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Environnement - L'extraction de granulats, matière à polémiques

Presque rien ne se construit sans granulat. Mais les protestations que suscite le projet d'extraction dans le Morbihan de sables marins par le cimentier Lafarge rappellent le poids des collectivités et associations locales dans ce type de dossier. A 5 km des côtes, une zone comprise entre la presqu'île de Gâvre et celle de Quiberon a été allouée à Lafarge par le ministère de l'Industrie en vue d'étudier la faisabilité du projet d'extraction de 600.000 tonnes de sable par an pendant trente ans. Mais c'était sans compter la levée de boucliers du collectif "Le Peuple des dunes" constitué de 150 associations locales et d'élus fâchés de ne pas avoir été consultés sur le sujet. Ils s'opposent au projet car la zone est un poumon de biodiversité marine et que l'extraction risque d'accentuer le phénomène de dégraissement des plages.

Quelle que soit leur origine, les granulats d'un site ne peuvent être extraits sans l'aval des services de l'Etat (Drire, Diren, DDE), des collectivités et associations concernées. Une loi de 1993 les contraint d'élaborer un schéma départemental des carrières (SDC) fixant les conditions d'implantation et les objectifs de protection et de remise en état du site. Ces schémas doivent bien s'articuler avec les Schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux. Par ailleurs, chaque projet est soumis à une enquête publique et à l'autorisation préfectorale. En Ile-de-France par exemple, un tel schéma intègre le schéma directeur de la région (Sdrif) et implique les élus, les associations, les producteurs et consommateurs de matériaux de carrières. Cette région étant déficitaire en quantité de granulats (la production régionale ne couvre que la moitié des besoins), il y est préconisé de suivre de près l'évolution de la consommation par le biais d'observatoires dédiés.

Pourquoi tant de précautions ? Car l'exploitation de carrières a causé des dégâts aux écosystèmes tandis que la demande de granulats ne cesse de croître. C'est le cas dans le Morbihan où la consommation de 10 tonnes/habitant/an dépasse la moyenne française. Selon le SDC du Morbihan, "le marché local manquera de 1,1 million de tonnes de sable". "Les granulats terrestres se raréfient en Bretagne alors même que le fort développement économique de la région entraîne une hausse de la demande. Les sablières qu'exploite Lafarge en Bretagne seront fermées d'ici 5 à 7 ans. Pour continuer d'approvisionner ce marché, il faut recourir aux granulats marins dont les SDC recommandent l'usage et qui sont massivement utilisés par nos voisins européens", précise le site créé par Lafarge pour couvrir ce projet de recherche.

Dans le Val-de-Loire, l'extraction de granulats a contribué à abaisser le niveau, à polluer la nappe alluviale et à augmenter le risque d'inondation. Dans le cadre du plan Loire Nature, des carrières et des gravières comme l'Ecopôle du Forez ont été depuis réhabilitées. Ailleurs, les exploitants Lafarge ou GSM Granulats en ont aussi réhabilité plusieurs. Cela ne suffit pas. En région Centre, on s'efforce de réduire la production de granulats alluvionnaires bien en amont, par le biais de protocoles engagés entre les autorités locales et les producteurs. Dans le Morbihan et d'autres départements producteurs, il incombe aux élus d'engager de telles démarches et de trouver des solutions avec les industriels afin de préparer plus sereinement l'avenir, en misant par exemple sur des alternatives comme le recyclage.

 

Morgan Boëdec / Victoires éditions

 

 

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