Logement : la Commission des affaires économiques de l’Assemblée poursuit ses auditions
Après avoir entendu le 1er octobre dernier la présidente de l’Union sociale pour l’habitat, Emmanuelle Cosse, la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale et sa nouvelle présidente Aurélie Trouvé (LFI) ont poursuivi leurs auditions mercredi 9 octobre avec les dirigeants d’Action logement groupe ainsi que la présidente du directoire de CDC Habitat, avec l’ambition d’ébaucher des perspectives pour le secteur du logement en France.

© Capture vidéo Assemblée nationale/Anne-Sophie Grave
En l’absence du président d’Action logement groupe, Bruno Arcadipane, c’est son vice-président Philippe Lengrand et sa directrice générale, Nadia Bouyer, qui ont répondu aux questions des députés mercredi 9 octobre. Une audition qui poursuit les travaux engagés par la Commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale dont la présidente fraichement élue, Aurélie Trouvé, dresse comme beaucoup d'autres le constat que "les Français peinent à se loger et que le secteur immobilier connait depuis deux ans une situation très difficile". La députée rappelle que les mises en production de logements neufs ont chuté de 42% sur un an au 1er semestre et qu’en parallèle, les demandes de logements sociaux ont littéralement explosé (2,7 millions, dont 1,8 million émanant de ménages n’ayant jamais vécu en HLM).
Une crise sociale et sociétale
Des constats que partage le vice-président d’Action logement : "nous vivons une crise particulièrement forte dans le logement, qui s’est aggravée ces dernières années" et à propos de laquelle, rappelle-t-il, "l’ensemble des partenaires sociaux ont alerté les pouvoirs publics". "C’est la crise la plus forte depuis 50 ans en matière de logement", une crise qui se caractérise par "des logements trop chers, trop rares, trop énergivores" et souvent trop éloignés des lieux de travail des salariés qu’Action logement accompagne. Au-delà de la crise du logement en elle-même, Philippe Lengrand observe globalement "une crise sociale et sociétale" qui crée d’autres fractures : "aujourd’hui, les jeunes salariés trouvent du boulot mais pas de logement et c’est une nouvelle donnée préoccupante". Un phénomène qui dépasse d’ailleurs les zones tendues telles que l’Ile-de-France pour s’attaquer à l’ensemble des métropoles.
Dans ce contexte chaotique, "les partenaires sociaux ont été au rendez-vous", se défend le syndicaliste, "avec les moyens dont nous disposons" et l’ambition renouvelée "de loger le plus de travailleurs possible et notamment les travailleurs en première ligne et les plus modestes". Aujourd’hui, Action logement confirme l’objectif de produire 40.000 logements par an et Philippe Lengrand précise qu’en 2023, 115.000 ménages salariés ont été logés, soit une progression de 10% sur un an. Sur le sujet de la rénovation du parc, il confirme également la volonté du groupe "de répondre à la question de la transition écologique" car, justifie-t-il, "un appartement rénové, ce sont des charges en moins pour les locataires". 40.000 logements du parc font l’objet d’une rénovation chaque année. Enfin, le vice-président d’Action logement rappelle que le groupe accompagne chaque année quelque 750.000 salariés "avec en point d’orgue, le dispositif de la garantie Visale qui joue le rôle d’une caution familiale pour sécuriser les bailleurs". Dans ce contexte de crise, Philippe Lengrand plaide enfin pour une stabilité des dispositifs "et pour que l’on s’appuie sur ce qui marche".
Suivre la piste de la transformation des bureaux en logements
Interrogée à son tour par la commission des Affaires économiques, Anne-Sophie Grave, présidente du directoire de CDC Habitat, plaide globalement pour toute mesure de simplification permettant d’accélérer les procédures : "c’est ce qu’on a fait avec le Village des athlètes" à Saint-Denis, grâce à un dispositif qui devrait, selon elle, être étendu à "toutes les zones en tension". Elle se dit également convaincue qu’"une partie de la production de logements neufs se fera par reconversion de l’existant" et que dans ces conditions, l’Assemblée nationale serait bien inspirée d’examiner la proposition de loi déposée avant la dissolution par l’ancien député Modem Romain Daubié qui visait à favoriser ce type d’opérations. Sujet partagé avec Action logement dont la directrice générale, Nadia Bouyer, avait rappelé quelques heures plus tôt que la question du coût moyen de la transformation de bureaux en logements, qui atteint 2.600 euros/m² en moyenne, reste cependant "bien au-delà du coût de la construction sur un terrain viabilisé" et que, chaque projet étant unique, "il est difficile de faire émerger une filière" et de viser des objectifs de massification. Action logement pilote aujourd’hui une cinquantaine de projets de ce type.