L'opération "Je réduis mes déchets" à Fougères

A Fougères, en Ille-et-Vilaine, trente-trois familles ont testé pendant plus d'un an des gestes "anti-déchets". Lancée par l'association Passiflore, cette campagne de prévention a abouti à des résultats spectaculaires : division par cinq à six des quantités de déchets résiduels en une année pour les foyers concernés. Démonstration faite de l'efficacité de la réduction à la source.

En 40 ans, la production des déchets ménagers en France a été multipliée par deux pour atteindre une moyenne de 360 kilos par an et par personne. Si depuis la loi du 13 juillet 1992, la prévention est déclarée prioritaire, l'urgent a longtemps était la mise en conformité et l'adaptation des collectes et des traitements. La rationalisation de ces actions se trouve limitée par le flux croissant des déchets, les contraintes financières et les problèmes environnementaux. Il est devenu crucial d'aller au-delà de la promotion du tri ou du recyclage en développant les mesures de prévention du côté des producteurs, mais aussi avec les consommateurs.

Depuis quelques années, des actions locales de prévention des déchets émergent en France.

La Passiflore, association locale de protection de l'environnement à  Fougères (Ille-et-Vilaine) a rassemblé trente-trois familles prêtes à adopter des gestes "anti-déchets". L'opération visait quatre objectifs : contribuer au développement d'une démarche de prévention sur le territoire, obtenir des données chiffrées, fiables sur un an, susciter la réflexion des usagers et des acteurs locaux et montrer qu'il est possible pour l'usager de contribuer largement à la maîtrise du volume de ses déchets. L'expérience a été menée sur toute l'année 2005 en partenariat avec l'Ademe et le syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères (Sictom) du Pays de Fougères.

Miser sur des gestes simples de prévention

Les familles volontaires se sont engagées à appliquer quotidiennement une trentaine de gestes simples parmi une liste de 70 propositions élaborées collectivement avant le lancement du test : faire du compost, stopper la publicité dans les boîtes aux lettres grâce à l'autocollant "Stop Pub", boire l'eau du robinet, éviter les produits à usage unique, privilégier les cadeaux immatériels et présents sur place (spectacles, restaurant du coin)... L'objectif étant d'observer les conséquences de tels choix sur la quantité et la nature des déchets produits.

Une méthode rigoureuse respectée dans la durée grâce à une motivation sans faille

Afin d'obtenir les données les plus fiables possibles, chaque famille a reçu  une liste d'outils à sa disposition : un composteur, un peson, des supports de communication (autocollants...), des fiches de relevés qui indiquaient d'emblée la taille de la famille, le nombre de repas pris et la catégorie de déchets : résiduels, déchets de cuisine compostés, déchetterie, déchets triés ou recyclés.
Au démarrage de l'opération chaque famille a pesé le volume de déchets produits. Ensuite, pendant un an, tous les déchets qui étaient stockés, étaient pesés par catégorie au minimum une fois par mois. L'engagement était de reporter ces données sur la feuille de relevé. 
La Passiflore a eu un rôle déterminant de motivation tout au long du test. Comme l'explique Gael Virlouvet, président de l'association, "il était indispensable qu'un nombre significatif de familles nous suivent sur un an ; ainsi, nous avons multiplié les actions de valorisation de leurs actions par des expositions grand public, une lettre de suivi mensuelle envoyée au domicile, des temps de convivialité. C'est ce soutien qui a permis que vingt-trois familles test restent jusqu'au bout de l'expérience".

Des résultats éloquents : jusqu'à six fois moins d'ordures résiduelles

Les familles ont produit jusqu'à six fois moins d'ordures ménagères résiduelles que les autres foyers du Pays de Fougères (une moyenne de 44 kg/habitant/an au lieu de 250). Elles n'ont pas produit beaucoup plus de déchets recyclables (68 kg contre 64 kg). Par contre, les résultats sont plus mitigés sur la catégorie déchetterie. La Passiflore souhaiterait analyser cette catégorie sur une durée plus longue, l'échantillon étant biaisé par un habitant qui a refait sa maison et donc augmenté le volume moyen par les gravats embarqués.
Si les résultats sont spectaculaires, il faut se garder de généraliser, tous les usagers ne sont pas au même stade dans la prise de conscience du problème des déchets, tous les usagers n'ont pas les moyens de mettre en oeuvre les actions proposées. Il reste donc aux collectivités associées aux acteurs du territoire de promouvoir la prévention au quotidien dans le cadre d'une politique nationale ambitieuse basée sur un partenariat avec les industriels et distributeurs. Le budget de cette opération, 3.000 euros couverts par l'Ademe et le  Sictom, a servi à financer les pesons, les composteurs et la lettre de suivi. Mais l'essentiel s'est appuyé sur un engagement militant et citoyen soutenu par les moyens techniques, humains et logistiques du Sictom : à elle seule, la Passiflore estime avoir passé plus de huit cents heures à piloter l'opération.

Des actions de prévention sur l'ensemble du territoire

Le Sictom espère bien pouvoir développer des actions de préventions en partenariat avec tous les acteurs (associations environnementales, sociales et d'insertion, d'éducation à l'environnement, les autres collectivités, la chambre de commerce, des métiers...). Le développement du compostage est acquis mais "nous comptons beaucoup sur un travail en réseau. Nous pensons qu'il peut avoir un effet de démultiplication des messages et permet une synergie que l'on peut inscrire dans la durée". Dans cet objectif, le Sictom va mettre en place une commission Prévention des déchets.

Nathalie Parent

Sictom du Pays de Fougères

Nombre d'habitants :

68309

Nombre de communes :

51
Parc de l'Aumaillerie
35133 La Selle-en-Luitré
sictom@sictom-fougeres.fr

Yves Le Roux

Vice-président

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