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Social - L'exclusion, c'est aussi un problème de préjugés

Cette année, la Journée mondiale du refus de la misère, organisée le 17 octobre, était placée sous le signe de la lutte contre les préjugés qui touchent encore trop souvent les phénomènes de pauvreté et les personnes concernées. A cette occasion, l'association ATD Quart Monde a fait réaliser un sondage par la société BeBetter&Co.

Deux tiers de Français pensent que les minima sociaux découragent le travail

Les résultats ne sont pas vraiment réjouissants et confirment la force des préjugés. Une bonne part d'entre eux tient d'ailleurs davantage à une méconnaissance des situations et des dispositifs. Ainsi, 41% des sondés pensent qu'un couple avec deux enfants bénéficiant du RSA peut gagner plus que si l'un des deux parents travaillait et était payé au Smic (en réalité, les revenus sont 1.372 euros par mois dans le premier cas et de 1.939 euros dans le second). De même, 63% pensent que les minima sociaux découragent les gens de travailler (contre 15% qui ne le pensent pas) et 51% estiment que les pauvres font des enfants parce que les allocations leur donnent davantage de pouvoir d'achat (contre 33%). Les diverses aides sociales sont d'autant plus perçues comme une solution de facilité que 71% des Français pensent qu'il est facile de les obtenir (contre 10% d'avis contraires).
Sur l'efficacité des aides, les perceptions divergent selon les sujets. Ainsi, 80% des répondants jugent qu'avec la CMU complémentaire (CMU-C), les pauvres peuvent facilement se soigner. A l'inverse, il sont 61% à penser que les personnes pauvres sont discriminées dans l'accès au logement. De même, 60% des répondants estiment qu'un enfant défavorisé a moins de chance qu'un autre de réussir dans le système scolaire et 58% pensent que faire la manche ne permet pas de vivre correctement (contre 18% qui pensent le contraire).

Déconstruire les préjugés

Les préjugés sont un peu moins prégnants sur des questions comme la fraude, puisque seuls 32% des Français pensent que les pauvres fraudent plus que les autres, contre 43% qui ont une opinion contraire.
Au final, une partie de ces préjugés peut venir du sentiment de "payer pour les autres". Ainsi, 65% des Français - contre 16% - jugent que la lutte contre la pauvreté coûte cher aux classes moyennes. Un résultat qui rejoint celui de la récente étude du Crédoc, montrant qu'"en 2014, le soutien à l'Etat providence vacille" (voir notre article ci-contre du 2 octobre 2014).
L'étude comporte toutefois un point positif. Après l'administration du questionnaire, les enquêteurs ont en effet soumis aux répondants un bref argumentaire expliquant la réalité des situations. Il en ressort qu'en moyenne - avec de fortes variations selon les questions -, un tiers des sondés disent avoir été convaincus par ces arguments et se déclarent prêts à changer d'avis. Pour ATD Quart Monde, "ces résultats mettent en relief le potentiel des médias dans la déconstruction des préjugés".