Logement : un marché durablement orienté à la baisse

Les Notaires de France ont présenté le 11 décembre leur bilan immobilier de l'année 2023 marqué par une baisse continue des ventes dans l'ancien depuis l'été 2022, suivie par une diminution des prix. Deux tendances qui devraient se poursuivre en 2024.

La crise de l'immobilier est désormais bien installée, depuis que, parmi ses différentes causes, les taux d'intérêt ont enregistré une nette hausse, empêchant l'acquisition d'un bien pour de nombreux Français. "En 2023, le marché a été précipité dans un changement d'ère qui devrait se poursuivre en 2024", a relevé le 11 décembre Edouard Grimond, porte-parole du bureau du Conseil supérieur du notariat, en préambule de la présentation des chiffres de l'année.

Fin septembre 2023, 928.000 transactions dans l'ancien avaient été enregistrées sur les 12 derniers mois, soit une baisse de 18% en un an, dans la lignée de la baisse amorcée à la mi-2022. "On devrait arriver cette année à un niveau de 850.000 à 880.000 ventes, soit un niveau proche de 2016", a signalé Edouard Grimond. Cette chute s'est manifestée différemment selon les territoires : l'Ile-de-France, l'Yonne, l'Oise, le Nord ou le Var ont été par exemple particulièrement touchés, tandis que d'autres départements ont mieux résisté. Si le mouvement devrait se poursuivre l'an prochain, le ralentissement de l'inflation et la stabilité des taux d'intérêt pourraient infléchir la réduction des volumes de ventes.

Des prix à la baisse surtout en Ile-de-France

"La baisse corrélative des prix aura mis un temps à se dessiner", a noté le porte-parole du bureau du Conseil supérieur du notariat. Très sensible en Ile-de-France, elle est moins marquée en province. Ainsi, un recul des prix de 5,4% était enregistré dans la région parisienne au troisième trimestre 2023 sur un an pour les maisons, tandis qu'il n'était que d'1% dans le reste du pays. Pour les appartements, l'indice rapporte même une certaine stabilité en province, contre - 5,3% en Ile-de-France. "Le marché, après avoir largement bénéficié aux vendeurs, s'est retourné", a observé Edouard Grimond. Les notaires anticipent une poursuite de la baisse en 2024, qui devrait devenir plus significative hors Paris.

Parmi les principales villes, les notaires indiquent que les prix médians au mètre carré des appartements anciens sont compris entre 1.210 euros à Saint-Étienne et 10.180 euros à Paris, qui devance les agglomérations de Lyon (4.920 euros), Nice (4.720 euros) et Bordeaux (4.590 euros). Sur dix ans, cinq villes affichent une évolution de prix supérieure à 40% : Strasbourg (+46%), Nantes (+48%), Lyon (+49%), Bordeaux (+58%) et Rennes (+59%).

Pour les maisons, l'agglomération de Nice domine le classement avec un prix médian de 597.700 euros, en léger retrait, tandis que Toulon (469.500 euros) et Montpellier (428.000 euros) restaient en hausse, respectivement de 4,3 et 3,4%. Sur dix ans, les augmentations sont également significatives à Lyon (+43%), Montpellier (+43%), Rennes (+45%), Nantes (+47%) et Bordeaux (+50%).

Hausse des ventes des "passoires énergétiques"

Le Conseil supérieur du notariat signale par ailleurs que depuis le 2e trimestre 2021, avec la réforme du diagnostic de performance énergétique et la perspective de ne plus pouvoir louer les "passoires énergétiques", les ventes de logements étiquetés F et G sont passées de 11 à 18% fin 2022 et restaient de 15% au 3e trimestre 2023. "Les Français se débarrassent de leur passoire énergétique plutôt que de réaliser des travaux", a considéré Edouard Grimond. Une moindre performance énergétique qui constitue un levier pour négocier les prix surtout pour les maisons et moins pour les appartements, en fonction toutefois de la localisation et de la tension sur le marché.

 

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