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Logement - L'Insee et la Dreal enquêtent sur les mystères du marché du logement en Bretagne

La démographie est en hausse, le nombre de logements vides aussi, tandis que la construction de logements neufs est au ralenti : la Bretagne est aussi une terre de mystères pour son marché du logement. L'Insee et la Dreal ont tenté de résoudre l'énigme.

Alors que la Bretagne est une des régions françaises les plus attractives sur le plan démographique, avec une croissance annuelle de 0,7% depuis 2007, la construction de logements y a fortement baissé ces dernières années tandis que le nombre de logements vacants augmente. Telle est la contradiction relevée par l'Insee et la Dreal, dans une étude publiée début mars 2016.
Le nombre de permis de construire accordés pour un logement est en effet passé dans cette région de 44.000 en 2006 à 19.000 en 2015. Ce recul de la production neuve s'observe "dans la grande majorité du territoire breton", mais à l'exception des aires urbaines.
Bien sûr, comme partout en France, la construction neuve a pâti de la conjoncture économique, qui "a provoqué un report des décisions d'achat immobilier pour de nombreux ménages". Mais il y a aussi des causes plus territoriales.

Une volonté politique de limiter l'étalement urbain

L'Insee et la Dreal soulèvent ainsi "la question de l'adéquation entre besoins de logements des nouveaux arrivants et offre de logements en volume", constatant que les nouveaux arrivants occupent finalement "peu" les logements récents.
Laurence Fortin, chargée de l'aménagement du territoire au conseil régional, met également en avant la "volonté" des pouvoirs publics locaux "de concevoir une gestion plus optimale de l'espace en limitant l'étalement urbain, en repensant l'habitat dans les centres bourgs et les centres-ville". En matière de construction neuve, l'étude souligne en effet la hausse du taux de logements collectifs autorisés dans la région, en particulier dans l'aire urbaine de Rennes (+7 points entre 2012 et 2015 pour atteindre 62% des permis de construire délivrés), sous l'effet de "politiques publiques favorisant la sobriété foncière".

Près d'un tiers de logements vacants supplémentaires en 5 ans

Parallèlement, le nombre de logements vacants est passé de 99.000 en 2007 à 131.000 en 2012,, essentiellement sous l'effet de réaffectations d'usages (beaucoup de résidences autrefois secondaires qui entrent sur le marché du logement "classique" sont vacantes). Ce phénomène est beaucoup plus élevé dans les logements anciens "situés souvent dans le centre historique des villes ou dans le bourg des communes rurales" : 12% des logements construits en Bretagne avant 1946 sont inhabités (contre un taux de vacance moyen de 7,2%).
"De nombreux professionnels s'accordent à dire que l'enjeu de demain réside désormais dans la rénovation des logements", appuie Laurence Fortin. C'est notamment en ce sens que le conseil régional a lancé, en mai 2015, avec l'Ademe et l'Etat, un appel à projets pour constituer des plateformes locales de rénovation de l'habitat. L'objectif : accompagner les particuliers occupants, quels que soient leurs niveaux de revenus, et les bailleurs à engager des travaux de rénovation. Une démarche qui ne pousserait pas à un regain de la construction en Bretagne, mais resterait fidèle au principe de "sobriété foncière". Les derniers chiffres de la construction tendraient pourtant à montrer que la Bretagne est en train de changer de braquet (voir notre article du 29 mars 2016) : sur les 12 derniers mois, les logements autorisés ont augmenté de 21,5% et les logements effectivement commencés de 8,1%.