régions ultra-périphériques ferment la marche, avec un taux global de 61%, que dépassent la Martinique (70%), La Réunion (67%) et la Guadeloupe (64%) ; la Guyane (48%) accompagnant Mayotte.
En métropole, trois régions n'atteignent pas les 80% : le Limousin (73%), la Picardie et la Lorraine (76%).
Les autres régions se situent entre 80 et 100%. Par ordre croissant, Franche-Comté et Languedoc-Roussillon (80%), Basse-Normandie (81%), Centre-Val-de-Loire, Corse, Nord-Pas-de-Calais et Poitou-Charentes (86%), Bourgogne (87%), Auvergne, Champagne-Ardenne et Haute-Normandie (88%), Bretagne (90%), Pays de la Loire et l'Aquitaine (95%).

À noter que par rapport à 2015, les résultats changent peu, la France passant de 107 à 106% (vs la moyenne de l'UE à 27). Dans les régions, les évolutions les plus notables concernent : à la baisse, le Limousin (81 à 73%), la Haute-Normandie (93 à 88%), la Picardie (81 à 76%), la Basse-Normandie (85 à 81%), la Lorraine (80 à 76%) et la Martinique (74 à 70%) ; à la hausse, Mayotte (28 à 32%), Midi-Pyrénées (97 à 100%), l'Auvergne (85 à 88%) et Rhône-Alpes (106 à 109%).

En euros par habitant (en prix courants), la moyenne du PIB de l'UE se fixe à 31.200 euros annuels (vs 27.500 euros en 2015) et la moyenne française à 36.000 euros (vs 33.000 euros en 2015), allant de 60.100 euros en Île-de-France à 10.900 euros à Mayotte (20.700 euros en moyenne dans les régions ultrapériphériques).
En pourcentage par rapport à la moyenne de l'UE cette fois, le PIB de la France en prix courants atteint 115% (193% en Île-de-France). 

"Productivité du travail" : la France s'en sort relativement mieux

Eurostat présente également les différences régionales de "productivité du travail" (i.e. le PIB régional par personne employée, sans tenir compte des différences de niveaux de prix ou de la moyenne des heures travaillées). La moyenne de l'UE se fixe en 2019 à 66.800 euros annuels. Le plus haut est atteint par le sud de l'Irlande (Munster, 205.500 euros annuels, et Leinster 156.900 euros), suivie du Grand-Duché de Luxembourg (136.600 euros), du Brabant Wallon (123.400 euros) et de Bruxelles (121.200 euros). À l'autre extrémité, le centre-nord de la Bulgarie (12.700 euros). 
En France, la grande majorité des régions dépasse la moyenne : l'Ile-de-France, Rhône-Alpes et la Haute-Normandie dépassent le seuil des 80.000 euros et la plupart des autres se situent dans la fourchette 70.000/80.000 euros. Quatre exceptions toutefois : la Martinique, la Réunion et le Limousin se situent dans la fourchette inférieure (entre 60.000 et 70.000 euros) et Mayotte entre 35.000 et 60.000 euros. La plupart des régions de l'est de l'UE, elles, n'atteignent même pas les 35.000 euros.

 

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