A Lille, un plan Lumière exemplaire

Référence européenne en matière d'éclairage public, le plan Lumière de la ville de Lille s'est concrétisé à travers un appel d'offres lancé en 2004 pour renouveler le marché d'éclairage public. D'ici à 2012, ce plan prévoit d'introduire 30% d'énergies renouvelables et de faire près de 50% d'économies d'énergie.

Lorsqu'elle adopte son Agenda 21, en 2000, la ville de Lille a conscience que l'éclairage public est un des postes importants de dépenses. Il représente, en moyenne, 47% de la consommation d'électricité d'une commune. A Lille (225.000 habitants), le budget annuel consacré à l'éclairage est de 4,4 millions d'euros ! Par ailleurs, dans une ville durable, la lumière est un élément important de la qualité de vie, à condition de préférer la qualité à la quantité.
L'appel d'offres pour renouveler le marché d'éclairage public est lancé en 2004. A cette époque, la ville ne sait pas encore quelles sont les économies envisageables. Elle se concentre sur un cahier des charges très exigeant en matière de consommation d'énergie, de développement des énergies renouvelables, de suppression de la pollution lumineuse, de réduction des déchets, d'amélioration de la maintenance... Elle va jusqu'à intégrer la solidarité Nord-Sud en prévoyant des aides concrètes destinées à Saint-Louis du Sénégal, avec laquelle Lille est jumelée.
Danielle Poliautre, adjointe au maire déléguée à la qualité de la vie et au développement durable, insiste sur la notion "d'enveloppe globale" qui servit de base à la rédaction de l'appel d'offres. "Un marché d'éclairage public, explique-t-elle, comprend trois grands postes : l'investissement, la maintenance et les flux. Nous voulions faire des économies sur la maintenance et les flux pour pouvoir renforcer l'investissement. Il s'agissait, en fait, d'amorcer un cercle vertueux. Pour prendre un exemple, les économies réalisées sur la consommation d'électricité permettent d'acquérir des ampoules basse consommation à longue durée de vie qui, à leur tour, vont générer des économies. L'enveloppe globale ne change pas, c'est la répartition des dépenses qui change."

 

Quand qualité rime avec sobriété

La société ETDE remporta l'appel d'offres et s'engagea, sur un marché de huit ans, aux côtés de la commune. Dès la première année, la suppression d'un millier de "lampes boules", qui éclairent autant le ciel que la terre, permit d'économiser 28% d'énergie. Ces globes, très en vogue dans les années 80, sont extrêmement énergivores et nuisent à l'environnement. Ils contribuent fortement à l'effet de halo qui empêche de voir les étoiles en ville. On sait aujourd'hui que trop de lumière perturbe l'écosystème et n'est pas sans conséquences sur la santé. Dans le même ordre d'idées, les ampoules de 350W furent remplacées par des 150 W. L'ambiance lumineuse est moins agressive, la qualité remplace la quantité.
Chaque année, à la Sainte-Lucie (dont le nom est dérivé du latin lux, qui signifie lumière...), un bilan est effectué en présence de la presse et des représentants de tous les quartiers. Ces réunions permettent d'impulser une nouvelle culture de la lumière, de démontrer qu'il est possible d'éclairer mieux, tout en économisant l'énergie. La municipalité, en associant ainsi sobriété et qualité, espère un effet d'entraînement sur les comportements individuels.

 

Eclairer juste

Fort des bons résultats obtenus, la ville et la société ETDE ont renégocié les objectifs de départ. La part des énergies renouvelables qui avait été fixée à 25%, en 2004, a été portée à 30%. Quant aux économies d'énergie réalisées sur les huit années du contrat, Danielle Poliautre pense qu'il y a encore des marges de progrès et qu'elles pourraient être portées de 42% à 50%.
Au-delà des chiffres bruts, il est intéressant de constater que la ville de Lille s'engage maintenant dans des opérations de modulation de l'éclairage public. Réalisant, par exemple, qu'un square n'a pas besoin d'être éclairé toute la nuit, l'implantation de lampadaires solaires est en phase de test. De la même façon, durant les illuminations de Noël, la quantité d'éclairage public sera revue à la baisse. Enfin, un travail à été initié avec les commerçants sur les enseignes et l'éclairage des vitrines. Là encore, il s'agit d'ajuster les besoins, de faire comprendre que l'abondance ne fait pas la qualité.
Cette démarche d'ensemble pourrait être résumée en deux mots : éclairer juste. La Communauté européenne ne s'y est pas trompée puisqu'elle a retenu Lille parmi les cinq marchés responsables qu'elle donne en exemple.

 

Luc Blanchard, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Mairie de Lille

Hôtel de ville -BP 667
59033 Lille cedex

Danielle Poliautre

Adjointe au maire déléguée à la qualité de la vie et au développement durable

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