L'île de Sein, un joyau qu'il faut sertir

A 4,5 milles nautiques de la pointe du Raz, à l'extrême ouest de la Bretagne, Sein est un monde à part. Une île minuscule qui ambitionne de devenir une vitrine du développement durable.

Sein à une forme curieuse qui évoque les ailes d'un papillon. L'île est absolument plate, protégée par des plages de galets et, autour du port, par de fortes digues. On s'y déplace à pied, les distances sont trop courtes pour nécessiter l'usage d'une voiture : 1,8 km de long, 500 m dans sa plus grande largeur, c'est l'une des plus petites du groupe d'îles, à l'ouest de la France, qui constituent le pays des Iles du Ponant. Deux cents personnes y vivent l'hiver, mille cinq cents l'été.

 

Un écosystème fragile

Ainsi lovée au ras des flots, l'île de Sein est particulièrement fragile. Sans arrêt, la mer l'attaque, arrachant les galets, mordant sur la lande. Lors de la dernière tempête, en mars 2008, l'eau s'est engouffrée partout, recouvrant l'île complètement. Cette vulnérabilité pousse les Sénans à l'action.
En 2003, le conseil régional de Bretagne, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et EDF ont lancé sur l'île une première campagne pour économiser l'énergie. Ils ont trouvé une population très réactive. Jean-Pierre Kerloc'h, maire de Sein, explique cela par la spécificité de l'île : "Pour les habitants de Sein, l'élévation du niveau des océans provoqué par le réchauffement climatique est une réalité très concrète contre laquelle il est urgent d'agir. C'est une question de survie. La première campagne de sensibilisation a permis de réduire de 15% notre consommation d'énergie et ce n'est qu'un début."
En quelques années, grâce aux aides du conseil régional, de l'Ademe et d'EDF, les Sénans se sont équipés d'économiseurs d'eau, de réfrigérateurs et de congélateurs performants, ils ont installé des ampoules électriques basse consommation et ont obtenu des résultats significatifs. La deuxième phase consiste à faire le bilan thermique des habitations et à créer une centrale photovoltaïque. Serge Coatmeur, premier adjoint au maire, dresse un état des lieux précis : "Les Sénans doivent produire leur électricité, dessaler l'eau de mer et la rendre potable. Au nord de l'île, au pied du phare de Sein, trois groupes électrogènes produisent l'énergie nécessaire mais cela nous coûte 400.000 litres de fioul par an. En isolant mieux les bâtiments et en produisant de l'électricité solaire, nous pouvons réduire considérablement notre consommation de pétrole et présenter un bilan carbone neutre."

 

Une culture de la sobriété

Les Sénans ont l'habitude d'être économes. L'eau, pour ne prendre que cet exemple, est une denrée rare. Chaque maison est équipée d'une citerne qui recueille l'eau de pluie et qui durant les mois d'hiver, suffit presque aux besoins quotidiens. Il ne viendrait pas à l'idée des îliens d'arroser les jardins ou de laisser couler un robinet inutilement. Chacun sait que Sein à le "privilège" d'avoir l'eau la plus chère de France. Une contrainte qui bannit le gaspillage. La consommation moyenne d'un habitant de l'île est de 50 litres par jour alors qu'elle est de 137 litres sur le continent.
Cette tradition de sobriété fait des Sénans les ambassadeurs naturels du développement durable. Auprès des 100.000 touristes qui visitent l'île chaque année mais également au-delà. "Notre force, précise Jean-Pierre Kerloc'h, est d'avoir une approche collective. Demain, lorsque nous réaliserons notre champ photovoltaïque, ce sera sous forme d'une coopérative et tous les Sénans pourront en être sociétaires. Ces panneaux seront notre propriété collective. Pour relever le défi du réchauffement climatique, il faut s'y attaquer tous ensemble. Bien sûr, nous devons être aidés. Lorsque les responsables politiques viennent sur l'île de Sein, ils disent tous 'Quel joyau !' mais un joyau doit être serti, sinon il part en morceaux."

 

Luc Blanchard, pour la rubrique Expériences des sites de Mairie-conseils et Localtis

Mairie de Sein

Le Phare
29990 Ile de Sein

Serge Coatmeur

Premier adjoint au maire

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