L’exclusion sociale vue par les enfants : l’Unicef a publié les résultats de sa consultation
Une enquête menée par l'Unicef auprès de 22.000 enfants caractérise les privations vécues, la "protection" dont ils peuvent bénéficier et le "rejet social" parfois ressenti. Des propositions sont formulées en termes de lutte contre l'exclusion sociale des enfants.
Près de 22.000 enfants et adolescents ont répondu à la consultation nationale des 6-18 ans de l’Unicef France, qui en a dévoilé les résultats le 19 novembre 2024. "Déployée sur le territoire français dans plus de 1.800 villes, notamment dans des écoles ou centres de loisirs", dans l’hexagone et outre-mer, cette enquête "a été permise grâce à l’engagement de 279 partenaires (…) dont 151 Villes amies des enfants", indique l’Unicef France, qui réalise cet exercice tous les deux ans depuis 2013. "Sans avoir vocation à remplacer les statistiques publiques, une consultation de cette envergure permet aux enfants et aux adolescents de s’exprimer et de prendre part aux décisions qui les concernent", est-il expliqué.
L’objectif est notamment de caractériser "l’ampleur des privations" que connaissent certains enfants : privations matérielles (logement petit, manque de vêtements en bon état ou de jeux) pour 16% des répondants, "privations dans l’accès aux savoirs" (accès à des livres, à un endroit adapté pour faire les devoirs, à Internet…) pour 25%, privations dans l’alimentation (23%), dans la sociabilité, dans l’accès à une activité sportive en dehors de l’école (44%) ou encore à une activité culturelle (67%). "Le caractère cumulatif de ces privations augmente le sentiment de dévalorisation, voire de mise à l’écart", commente l’Unicef.
Des questions portaient également sur la "protection" sur laquelle les enfants peuvent – ou non – compter, 30% des enfants interrogés indiquant par exemple avoir déjà subi des violences physiques de la part d’autres enfants et 13% de la part d’adultes.
La troisième dimension étudiée est celle du "rejet social", dont 11% des 6-18 ans interrogés déclarent avoir déjà fait l’expérience. "Les enfants et adolescents en déficit de protection [ont] 9,4 fois plus de risque" de connaître le rejet social, estime l’Unicef, qui ajoute que ces trois dimensions – privations, déficit de protection et rejet social – "sont les trois dimensions structurelles, à la fois distinctes et complémentaires, de l’exclusion des enfants et adolescents".
L’Unicef formule des propositions, appelant à "faire de la lutte contre l’exclusion sociale des enfants une priorité gouvernementale en adoptant une approche multidimensionnelle" et à "faire du respect des droits de l’enfant la boussole de l’action publique destinée aux enfants (en particulier pour les plus vulnérables d’entre eux)". Des propositions concernent spécifiquement l’accompagnement des familles monoparentales et le soutien des enfants grandissant en quartier prioritaire.
Huit préconisations portent en particulier sur la protection de l’enfance, l’Unicef demandant plus de moyens pour la prévention des maltraitances intrafamiliales, pour le Snated (service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger) ou encore pour la justice des mineurs.